Il n’y a rien de plus intime, de plus chargé qu’un silence partagé.
Quand on n'a pas les moyens de prendre le dessus sur ceux qui vous dictent votre conduite, on se réfugie dans l'indifférence.
Je n'avais aucun appétit pour la guerre, a continué Aaro en écartant théâtralement les bras. Ni pour celle ci ni pour aucune autre. Je ne voulais pas être soldat. J'avais besoin d'argent, mais ce que j'espérais vraiment, c'était autre chose. Je voulais voir les torrents dévaler les montagnes. Chasser le cerf à courre dans des forêts de hêtres. Tu peux rire, mais voilà comme j'étais puéril. Je n'imaginais pas les chevaux gelés, les jambes amputées, le froid, la souffrance.
-Alors ? C'était comment ?
La femme s'assied, ramène ses jupes sur ses jambes nues, remet de l'ordre dans sa coiffure tout en prenant bien garde de s'essuyer les yeux.
-Un coup de bite est un coup de bite, dit elle d'un ton neutre.
Quelques gouttes éclaboussent le tapis. Il cherche en vain dans sa poche un mouchoir pour essuyer la tâche, puis renonce.
Qu'elle y reste. J'aurai au moins laissé une trace de ma présence ici !