AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de hellrick


Finaliste du Prix Nebula et lauréat du Sturgeon dans la catégorie « roman court », LE SULTAN DES NUAGES s'intéresse, en une centaine de pages, à la colonisation de la réputée infernale et invivable Vénus. Pour s'y établir les Hommes se sont installés dans des villes flottantes sous la domination de Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum, jeune homme (environ 12 ans en années terrestre) décidé à trouver une compagne (via le rituel de l'oeuf, du livre et de la pierre qui l'autorise à courtiser) et à accélérer la « terraformation » de la planète.
Ecrivain rare et peu publié chez nous, Geoffrey A. Landis a pourtant obtenu pas mal de prix pour ses nouvelles (Asimov, Hugo, Nebula, Locus, Analog,…). Son oeuvre traduite se résume a peu de chose mais on trouve deux de ses récits dans les vénérables anthologies « Asimov présente » publiées début des années '90 chez Pocket. le texte proposé ici rappelle d'ailleurs les textes de l'âge d'or de la science-fiction, lorsque Clarke imaginait des univers complexe ou qu'Asimov pensait les habitations futures des hommes réfugiés dans LES CAVERNES D'ACIER. Un parfum quelque peu rétro plane donc sur ce court roman.
En effet, LE SULTAN DES NUAGES constitue une plaisante novella qui fonctionne davantage sur les idées que sur les péripéties ou sur l'action : l'auteur prend le temps de nous décrire les curieuses villes volantes vénusiennes et s'attarde longuement sur la pratique du mariage, divisé en « haut mariage » et « bas mariage ». En résumé, un jeune homme épouse une femme plus âgée qui va « l'initier » puis, une fois vieux, il prendra à son tour une jeune épouse pour perpétuer les traditions à la manière d'une « tresse ». L'intrigue mélange donc un côté « hard science » dans ses idées (sans que l'on soit englouti de considérations techniques), quelques touches cyberpunk (pour la prise de pouvoir des mégacorporations et les détails scientifiques), d'anticipation philosophique (au sens large puisque le héros se voit confronté à des modes de vie étrangers et, comme l'aurait dit Farmer, à des « rapports étranges » entre les sexes) et de « sense of wonder » (par cet environnement complètement hostile et pourtant fascinant). Cependant, le tout reste léger : on sent que la ligne narrative constitue un simple prétexte à approcher un environnement et des modes de vie profondément différents. On peut d'ailleurs s'étonner de la réaction du héros qui, confronté aux « mariages tressés » a une réaction bien peu scientifique en les assimilant immédiatement à de la perversion sexuelle, pour ne pas dire à de la pédophilie institutionnalisée. Il est d'ailleurs surprenant qu'il n'ait pas une connaissance, même sommaire, de cette coutume avant de se rendre sur Venus. Passons sur cette facilité narrative qui permet au lecteur de la découvrir en même temps que le principal protagoniste.
Solide et agréable, LE SULTAN DES NUAGES rappelle quelque peu (aussi étonnant que cela puisse paraitre) le dessinateur François Schuiten : l'intrigue proprement dite reste anecdotique et sert simplement de fil conducteur à une exploration très précise des particularités architecturales (et dans une moindre mesure sociétales) d'un univers étonnant. le grand plan de l'antagoniste se montre d'ailleurs quelque peu survolé et la conclusion, expédiée en deux pages, démontre si besoin que l'important était ailleurs.
Malgré ces bémols, LE SULTAN DES NUAGES demeure une novella agréable et globalement réussie qui permet de passer une ou deux heures d'évasion pour un divertissement intelligent et dans l'ensemble convaincant. Un bon moment si on accepte de fermer les yeux sur les quelques défauts du récit.

Lien : http://hellrick.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}