Citations sur La Voie Mystique de l'Angoisse (34)
En effet, la venue de l'angoisse est le passage douloureux et resserré d'un état à un autre, celui de la mort à la Resurrection. L'angoisse est liée à l'agonie de l'âme qui entre en deuil sur tout ce qui en elle est mort et doit désormais se détacher d'elle, afin qu'elle puisse ressusciter sa véritable hypostase.
Dans l’Enfer, il n’y a plus aucune négation de Dieu. Il y a le refus de Dieu dans l’évidence de Lui par la perception insupportable de Son absence même, absence qui est une forme détournée de Sa présence. Cette situation antinomique est l’une des tragédies de l’Hadès. Elle est souvent ressentie, pour ceux qui l’éprouvent sans trop savoir à quoi elle est due, dans certaines formes d’angoisse métaphysique de nos contemporains. »
Déchiffrer le programme que Dieu a inscrit en nous, c’est accepter cette nouvelle naissance, ce silence sur soi, à l’opposé de toutes les affirmations du monde qui prônent justement une connaissance de soi, mais utilisent bien entendu les critères idéologiques et philosophiques de ce monde.
La diade « âme et corps » concerne seulement l’homme de la chute dépourvu d’Esprit. La triade Esprit-âme-corps manifeste l’empreinte trinitaire de Dieu sur l’homme, ainsi que ce souffle que Dieu met en lui et qui le marque de manière indélébile du sceau divin.
Dieu est pour l’homme un « tout autre » que lui-même et cependant, pour le croyant, l’ultime de son être lorsqu’Il Se découvre à lui.
Celui qui traverse cette expérience de l’angoisse est confronté à ce dilemme : l’état de ce qu’il voit, dans ce qu’il croyait autrefois être son « moi » profond, lui apparaît désormais à la fois intime et étranger. Il a comme une répulsion par rapport à des attitudes liées à des traumatismes du passé, qu’il sait très pertinemment n’être que des conséquences, des blessures, et non pas son être véritable.
L’âme dans l’angoisse a toujours l’impression d’une mort et d’une perte d’identité. Et cela est vrai : c’est une perte d’une identité, comme un vieux vêtement que l’on a porté longtemps, mais qui ne nous va plus, parce que l’on a grandi ou que l’on a changé.
Le chrétien n’est pas quelqu’un qui rejette extérieurement la société, c’est quelqu’un qui rejette le poids qu’elle a dans son âme, et seulement cela.
Ainsi, devenir stupide ou fou pour le monde est indispensable pour recevoir la sagesse de Dieu. Je ne sais pas encore si ceux qui lisent ces pages en comprennent toutes les conséquences.
Redisons-le, il n’y a pas d’existence sans épreuves ; mais nous pouvons transformer, transfigurer ces épreuves qui sont venues malgré nous en sacrement et en faire ce qu’elles sont déjà en elles-mêmes, une mort à nous même, mais pas une mort stérile qui serait une impasse. C’est en similitude avec la Vie du Christ, la Vie en Christ, une mort et une résurrection intérieure dans lesquelles s’opère la seconde naissance de notre nouvelle identité hypostatique.