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Citations sur La promesse (40)

J'ai longtemps pensé que mon père avait besoin d'une vision héroïque de ses parents pour supporter la honte de leur soumission et de leur mort. Pour la supporter intimement et socialement.
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Je ressentis le même dénuement, vingt-huit ans plus tard, quand je commençai à lire la correspondance de mes grands-parents. Depuis le dîner de mes treize ans chez Napoli, je savais qu'ils étaient juifs. Mais en déchiffrant leurs mots, j'y découvris leurs amours croisés. Il n'est évidemment pas question de morale. Je me fous pas mal de qui coucha avec qui. Mais les parents de mon père formèrent ce quatuor amoureux et je me rendis compte, en découvrant cela, que je l'avais toujours soupçonné. Dans mon adolescence, mon père, en parlant d'eux, les associait de manière inextricablement croisée. Kogan était doux et artiste, assez inadapté à la brutalité du monde, Madeleine était tendre. En miroir, Pierre était dur, et Frieda une femme colérique et vulgaire.
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Je pense à ce deuil que ni Pierre ni Madeleine ne réussirent à faire. A l'union qui fut la leur. A l'étrangeté de cette union. A sa beauté également. Ils ne partagèrent pas la même couche. Ne s'aimèrent jamais charnellement. Ils se vouvoyèrent toute leur vie, s'adressant l'un à l'autre avec cérémonie, maintenant une certaine distance entre eux. Ils se marièrent, tard, dans le milieu des années 50, par fidélité à leurs amants défunts, pour respecter la promesse qu'ils leur avaient faite avant leur mort, de protéger leur fils, de l'aimer et de le chérir comme s'il avait été le leur.
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Je pleurais sur sa solitude, son inévitable sentiment d'abandon. Sur ce constat déchirant que les enfants perdus font souvent, à leur tour, des enfants perdus.
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Cette honte lui collait à la peau. D'autant plus qu'au début des années 1950 on ne parlait pas des camps de la mort. Ceux qui en étaient revenus se heurtaient à une hostilité sourde de la part de leur entourage et de la société. L'heure était à la reconstruction. A l'émergence d'une France victorieuse, dont les nouveaux modèles s'appelaient Brossolette et Moulin, les deux héros encensés de la Résistance. Peu de monde voulait écouter les déportés revenus de Pologne et prendre la mesure de l’horreur de ce qu'ils avaient vécu là-bas. Ils dérangeaient, détonnaient dans ce tableau tout neuf. La plupart, sinon tous, mirent plusieurs décennies avant de réussir à en parler.
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Il lui a donné un nom et tous ses biens. Mais en lui interdisant son enfance. En lui refusant toute parole sur cette période. Il lui a sauvé la vie, mais au prix d’un silence assourdissant que mon père n’a pas su rompre avec nous, l’enfermant dans une solitude terrible.
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Mais les secrets sont ainsi faits que, lorsqu'on les croit bien protégés, ils se répandent insidieusement sur tous ceux qu'ils touchent.
Celui de mon père le rongeait. Comme il nous abîma, mon frère et moi. Par son silence, et celui qu'il nous imposa, il fit de nous, et dans une certaine mesure de ma mère, ses complices et ses héritiers.
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Mon père était souvent au centre de nos discussions, mais les Kogan l’étaient davantage encore. Il étaient notre point commun. Aucun de nous ne les avait connus. Et aucun de nous ne porterait leur nom. Nous portons tous les trois un nom que nous n’aurions pas dû porter. A chacun de nous il a légué ce leurre, ce double-fond dissimulé sous notre apparente histoire sociale.
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Que d'objets silencieux ont accompagné mon enfance.
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J'espère que la vie ne nous sera pas enlevée. Excuse-moi pour la souffrance que je te donne. N'oublie pas l'enfant.
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