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Critique de Zephirine


« C'est une fille » Ainsi débute le roman ainsi que la vie de ce bébé nommé Laurence Barraqué. le père, médecin, est déçu. Après Claude, une fille déjà, il espérait un garçon.
« Une fille, c'est bien aussi » lui dit-on.
Nous sommes en 1959 et, bien sûr, il n'y a pas encore l'échographie pour connaitre le sexe. Les rôles au sein de la famille sont bien définis : le père détient l'autorité et le savoir tandis que la mère au foyer obéit à ce modèle patriarcal qui copie celui de ses propres parents.
Laurence a tôt fait de comprendre que les filles, c'est moins bien que les garçons. de plus, quand on nait fille, on doit préserver sa virginité jusqu'au mariage et le père y veille, méfiez-vous des garçons car, dit-il, « chauffe un marron et tu le fais péter ». Donc, une fille doit se préserver et tant pis si elle se fait tripoter par le tonton, c'est elle la coupable et on ne doit plus en parler. de plus, une fille c'est lunatique, à cause de la lune et du cycle menstruel.
La petite Laurence va grandir avec ce regard qu'on porte aux filles en ce début des années 60. Elle va s'éveiller au désir sexuel et le fantasmer à sa façon.
Roman d'apprentissage donc, qui nous raconte comment grandit la fillette, comment elle va se libérer du joug paternel et construire son identité.
Á son tour elle connaitra la maternité et puis le deuil de son enfant.
Á travers son vécu, c'est toute une époque qui revit, avec la liberté sexuelle, le droit à l'avortement, l'indépendance des femmes.
Puis arrive un autre bébé : Alice. Comment élève-t-on une fille ? Les temps ont changé, enfin pas tant que ça. Une fille, ça doit se comporter comme une fille et ne pas chercher à remplacer le frère mort. Au final, comme le dit l'autrice par le truchement de Laurence « C'est merveilleux, une fille ! »

J'ai beaucoup apprécié ce roman de fiction ou d'autofiction, au style fluide. le personnage de Laurence est attachant, on entre vraiment dans son intimité. le père, par contre, est immonde, mais bien que caricatural, il rassemble sur sa personne tous les vices des hommes de cette époque et c'est intéressant d'un point de vue sociologique.
Á travers le destin de Laurence et des femmes de son entourage, Camille Laurens nous parle du sort des femmes à une époque pas si lointaine. C'est parfois touchant, ou drôle d'un humour narquois. Camille Laurens joue sur le sens des mots.
J'ai aimé l'originalité de l'écriture, on débute avec le « tu », on passe au « je », au « elle » pour revenir au « tu » dans un perpétuel jeu d'équilibre.
J'ai moins adhéré aux commentaires psychanalytiques dans la seconde partie, je les trouve superflus.

Avec son titre sobre, « Fille » est un roman fort écrit par une femme sur la place des filles dans notre société. Un beau roman d'apprentissage aux accents féministes à découvrir.




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