"On ne naît pas femme, on le devient" a écrit
Simone de Beauvoir.
Camille Laurens ne partage pas ce point de vue. On naît
fille et c'est la catastrophe. On est déterminée à le rester sans jamais pouvoir évoluer, sauf à devenir femme et c'est pas mieux, en portant tout le handicap de ne pas être un garçon.
Dans la première partie du roman, l'auteure s'adresse à la petite
fille qu'elle a peut-être été en utilisant le pronom tu. Ensuite, elle parle à la première personne. Enfin, la femme qu'elle est devenue est en capacité d'écrire sa propre histoire, passant ainsi de généralités à une histoire plus touchante, plus réelle, jalonnée de faits dramatiques, illustrant un vécu. Certes, cette femme est toujours inférieure à l'homme, l'héroïne est née à la fin des années 50. Ce décalage dans le temps permet de mesurer les étapes qu'il a fallu franchir, le chemin parcouru grâce à des femmes, et des hommes, exceptionnels pour que les femmes de notre époque n'aient plus à s'excuser d'être nées
filles.
Et quelle écriture ! Quel style ! chez
Camille Laurens. Un magnifique moment de littérature.
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