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Critique de Charybde2


43 passionnantes tentatives de réponse à la question : "À quoi sert l'histoire aujourd'hui ?"

Paru en septembre 2010 sous la direction d'Emmanuel Laurentin, ce petit ouvrage rassemble les réponses de 43 historiennes et historiens, intervenants réguliers de l'émission de France Culture "La fabrique de l'histoire", à la question éventuellement provocatrice : "À quoi sert l'histoire aujourd'hui ?"
Florilège de quelques-uns de ces textes :
Julien Vincent : "Les sciences morales, en d'autres termes, ça sert d'abord à faire la guerre ; pas la guerre des armes sur le champ de bataille, mais la guerre économique, sanitaire et idéologique. C'est à ce moment que l'utilité des sciences de l'homme, qui n'avait fait l'objet que d'expérimentations éparses, devient l'enjeu d'une lutte politique dont nous ne sommes pas sortis aujourd'hui."
Judith Lyon-Caen : "Comme l'ethnologue qui rêve ses voyages avant de les faire, et parfois tout en les faisant, l'historien rêve. Les archives, les traces laissées par les femmes et les hommes du passé (...) déclenchent un curieux travail de l'imagination, qui nourrit la construction savante autant qu'il la menace, si l'imagination prend le pouvoir. Mais cette tension toujours présente est aussi une source d'immense plaisir. Et c'est sur le plaisir de l'enquête historique que j'achèverai cet exercice."
Jean-Noël Jeanneney : "L'histoire sait aussi que sans elle les enfants flottent à la surface d'un monde qu'ils ne comprennent pas, et que les citoyens sont abusés par le bombardement des nouvelles qui les assaillent, incapables de fonder leur jugement présent sur la mise en perspective du temps qui passe. Elle sait en somme que, sans jactance et sans débordement, mais sans excès non plus d'immodestie, il lui revient de s'affirmer comme la première servante de la lucidité - et par conséquent de la démocratie."
Claire Lemercier : "Donc je crois à cette recherche d'une vérité, même approchée ou provisoire, qui ne soit pas seulement la mémoire d'un groupe, mais qui soit le résultat du travail d'une science sociale. Mais tout cela ne nous dit pas "à quoi ça sert ?". Pour moi, "ça sert" d'abord à répondre à tous les "c'était mieux avant". Non, les immigrés ne s'intégraient pas mieux, les Français n'avaient pas plus "confiance", les enfants ne traînaient pas moins dans la rue et ne travaillaient pas mieux à l'école, on n'était pas plus en sécurité à Paris, et les femmes ne restaient pas au foyer. Ou plutôt, tout dépend de quand on place le "avant" : car le premier geste de l'historien est toujours de montrer que le passé n'est pas un bloc, que les choses peuvent changer, et parfois bien plus vite qu'on ne le pensait avant ce changement."
Fabrice d'Almeida : "L'histoire est la dernière discipline chevillée au réel. À travers les textes, les images, les objets, elle cherche à percer le mystère des situations vécues et des expériences acquises par les femmes et les hommes. L'histoire est la pratique par laquelle chacun affirme son ancrage aux choses, aux lieux, à l'artifice des symboles et à l'élégance des imaginaires."
Annette Wieviorka : "Comprendre le passé (non parce qu'il risque de se répéter, mais parce qu'au contraire , il nous aide à penser le neuf et le surprenant)."
Emmanuel Droit : "Obliger la société à se confronter à ce que Max Weber appelle des "faits inconfortables", c'est accomplir plus qu'une oeuvre intellectuelle, c'est faire oeuvre morale."

43 passionnants témoignages de l'actualité d'une quête interprétative, dans une époque où les enjeux n'ont pas diminué, bien au contraire...
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