Le rideau se lève sur un accusé qui n'aime pas la manière dont son avocat s'occupe de sa défense et sur un avocat à qui l'idée de défendre cet accusé n'a jamais rien dit !
Ce drame en trois actes est une adaptation de
José-André Lacour du Best-seller éponyme de
Herman Wouk.
Le procès, l'épilogue du roman, l'épisode le plus chargé d'émotion, le plus resserré mais aussi le plus adapté à la scène, a été choisi.
"Les acteurs sont entourés, enveloppés de spectateurs, le drame se joue en toute intimité" : il fut mis en scène en octobre 1957 au Théâtre en rond.
Le rideau se lève pour laisser entrer les six membres de la cour, le greffier et le planton.
L'accusé Stephen Maryk et son avocat le lieutenant Greenwald sont déjà sur la scène.
Le 15 décembre 1944, les États-Unis étant en guerre, le "Caine" sortait de l'atoll d'Ulithi. Il convoyait une petite flotte de pétroliers dont la mission était de ravitailler les porte-avions de l'amiral Halsey dans la mer des Philippines.
Le "Caine" est un destroyer de 1200 tonnes à pont ras de la première guerre mondiale.
C'est un des plus vieux bâtiments encore en service. C'est un rafiot.
Équipé en dragueur de mines, il assure des missions aussi diverses que du transport du courrier, de la protection anti sous-marine, du transport de carburant et de munitions, des tirs de soutien dans les petites opérations de débarquement.
Le 18 décembre 1944, un terrible typhon menace.
La flotte doit manoeuvrer pour lui échapper.
En désaccord sur le choix du cap à prendre avec le commandant Queeg, le lieutenant Stephen Maryk, officier en second à bord du "Caine", a délibérément, sans autorisation préalable, ni cause justificative, relevé de ses fonctions le commandant, lequel était dûment désigné et nommé pour diriger le dit bâtiment....
Chacun se souvient du film et de l'interprétation formidable de Humphrey Bogart dans le rôle du commandant Queeg.
Beaucoup connaissent le roman puissant dont il est la transposition cinématographique.
La pièce de Théâtre, même si elle moins connue, est tout aussi réussie.
Le texte y est ramassé et efficace.
le dialogue, sobre, ne contient pas un mot de trop.
La tension est palpable.
Puis, dans cet intelligent morceau de Théâtre, au-delà de l'histoire passionnante de ce duel entre deux hommes, l'auteur exécute une fine analyse psychologique.
Et finalement
Herman Wouk place le spectateur d'hier et le lecteur d'aujourd'hui devant une réflexion presque philosophique.
C'est un véritable plaisir que de redécouvrir cette pièce dans cet ancien numéro de l'Avant-Scène et de songer que sa lecture ne cède en rien à celle du roman dont elle est inspirée.