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EAN : 9782221028391
Robert Laffont (21/02/1992)
3.46/5   35 notes
Résumé :
Madeleine marchait vers son destin en n'ayant pas l'air de trop y croire. Elle venait avec moi dans une petite ville minière où elle ne connaissait personne et cela lui plaisait parce que l'inconnu la trouvait toujours disponible.

Récemment installé à Macklin, Alain Dubois voit son épouse Madeleine le tromper au vu et au su de tous. Refusant de condamner les agissements de sa femme, il sera progressivement mis au ban d’une société aussi poussiéreuse q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Toujours dans le cadre du Challenge 2015, il me fallait lire un livre paru l'année de ma naissance. Après quelques petites recherches, je me suis arrêtée sur "Poussière sur la Ville" d'André Langevin - Prix du Cercle du Livre de France 1953, choisi par le Grand Jury des Lettres comme étant le meilleur roman publié au Canada depuis la guerre.

André Langevin nous fait pénétrer dans l'univers oppressant d'une ville minière Québécoise où la laideur, la médiocrité, la rudesse, l'ignorance et la misère se côtoient et se nourrissent les unes des autres.

J'ai rarement été aussi réceptive à l'ambiance d'un roman. Peut-être parce que, en raison de la grisaille de cette fin d'hiver ou de quelques préoccupations personnelles, j'étais plus encline à la mélancolie. Et, sans nul doute, parce que l'écriture de Langevin ne se perd pas dans des descriptions romanesques mais reste collée à la réalité par des phrases concises et des mots simples et justes.

L'attitude de ce jeune médecin, en réaction à sa vie qui part en déconfiture m'a déconcertée. Etait-ce de la sagesse ? de la faiblesse ? de la résignation ? de l'inconscience ? de la passion ? Ou bien, comme le disent les habitants de Macklin, de la lâcheté ?
Que penser de ce médecin de 27 ans à l'avenir prometteur qui raisonne et se comporte comme un homme en fin de vie dont le poids de l'expérience annihile toute spontanéité ?

"Poussière sur la Ville" m'a embarquée dans un vieux film en noir et blanc des années 50 et la cité de Macklin dans le crépuscule d'une toile de Bob Barker avec ses fumées, ses rues et ses maisons grises.

Excellent bouquin !
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Quatre étoiles sur l'échelle canadienne. Sa pertinence ne dépasse pas nos frontières.
Je suis en train de lire "L'histoire de la littérature Québécois" de BDN (Michel Biron, François Dumont et Élisabeth Nardout-Lafarge) ce qui m'a rappelé d'avoir lu "Poussière sur la ville" il y a quarante-sept ans quand j'étais étudiant à l'Université de Toronto. Ce roman a incontestablement une vocation pédagogique. Il est court et facile à lire pour un anglophone qui commence à étudier le français.
Il faut avouer je ne l'aime pas. C'est certainement un calvaire à lire. L'ambiance excessivement lugubre donne un portrait profondément pessimiste de l'humanité. Alain Dubois, un jeune médecin arrive à Macklin qui semble être Thetford Mines au début des années cinquante. On baigne dans la poussière minière. Les villageois ne pardonnent pas au jeune docteur le fait que sa femme la trompe au vu et au su de tout le monde. Personne à Macklin ne veut de lui comme médecin. Les gens raisonnables lui conseillent de fuir la ville le plus rapidement possiblement.
BDN pourtant est élogieux de ce roman très déprimant. D'après BDN le thème de l'aliénation sartrienne dominait la littérature québécoise pendant les 1950 et que "Poussière sur la ville" est le chef-d'oeuvre de la mouvance. Je trouve cette thèse très étonnant malgré le fait qu'il y pas mal d'articles sur l'Internet qui sont du même avis.
Il y a très peu de Sartre dans "Poussière sur la ville" sauf que le Docteur Dubois est un homme affreusement seul. Il semble ne pas avoir des parents et ses amis dans la ville sont très chancelants. Aussi, c'est un mécréant qui devient le cible de l'église Catholique. le curé de Macklin appuie fermement ceux qui boycottent son cabinet. À la limite on peut dire que Dubois a des points en commun avec Mathieu Le protagoniste des "Chemins de la Liberté" de Sartre. Néanmoins, je trouve le roman peu sartrien.
J'ai trouvé aussi autre un article sur l'Internet qui prétendt que "Poussière sur la ville" est une version québécoise de "L'étranger" d'Albert Camus. Selon l'auteur, Dubois ressemblait beaucoup a Meursault. Un autre article souligne le fait "Poussière sur la ville" est sorti peu après la grève d'Amiante. La conclusion de l'auteure est que "Poussière sur la ville" prônait la doctrine sociale de Cité Libre.
Il faut reconnaitre finalement que dans le cas de "Poussière sur la ville" les critiques sont beaucoup plus intéressants que le roman même. Néanmoins ce roman sera lu pour bien des années encore aux universités parce que malgré tout il représente t bien le Zeitgeist québécois de son époque.

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Ma relation avec *Poussière sur la ville* d'André Langevin a évolué au fil des ans, reflétant les différentes étapes de ma vie. J'ai lu ce roman trois fois jusqu'à maintenant, et chacune de ces lectures a marqué une étape différente de mon parcours personnel et professionnel.

Lors de ma première lecture, en tant qu'étudiante, le roman ne m'avait pas captivée. J'avais lutté pour rester engagée dans l'histoire, trouvant difficile de m'immerger dans le récit. L'intrigue me semblait lente et les personnages distants. À cette époque, je n'ai pas su apprécier les nuances et la profondeur du récit.

Ma deuxième rencontre avec le roman s'est faite quelques années plus tard, alors que j'étais devenue enseignante. J'avais alors une perspective différente, plus analytique et distanciée. Sans être complètement absorbée, j'ai reconnu son importance dans la littérature québécoise. J'ai commencé à voir les thèmes universels que Langevin explorait et comment il le faisait avec une sensibilité et une précision qui méritent l'attention.

Récemment, j'ai relu le roman pour la troisième fois, envisageant de l'inclure dans les oeuvres à lire cet automne. Cette fois-ci, j'ai été frappée par la justesse de la psychologie des personnages. Langevin dépeint avec une précision remarquable la complexité de l'âme humaine.

Ce roman est un magnifique exemple du réalisme québécois teinté de l'existentialisme français. Il offre une perspective authentique sur la condition humaine, tout en explorant des thèmes comme la quête de sens, l'isolement et la condition humaine. le décor de la petite ville, poussiéreuse et stagnante, devient le reflet des états d'âme de ses habitants, créant une atmosphère lourde mais captivante.

Bref, *Poussière sur la ville* est un ouvrage riche et complexe qui mérite une place de choix dans le panthéon de la littérature québécoise. Il s'agit d'une oeuvre que je redécouvre et que j'apprécie davantage à chaque lecture. J'espère que je saurai transmettre la richesse de ce texte à mes étudiants
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critiques presse (1)
LaPresse
18 août 2014
Poussière sur la ville n'a [...] rien perdu de sa pertinence. Écrit au «je» dans une langue belle, juste et précise. Certains diraient classique. D'autres, intellectuelle.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je n'ai jamais trouvé vulgaire ce goût qu'a Madeleine pour la romance. Je ne comprends pas que ce goût soit si vif, comme je ne comprends pas son exaltation au cinéma. Mais elle y met une telle spontanéité que je crois que cela correspond à quelque chose d'intérieur chez elle.
Ce n'est pas de la sentimentalité. Elle ne goûte pas tellement la chanson elle-même, ou le film, que l'état de disponibilité où ils la mettent, un peu comme le ferait l'alcool. Cela appartient à cette part de son être que je n'atteins pas. Ce goût n'est pas vulgaire mais il a besoin d'un autre milieu que le mien pour s'épanouir.
Madeleine vit plus intensément dans un restaurant comme celui de Kouri, ou dans la rue, parmi les mineurs, qu'à la maison. Elle a conservé de son milieu ouvrier un étonnant instinct d'imprudence, la liberté de jouer son va-tout à l'instant, parce que possédant peu ou rien. C'est un terrain où je ne peux la suivre avec naturel. D'une famille de petits bourgeois, je n'ai pas d'inclination pour les départs subits, les mains vides, et sans but. Le risque, pour moi, n'est pas nécessairement total. J'ai le sens de la mesure, une qualité qui ne séduit aucunement Madeleine, qui lui apparaît un peu comme de l'avarice.
L'animal en liberté n'amasse pas, ne tient à rien qu'à sa nourriture du moment. Madeleine de même. Pour employer un mot qui amènerait un sourire dédaigneux sur ses lèvres, elle sera toujours prolétaire. C'est à l'instant même qu'il lui importe d'être satisfaite, non pas dans un avenir problématique. Je l'ai aimée à cause de cela surtout, dangereusement peut-être. Elle était pour moi tout l'exotisme.
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- Le travail dure depuis longtemps ?
- Douze heures.
Une famille de la campagne. On a le temps d'y compter les heures en hiver. En ville on en mettrait plus pour me faire lever. A la campagne, le chiffre est exact parce qu'ils attendent toujours à la dernière minute. L'accouchement ne leur tire pas d'émotion. Un phénomène naturel. Et ils en voient de ces phénomènes-là dans la même année.
- Un premier enfant ?
- Oui
- Alors, ne vous inquiétez pas. Cela peut durer quelques heures encore.
- Les eaux sont crevées. Les douleurs viennent toutes les cinq minutes depuis deux heures.
Observations froides. A la fois une remontrance et une atteinte à ma dignité de médecin. Elle veut signifier qu'on ne m'a pas appelé inutilement et qu'on connait aussi bien que moi les étapes de la gésine.
- Elle perd du sang.
La bonne femme a gardé pour la fin ce mot rouge qui éclaire tout d'un jour différent. Elle eût préféré que je répète que ce n'était pas grave avant de me l'asséner. Mais j'ai les réflexes lents et parler me demande un considérable effort. Je demande où elle demeure et je promets de m'y rendre. C'est à trois milles de la ville, derrière l'hôpital où ils ne consentiraient à conduire la parturiente qu'à demi morte.
Pour eux, l'hôpital, avec son équipement moderne, les blouses et les masques blancs, est le vestibule du cimetière. Ils craignent plus les instruments et les tampons stérilisés que les linges à peine trempés dans l'eau bouillie dont il faut nous servir chez eux pour étancher le sang.
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Veille de Noël. Les petites lampes des sapins apparaissent dans le demi-jour comme de médiocres taches de lumière. La gigantesque mise en scène de Noël n'est plus qu'un décor troué et lacéré sur une scène abandonnée. Cela fait lendemain de fête, avec un peu d'amertume et la tristesse de sentir que les choses sont si peu éternelles. Pourtant, les promeneurs sont nombreux des deux côtés de la rue Green, les bras embarrassés de colis, les visages fatigués, nerveux. Pendant une nuit, ils se tiendront éveillés à penser qu'il leur faut être heureux et le sommeil viendra avant le bonheur. Les enfants eux-mêmes ne croiront pas longtemps à l'illusion. Le petit cheval aura déjà perdu une patte demain.
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Elle était assise en face de moi, glaciale et hors d'atteinte, et nous nous touchions quand même. Nous sommes liés par trop de fibres encore pour l'impassibilité. Feinte son indifférence, simulée ma stu-peur. La brisure n'est qu'amorcée et nous n'avons rien fait encore pour nous retrancher véritablement l'un de l'autre. La chair ne consent pas.
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Peut-être reviendra-t-elle, nous nous parlerons. Le langage a encore des possibilités. Nous expliquer. Quand on met des mots sur les choses, elles s'édulcorent un peu, elles deviennent plus familières et, peut-être, s'abolissent à la fin. On peut se laisser prendre aux mots, accepter leur écran.
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