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Critique de Lililaluize


Tout d'abord avant de débuter cette chronique, un grand merci à toute l'équipe Babelio pour cette nouvelle masse critique. Merci également aux éditions Hervé Chopin pour l'envoi de ce livre.

Passionnante, cette lecture s'impose dès les premieres pages en nous livrant les clés de l'éternité auprès de Théodore, né sous la commune en 1871, débute alors les prémices d'un chemin intérieur peuplé d'âmes aimées subtilisées.
Une trame surprenante s'érige et éclos alors une certaine beauté aux airs inquiétants, se dégage une atmosphère sensorielle et insolite qui ne manque pas d'éclat.
La musicalité des lignes s'impose auprès des virtuoses, que ce soit Théodore ou Tchaïkovski rencontré dans une propriété; Laurent Laviolette, lui, écrit une oeuvre nous rappelant un des livres de chevet de Bach "Temps et Eternité" et c'est bien une composition littéraire troublante et distinguée qui nous happe et prend corps dans un temps qu'on sait déjà infini, à l'image de Dieu.
Mais qu'est ce que le temps pour qui n'est pas Théodore , si ce n'est de toujours entrevoir une finalité, la mort, déceler la vulnérabilité de tout à chacun et sa propre solitude éphémère sur le seuil vacillant de la vie.
L'immortalité incite t'elle l'audace d'une liberté sans condition, d'être , sans les entraves du matérialisme et de l'arrogance; l'amour et l'art sont-ils alors les seules valeurs essentielles au même titre que l'humanisme une fois délivrés de la peur du non-être ...

"Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? de vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ; pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise." [ Baudelaire]

Hymne incontestable à l'art, le mécène Théodore, alors trentenaire éternel , ne vit que dans une dimension se voulant civilisationnelle, cherchant à atteindre le perfectionnement de l'humain, la permanence des âmes au travers des oeuvres et de l'exaltation perçues comme capitales voire vitales. "Théodore" convoque Charles Péguy, Charlotte Salomon et soulève au travers des grandes figures de l'histoire la seule liberté existant lors des deux guerres mondiales, à savoir, lutter contre l'asservissement et les injonctions par le seul art qui nous est donné de magnifier: être soi, se confondre dans la munificence de l'esprit, la libéralité ; contrer le paralogisme tristement répétitif dans l'ascendance des hommes composés d'une proportion à l'oubli d'une imperméabilité irréfutable.

Nous vivons cette fresque historique tel un immortel enfermé avec l'âme de Théodore de 1871 aux années 1990 et sous ses airs Faustien et ses clins d'oeil à Dorian Gray, le roman "Théodore " aurait pu être casse gueule, il n'en est rien. Il est art, érudition , philosophie, liberté, un écho intemporel et sans époque qui donne la part belle à la création et à notre condition humaine.

Et vous, êtes vous prêts pour traverser les époques avec Théodore, que diriez-vous de l'éternité ?

Un premier roman ébouriffant, un coup de coeur total
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