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Critique de raton-liseur


La cloche d'Islande est considéré comme le chef-d'oeuvre de Laxness, et est parfois considéré comme le livre le plus important de la littérature islandaise. Devant un tel monument (heureusement je ne savais pas tout cela avant de commencer ma lecture), il est difficile pour l'humble petite lectrice que je suis de me lancer dans l'écriture d'une note de lecture, et encore moins d'une critique.
Je connais peu de chose de l'Islande, de sa culture et de son histoire, et il est évident que cela a gêné ma lecture. le style assez direct du livre m'a déconcertée, et j'ai surtout eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, je ne suis même pas sûre d'y avoir réussi.

Cette histoire, justement. Elle est centrée autour de trois personnes, qui sont présents tout au long du livre, mais qui sont le centre d'une des parties du livre. Initialement publié en 3 tomes, la cloche d'Islande retrace d'une façon très personnelle l'épopée de l'Islande sous la domination danoise des premières décennies du XVIIIème siècle. La première partie, intitulée La cloche d'Islande, commence justement avec le décrochage de cette cloche, qui marque l'entrée de l'Althing, le parlement islandais créé en 930 et symbole de l'identité et de l'histoire islandaise. Jon Hreggvidsson, paysan pauvre mais libre qui n'a pas sa langue dans sa poche, est condamné à mort mais se retrouve en exil sur les routes du Danemark. Dans la seconde partie, La vierge claire, publiée en 1944, Snaefrid prend la place du personnage principal. Sa beauté fière est celle de ses ancêtres et des fées qui longtemps peuplèrent l'île d'Islande. Enfin, dans L'incendie de Copenhague, publié en 1946, l'érudit Arnas Arnaeus prend le pas sur les autres personnages. Inspiré par la figure historique d'Arni Magnusson, c'est un savant passionné par les sagas et les grands manuscrits islandais. Il bat les campagnes pour les acheter et les protéger, mais pour ce faire, les envoie dans sa bibliothèque de Copenhague, siège du joug que subit durement le peuple islandais infantilisé et réduit à la famine.
Ce sont trois figures complexes, et je n'ai pas toujours compris les ressorts de leur personnalité, les raisons qui sous-tendent leurs décisions. C'est en particulier le cas pour Snaefrid, le personnage féminin dominant, qui s'évertue à s'humilier et à détruire sa propre vie, préférant le sublime dans la déchéance si elle ne peut avoir le sublime tout court, comme si sa beauté ne pouvait être rehaussée que par l'écrin le plus vil.
Aucun des personnages ne m'est apparu attachant, mais si j'en crois la préface de Régis Boyer, inlassable traducteur de la langue islandaise, ces trois personnages sont aussi trois faces de l'âme islandaise. Dire quelle métaphore incarne chacun de ces trois personnages serait bien trop réducteur pour que je m'y risque. Mais c'est justement là que ma connaissance limitée de l'histoire et de la culture islandaise me font dire que je n'ai pas pu apprécier ce livre à sa juste valeur. Je ne suis d'ailleurs même pas sûre que ce livre soit destiné à un autre lectorat que le lectorat islandais. Je crois pouvoir entrevoir en quoi ce livre peut parler aux Islandais, l'évocation d'une période douloureuse de leur histoire mais aussi d'une inflexible fierté et d'une liberté défendue à tout prix, l'évocation de racines profondes et indélébiles, d'une tradition d'écriture bien plus ancienne que dans le reste de l'Europe et que les pays Scandinaves ont cherché à récupérer pour leur propre compte pour construire leur propre identité nationale. Tout cela, et bien plus encore, est dans ce roman riche, mais tout cela est resté hors de ma portée.
J'ai donc eu beaucoup de mal à finir ce livre, à essayer d'en percer le sens, et ce fut une lecture peu agréable. Il me semble que d'autres livres de Laxness sont bien plus accessibles, parce que plus universels dans leur propos, même s'ils sont ancrés dans leur territoire. Je me souviens de ma lecture de Gens indépendants il y a quelques années, et du très bon moment de lecture que ce roman avait été. Si je relis un jour Laxness, j'espère trouver à nouveau un livre dans cette veine, et je chercherai alors ailleurs à comprendre les soubresauts d'une histoire complexe et probablement passionnante.
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