Il ne suffit pas d’écrire quelque chose pour que cela soit vrai, tous les journalistes vous le diront.
Économiser sur tout, compter sou par sou, se priver, faire durer, pour en fin de compte se retrouver presque sans ressources, accroché à sa terre, en subsistant des produits de son poulailler. Ce n’était pas ce qu’il devait toucher comme retraite, s’il en avait une, qui devait l’inciter à la prodigalité. Ce qui expliquait le maigre salaire qu’il lui offrait. En fait, elle ne devait même pas suffire à couvrir les dépenses d’eau, d’électricité sur lesquelles il rognait au maximum. Quant aux impôts, qui d’après la superficie du terrain, étaient probablement élevés, c’était sûrement sa fille, à qui le mas reviendrait un jour, qui s’en chargeait.
Elle commença à monter et, malgré lui, Didier suivit le va-et-vient de sa blouse découvrant par éclairs la naissance de ses cuisses. Il pensa qu’elle avait tout du fruit bien mûr, doré par le soleil, prêt à éclater et dans lequel il devait être bon de mordre, puis chassa les idées lui venant à l’esprit.
C’était incontestablement une femme énergique, déterminée, qui devait avoir pris l’habitude de mener tout son monde à la baguette depuis que le propriétaire du domaine lui avait laissé les rênes : hommes, bêtes, mécaniques.
Obéir servilement, c’était admettre sans condition l’autorité de la femme, renoncer à sa fierté. Refuser, c’était continuer à mendier d’une façon détournée.