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Citations sur Terre des affranchis (14)

L'expérience de la sainteté effraie parfois plus qu'elle n'attire.
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Pour les villageois, Slobozia symbolisait le monde civilisé, c'est-à-dire l'espace ordonné et christianisé. La forêt, en revanche, était le lieu du sauvage, de l'animalité et des forces païennes. Le cimetière marquait la transition entre ces deux dimensions : le raisonnable et l'instinctif, le sacré et le magique, la vie et la mort.
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Au bout d'une année de labeur sur l'oeuvre, Ilie reprit l'ouvrage et en transmis un autre à Victor, qui avait enfin trouvé un sens à son existence. Il entretenait le noble sentiment de servir l'Eglise, tel un anachorète au désert. De son côté, Ilie arpentait les campagnes, diffusant discrètement les copies que lui transmettaient les deux femmes. Le prêtre pensait que la rédemption de Victor pouvait venir certes de cette ascèse d'écriture, mais surtout de la méditation assidue des textes. Si en écrivant il prenait conscience de la gravité de son crime, alors peut-être, avec l'aide de Dieu, Victor sauverait-il son âme.
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Eugenia se mit à courir vers l'auréole dorée qui scintillait dans les ténèbres. L'éclat éblouissant du halo l'engloba complètement. L'attraction dégagée par cette puissante radiation plongea son âme dans un profond bien-être. Eugenia entendit à peine les cloches du monastère qui sonnaient la troisième heure. Elle n'hésitait plus. Elle choisit de passer de l'autre côté. Enfin, elle allait rencontrer son Époux, pour l'éternité.
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Il existe des âmes écrevisses
reculant continuellement vers les ténèbres,
rétrogradant dans la vie plutôt qu'elles n'y avancent,
employant l'expérience à augmenter leur difformité,
empirant sans cesse,
et s'empreignant de plus en plus
d'une noiceur croissante.

Victor Hugo,
Les Misérables
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L'obscurité était devenue son alliée, celle qui lui permettait d'exister au monde. Les nuits d'été, il lui arrivait parfois de s'allonger dans la cour pour observer les étoiles. Enfin, il pouvait respirer, lui, tellement habitué à la vie au grand air. Pourtant jamais il ne s'éloignait de la maison. Ana lui avait formellement interdit de franchir la clôture. Pour parer à tout risque, Victor avait aménagé une cachette sous le toit. Une trappe dans le plafond permettait d'y accéder rapidement, dans le cas où un visiteur impromptu se serait présenté.
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Une bonne demi-heure de marche dans les bois est nécessaire pour arriver jusqu’au lac. Il faut d’abord longer les collines qui surplombent Slobozia, et s’enfoncer plus profondément dans les taillis de hêtres et de chênes. A son approche, le sentier se fait sinueux, la chênaie devient plus dense. Puis quand le marcheur, convaincu de s’être égaré, songe à rebrousser chemin, soudain, au détour d’un bosquet, il l’aperçoit enfin : le lac.
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Après la Révolution, la vie à Slobozia changea peu. La pauvreté lancinante de cette campagne moldave faisait peser une chape de plomb que plusieurs décennies ne suffiraient pas à faire disparaitre. Chacun continua à vivre de l'agriculture, de l'élevage et de la coupe du bois. Avec le passage à l'économie de marché, la seule entreprise du village à se créer après la Révolution fut d'ailleurs une scierie qui réemploya les cinquante bûcherons de l'ancien kolkhoze forestier. Au milieu de la grande forêt des Carpates, le village semblait comme perdu.
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Comme le fiancé étreint sa bien-aimée, Victor serrait de plus en plus fort la jeune fille dont les cartilages craquaient comme ceux d'une volaille que l'on désosse. Son corps s'affaissa d'un coup quand Victor lâcha enfin prise. Anita Vulpescu venait de mourir, étranglée entre les mains d'un garçon qu'elle connaissait depuis son enfance et qu'elle n'avait pourtant jamais regardé.
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La Fosse aux Lions parut s’assombrir. Un souffle puissant parcourut les arbres en agitant leur feuillage. L’eau avait perdu sa clarté cristalline. En un instant, elle était devenue sombre, comme si une marée noire s’était déversée dans son flot. Les roseaux sauvages s’agitèrent dans un ballet inquiétant. Tels des monstres aquatiques, les carpes se mirent à danser à la surface dans des clapotis étourdissants. Une troupe de geais s’envola quand la clameur résonna au-dessus de la forêt.
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