Nous sommes tous porteurs de fragilités, tous destinés à mourir et tous vivants jusqu'au dernier souffle.
Plus on ignore ses failles, dont celles qui nous ont peut-être orientés vers ce métier de soignants, plus elles risquent de nous déborder de manière soudaine et parfois inadéquate.
Les mots pour dire peuvent nous offrir la chance de créer le réel, comme un espace entre la réalité et le rêve, entre le désillusion et l'idéal.
Est-il possible d'apprendre de ses expériences, de maladie, de deuil ou de rupture ? Les expériences de déchirure (si tant est que ce mot permette de regrouper des expériences dites difficiles) et autres épreuves de la vie heurtent parce qu'elles nous isolent et nous rapprochent à la fois. Vivre des expériences communes nous rapproche-t-il? Puis-je me sentir plus proche de celui ou celle qui traverse la même expérience que moi?
La maladie fait rupture, elle "troue" l'évidence du quotidien : elle est absurde. Violence indue, toujours inédite et injuste, elle n'a pas de sens. Dans l'expérience vive, ce qui arrive est obscur et insensé, sans possibilité de s'approprier ce qui s'impose comme un fait : subir, pâtir, être écrasé sont des termes qui désignent davantage une "victime" de la maladie qu'un "sujet" malade.
A l'aube des progrès technologiques majeurs attendus, notamment dans le domaine du numérique ou de la robotisation, il apparaît légitime de se demander ce qui nous différencie encore d'un ordinateur. Peut-être qu'une de ces différences, ce qui échappe à la tendance algorithmique, c'est la parole imprévisible qui surprend et réveille, les jeux de mots et l'humour qui dénouent la peine et la tension.