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Critique de CarlmariaB


Je ne comprends pas ce que fait le Bon sur la liste des 100 plus grands penseurs du XXème siècle de je ne sais plus quelle école de sciences politiques. « La Psychologie des foules » est un excellent titre, mais passé la couverture, c'est un tas de préjugés sans aucune administration de preuve. Mussolini s'en réclamait (« Ho letto tutta l'opera di le Bon »). C'est justement la raison pour laquelle le Bon est un penseur important, clameront les auteurs de la liste. Alors mettez directement Mussolini sur votre liste. Vu qu'Hitler l'aimait bien, pourquoi ne pas y faire figurer, tant qu'à faire, Arthur de Gobineau? Parce qu'"Essai sur l'Inégalité des races humaines", comme titre, ça le fait pas. Alors que « La psychologie des foules », cité pour étayer une pensée creuse sur les masses, ça le fait. Or ces messieurs qui font les listes pour les étudiants savent-ils que le Bon a plagié La foule criminelle de Scipio Sighele, lequel était de gauche (et Dreyfusard : voir Olivier Bosc) donc difficile à encenser pour Mussolini? le Bon, donc, est-il sociologue ? C'est de la science sociale pour qui n'en a jamais fait ni jamais lu. Des conclusions sans preuves, sans méthode, hors du champ scientifique. Mais alors, le Bon est-il philosophe? Pas davantage: on est en 1890, il y a eu Schopenhauer, Kierkegaard, Marx que Gustave aurait pu lire pendant ses longs voyages en bateau pour la Société de géographie, pour laquelle il se faisait "anthropologue": « Les races primitives sont celles chez lesquelles on ne trouve aucune trace de culture, et qui en sont restées à cette période voisine de l'animalité qu'ont traversée nos ancêtres de l'âge de la pierre taillée : tels sont aujourd'hui les Fuégiens et les Australiens." C'est ce "penseur" qu'on qualifie d'important, qu'on cite et qu'on enseigne?! « Chez les races primitives et inférieures — et il n'est pas besoin d'aller chez les purs sauvages pour en trouver, puisque les couches les plus basses des sociétés européennes sont homologues des êtres primitifs — on constate toujours une incapacité plus ou moins grande de raisonner. » (Les lois psychologiques de l'évolution des peuples). La psychologie des foules de le Bon est donc juste une haine du peuple. Voila donc le fameux le Bon. Alors qu'on ne nous refasse pas le coup d'Heidegger, séparer l'homme du philosophe etc. Qu'on ne nous refasse pas non plus le coup de Céline, séparer l'homme de l'artiste. le Bon n'est pas un artiste. Pas davantage un Docteur en médecine, titre qu'il usurpa allègrement (voir Benoît Marpeau, "Gustave le Bon, Parcours d'un intellectuel"). Et, ultime différence avec Céline, le Bon n'avait, on s'en doute, aucun humour. Pour m'en convaincre je suis allé vérifier dans une réédition d'un texte léger de sa lourde bibliographie de graphomane, son récit de voyage au Népal, où il fait donc, de l'humour:
«Sous le prétexte d'aller chercher des torches, mes porteurs m'y abandonnèrent toute une nuit dans l'espoir que les tigres et les panthères mangeraient le voyageur, mais épargneraient les sacs de roupies dont il était muni. (...) Une divinité bienfaisante, Vishnou sans doute, me préserva des miasmes que je redoutais beaucoup plus que les tigres. Et quand le matin la bande de mes aimables compagnons revint pour voir s'il restait encore quelques fragments de l'Européen, un discours bref, mais énergique, leur fit comprendre que le revolver est un instrument créé spécialement par Siva pour casser les têtes des porteurs récalcitrants dans l'Himalaya. » Zéro étoile.
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