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Critique de lanard


La beauté, c'est « ce qui n'a pas de prix ». L’œuvre d'art, qui elle a un prix, c'est tout autre chose. Ce pamphlet s'en prend à cette tentative d'esthétisation du monde qui s'acharne à tout transformer en objet d'art. Travail de sape qui ouvre des abysses d'insignifiances dont le pouvoir sidérant n'a d'égal que les sommets vertigineux de la spéculation financière sur le marche de l'art. Cette esthétique de la sidération, Annie le Brun la nomme « réalisme globaliste ». C'est l'esthétique du pouvoir financier mondialisé et triomphant. Exit l'Internationalisme et son réalisme socialiste ; exit le futurisme fasciste; à chaque tyrannie son esthétique, la philosophie du beau envisagée ici comme masque exaltant les vertus du tyran.
Je ne résumerai pas la démonstration (dont la matière est développée en quatre chapitres) qui s'acharne à démonter ce projet de colonisation de la beauté ou autrement dit, d'asservissement des consciences. Je me contente de signaler qu'elle mobilise les critiques déjà anciennes de penseurs précurseurs comme William Morris (L'âge de l'ersatz, 1894), Elisée Reclus (1830 – 1905) ou Walter Benjamin (1892 – 1940) mais aussi des travaux très contemporains dont les titres suivants ; la Domestication de l'art (Laurent Cauwet, 2017), Enrichissement. Une critique de la marchandise (Luc Boltanski et Arnaud Esquerre, 2017), Sauvons le beau. L'esthétique à l'ère numérique (Byung-Chul Han, 2016), le Paradigme de l'art contemporain (Nathalie Heinich, 2014), l'Esthétisation du monde. Vivre à l'âge du capitalisme artiste (Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, 2013), Subversion et subvention. Art contemporain et argumentation (Rainer Rochlitz, 1984).
Il ne serait charitable pour son lecteur de laisser celui-ci seul devant l'étendue d'un désastre, certes mondial, sans le rappeler à sa conscience, c'est-à-dire à sa capacité à résister. C'est dans ce cinquième chapitre qu'Annie le Brun ouvre une voie qui mérite d'être méditée ; celle du facteur Cheval (et de son palais idéal) mais aussi (et là, la proposition est aussi audacieuse que pertinente), la voie de Victor Hugo ; non pas celui des Contemplations et des Misérables, mais celui qui réinventa « au cours de son exil de dix-neuf ans à Guernesey, en faisant de sa demeure de Hauteville House, la plus folle tour de guetteur entre ciel et mer, pour sonder qui est en lui et qu'il sait aussi être celui de l'univers. »
C'est le principe de l'écart absolu qui poussa Christophe Colomb à poursuive son rêve vers des confins où personne n'avait osé s'aventurer. Pour bien comprendre en quoi cette règle de l'ECART ABSOLU (qu'Annie le Brun propose) rassemble l'auteur universellement célébré du « Promontoire du songe » et cet obscur autodidacte qu'on nomme le facteur Cheval, j'invite à lire la citation que je recopie ci-dessous. Ne serait-ce aussi que pour dissiper toute confusion avec l'art brut cher à Jean Dubuffet.
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