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Critique de Laurent_A


Cet essai nous livre une critique de l'art contemporain et précisément de ce que l'art est devenu dans notre époque contemporaine notamment depuis les années 1990.
L'art contemporain est devenu l'art d'annihiler toute sensibilité en créant une réalité sans perspective, sur laquelle règne les magnats et les artistes contemporains qu'ils choisissent de promouvoir. La financiarisation et la marchandisation des oeuvres d'art a tué ce qui n'a pas de prix : le beau qui touche le sensible. (p33-42)
Le dialogue est empêché par les commentaires d'auteurs qui sont associés à ces oeuvres. (p53-54),
Il y a d'autre critiques, celle de la mode pourvoyeuse d'une identité de remplacement et de ce qu'elle récupère de la misère du monde (p104-108), du tatouage (p113) ou vêtement de sport (p111-112) la mode (ceux qui en sont ou en deviennent victimes) nous asservi; un parallèle est établi entre la fuite en avant de l'art contemporain, cherchant toujours à se renouveler et celle de la mode (p101). Dans tous les cas l'argent ne laisse pas de place aux valeurs authentiques car il cherche toujours à les récupérer.
La sensation forte associée à ces oeuvres (gigantesques voire monumentales pour certaines), qui provoquent effroi ou dégoût pour d'autres (cf. p74) quand ce n'est pas les deux à la fois, et qui n'est en fin de compte que du sensationnel qui remplace le sensible (p71) : « comme s'il ne suffisait pas de privilégier le sensationnel au détriment de la représentation, voilà que la sensation n'a plus pour seule mesure que le sensationnel » (p71).
Le livre dénonce aussi les horreurs de la marchandisation de l'art, je renvoie pour l'exemple le lecteur aux sacs Vuitton nés de l'imagination de l'artiste pop kitsch Jeff Koons (p131-133), quelle tristesse pour tous les amoureux de l'art pictural et de l'histoire de la peinture, c'est vraiment à croire que l'on tente de nous rendre insensibles en nous rendant idiots et blasés des belles choses, l'une des thèses défendues par l'auteur Annie le Brun… Qu'un sac ou même une collection de sacs prenne place dans un musée pour l'exemple passerait encore, et à chacun de se faire sa propre idée mais voir des chefs-d'oeuvre de la peinture reproduits sur des sacs de luxe, c'est du grand n'importe-quoi, ces chefs-d'oeuvre je les préférais encore lorsqu'ils étaient sur les anciennes télécartes (cartes à puce qui servaient à téléphoner), avec leur petit texte au dos au moins c'était plus populaire, ce n'était pas réservé à une pseudo-élite et ça brassait tous les genres…
Ceci étant dit (écrit), le livre est dense et n'est pas facile à lire car la réflexion se traduit par des phrases employant beaucoup de mots recherchés, avec des phrases à structure assez complexe, le tout sans chapitre clairement identifié, en bref, il faut suivre… J'aurais préféré davantage de clarté dans le découpage des chapitres avec des thèmes clairement annoncés plutôt qu'un texte qui donne parfois l'impression d'un enchevêtrement de réflexions s'enchaînant les unes après les autres, bien que tournant certes toutes autour du même thème : celui de l'art contemporain, de sa récupération par le monde de la Finance, ses magnats et les maisons de luxe qui a pour effet de nous asservir et d'éteindre en nous toute parcelle de sensibilité ou étincelle de contestations artistique, faisant de nous des troupeaux consentants malgré nous à la perte des valeurs et en particulier de « Ce qui n'a pas de prix », ce livre est une réflexion sur la beauté, sur ce qu'elle est devenue et sur l'urgence de nous la réapproprier en allant au-delà de la peur dans la pensée (p170), sur laquelle mise la marchandisation du monde pour annihiler l'inspiration, le livre se conclut avec une réflexion sur « L'Out-sider art » (p152-160), sur ceux qui, à l'instar du fameux facteur cheval, ont ignoré ces peurs, précisément parce qu'ils étaient en marge de la société et que c'est précisément en prenant de la distanciation que nous arriverons à nous réapproprier au plan individuel ou collectif la beauté et son authenticité contenue en chacun d'entre nous.
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