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Critique de GeorgesSmiley


Je suis assez étonné de constater que l'audience de John le Carré est aujourd'hui bien loin de refléter la notoriété et la qualité de son oeuvre. Pourquoi si peu de lecteurs, si peu de commentaires pour une oeuvre dont douze romans ont été portés à l'écran avec des interprètes du niveau de Richard Burton, Anthony Hopkins, James Mason, Diane Keaton, Pierce Brosnan, Jamie Lee Curtis, Alec Guiness ou Ewan Mac Gregor ?
La Maison Russie, adaptée au cinéma en 1990, n'a rien à voir avec une énième aventure de 007, en dépit de la présence en haut de l'affiche de Sean Connery associé à Michelle Pfeiffer. Il me semble que, pour un néophyte, cette aventure éminemment romanesque serait une introduction idéale à l'univers de John le Carré qui associe à une langue impeccable des destins individuels, des personnages complexes souvent bouleversants et des réflexions philosophiques et politiques de qualité.
Ici, il est question de littérature, de secrets bien sûr, mais aussi d'idéalisme, de sacrifice et d'amour sincère et altruiste. On y découvre de nombreux aspects de la vie quotidienne du Moscou des années 80, dans le milieu littéraire et les coulisses de la foire du livre entrouverte aux éditeurs étrangers sous le regard vigilant et indiscret d'un KGB nullement désarmé par la Perestroïka (reconstruction) et la Glasnost (transparence). On y apprécie un personnage aussi magnifique qu'excentrique, le genre de type, cultivé, amusant et volubile, qui illumine votre soirée ou votre week-end avec son saxophone et ses histoires drôles, et sait charmer en un clin d'oeil deux gros bras de la CIA ou le président de l'union des écrivains soviétiques. Un personnage volage et flambeur, capable d'appeler sa fille au téléphone vers une heure du matin pour lui demander « pourquoi les rhinocéros se peignent-ils en vert ? » mais aussi, alors qu'ils sont tous les deux ivres morts, de promettre à Goethe : « si vous arrivez à être un héros, je serai un être humain digne de ce nom ».
Qui est le mystérieux Goethe, que les artistes moscovites révèrent et qui ne veut parler qu'à Barley ? Les hommes du MI6 et de la CIA aimeraient bien le savoir. Goethe sera-t-il héroïque, Barley tiendra-t-il sa promesse ? Espion par hasard et par amitié de beuverie, trouvera-t-il l'amour véritable ou un destin fatal ?
Pour le savoir, interrogez « les hommes en gris » de la Maison Russie et partez avec Barley pour la foire du livre de Moscou. Vous y entendrez les espoirs de liberté des écrivains russes, tandis que le KGB vous écoutera. Vous croiserez la belle Katia qui vous expliquera comment deux billets pour la Philharmonique deviennent deux chemises de cow-boy pour ses jumeaux et son père vous contera ses combats de Leningrad pendant la Grande Guerre Patriotique. Sur la tombe de Pasternak, restez près de Barley qui récite la première strophe de « Prix Nobel » et ne le quittez pas de la soirée, sauf si vous n'aimez pas la vodka. Bon voyage et vive John le Carré !
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