Voilà un beau et court livre de 125 pages.
Le mot reconnaissance me vient à l'esprit et, jouant sur les mots comme le fait parfois l'auteur, il s'agit d'une double reconnaissance.
Celle envers un père qui aura trimé toute sa vie pour remplir son devoir d'homme de mari et de père.
Et celle, re-connaissance de soi même pour qui veut bien réfléchir au delà ce qu'il est et ici d'où il vient plutôt que d'être simplement que ce qu'il est.
La différence entre ces deux approches, l'une ouverte à la réflexion donc à la progression, l'autre se suffisant à elle même, restons comme on est, ce qui est on ne peut plus discutable pour les associaux, égocentrés, violents de tout type et autres gracieusetés du même ordre.
Un homme sans titre est le père de Xavier le Clerc, alias
Hamid Aït-Taleb ou l'inverse.
Pour survivre, tu as dû te nourrir de racines, puis ( jouons sur les mots ), te déraciner.
Autre époque, pas si lointaine, autre contrée, la Kabylie où c'était pire qu'ici, la France..
Le père grandit dans la pauvreté en ces jours où parfois on ne mange qu'un jour sur trois le peu qu'il y a. Pas d'instruction, le travail dès que possible, le colonialisme dont l'exploitation frise l'esclavage, la révolte et la guerre d'Algérie, chapitre peu développé dans
un homme sans titre.
Puis l'appel de la France en mal de main d'oeuvre. Une vie d'HLM et d'ouvrier où le plaisir ne semble pas avoir droit de cité.
Ajoutons un mariage arrangé avec une jeune cousine comme c'était l'usage, des enfants en nombre, et une photo du père en fin de livre que je regarde en me disant quelle vie, il a fait ce qu'il a pu et il mérite bien cette reconnaissance, valeur dont la société actuelle semble être en manque.
Quelques commentaires.
- Ce souvenir de ce jeune patient dont les grand parents vivaient dans une ferme avec pour seul sol, de la terre et de la paille battues. C'était mieux qu'un repas sur trois mais tout de même. Avant, c'était autrement et ce n'est pas si loin.
- Combien d'anonymes pas plus titrés que l'homme sans titre.
- La mère, aura t elle elle aussi sa reconnaissance.
- Que sait on vraiment de la vie de quelqu'un et doit elle se limiter à ce que l'on en a perçu, fut elle celle via le regard d'un fils.
- le temps qui semble avoir passé trop vite faute d'une écriture d'auteur qui ne s'est pas arrêté sur ces journées où il se passe pourtant tant de choses.
- le père assis sur son banc, à quoi pensait il ?
L'homme sans titre, c'est aussi quelques éléments de début et de vie de l'auteur.
Un homme sans titre. le mot reconnaissance me vient à l'esprit et cela est réconfortant. Si les reproches et les règlements de compte sont d'actualité, n'oublions pas tout ce qu'il y a de positif en chacun d'entre nous et tâchons de faire évoluer la vie au mieux plutôt que de nous faire croire que nous détruisons tout.
Le mot de la fin. Une lettre de Xavier à son père Mohand-Saïd, que celui ci n'aura jamais lue mais qui s'adresse à tous. le réconfort du devoir accompli, c'est bien.