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Critique de fanfanouche24


Il me parait très compliqué et hasardeux de rajouter une einième critique après toutes celles déjà réalisées et excellentes...

Je vais toutefois me lancer... Car ce premier roman est un petit trésor de talent, sensibilité et réconfort... qui aborde moult sujets délicats: la solitude que nous ayons huit ans comme Marion ou soixante- dix ans comme Anatole, la différence, la vieillesse, les blessures de l'enfance, ...la difficulté de comprendre l'Autre... J'entends déjà quelque "mal embouché" pester contre trop de bons sentiments qui ne peuvent pas faire de "vraie littérature"...
Eh bien, ce premier roman est la preuve vivante du contraire .Car en plus des thématiques soulevées... Les livres, la littérature sont au centre de ce roman. Les livres viennent à la rescousse des humains qui sont en peine ou qui ont eu du mal à communiquer...La littérature fait lien entre les êtres, les aide à réfléchir sur leur parcours, sur leurs rapports avec les autres...

Cette petite fille, Marion ravagée par le départ de sa maman tente de trouver des moyens pour résister à son désespoir... "Que raconte-t-elle aux fourmis d'un air si sérieux ? D'où tient-elle cet étrange pouvoir d'attirer les chats ? Perçoivent-t-ils eux aussi cette once de gravité dans ses mouvements, ce voile de mélancolie sur son regard qui donne envie de poser une main sur sa tête et lui murmurer des paroles apaisantes ?
Quelle étrange petite fille ! Ses compagnons sont des chats, des fourmis, des livres et le frémissement des feuilles dans les arbres. Jamais son rire ne résonne dans le jardin. Cette enfant est bien trop sérieuse. Un vieux croulant comme lui qui passe ses journées à lire et ruminer, cela peut se comprendre, mais là, c'est du gâchis" (p.18)

Cette petite Marion , du haut de ses huit ans se prend d'amitié pour ce vieux voisin, professeur de français à la retraite, devenu bougon par un trop plein de solitude... La rencontre avec cette petite fille, l'envie de l'aider dans sa peine, vont lui redonner l'envie de vivre, de se battre...
"Anatole soupire. Une vie sur l'estrade à expliquer, analyser, plaisanter, écouter, corriger, une vie de patience à partager, parfois dans le vide, sa passion de la littérature, tout cela pour finir seul devant les chaînes d'info.
Et alors qu'il n'espérait plus rien, cette petite fille s'installe sous le bouleau et se met à parler aux chats, au vent et aux nuages".(p.18)... "Il lit quelques pages à une enfant, échange trois mots avec elle, et déjà il l'attend comme le Messie"

Marion, avec son regard tout neuf ,en remontre aux adultes. Curieuse de tout, elle est sensible à ce qui l'entoure: la nature, les animaux comme les êtres qu'elle tente de comprendre et non de juger. Une belle leçon de tolérance et d'amour de la vie. Une affection immense se construit entre Marion et Anatole, sans ce regard restrictif que nous pouvons avoir sur nos seniors...

Ce "road movie" insolite entre quatre êtres très dissemblables, qui partent au Maroc, rechercher la maman de Marion, va permettre qu'ils s'apprivoisent les uns et les autres : "L'affection qui lie ces individus si différents est palpable. Tout dans leurs gestes, leurs mots et leurs regards indique qu'ils ne sont plus simplement liés par l'envie commune de la retrouver, mais par des sentiments plus forts, qui ont pris racine en eux et grandi pendant ce voyage" (p.277)

Mille choses à dire et à puiser dans ce texte. Je ne rentre pas dans le descriptif détaillé de l'histoire, d'autres "babéliens" l'ont fait très bien...avant moi.

Je finis sur l'ouverture du Voyage, de la création artistique sans oublier le voyage immobile avec la Littérature...tout est construction et apprentissage des autres...

Nos protagonistes arrivent à Tanger : "C'est dans cette ville conquise et reconquise par des civilisations différentes, où se côtoient plusieurs langues ainsi que des mosquées et des cathédrales, que de grands hommes sont venus créer des oeuvres qui toucheront des millions d'individus sur plusieurs générations. Delacroix, puis Matisse, qui a trempé son pinceau dans les couleurs de Tanger pour donner naissance à une vingtaine de toiles; l'écrivain américain Paul Bowles, qui s'y installa, invitant Truman Capote et Tennessee Wiliams, à leur tour envoûtés. (p.242)
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