La misère n'embellit personne.
C'est une idée de ma mère. Elle pense que quand on est mort on devient beaucoup plus libre. Tu comprends, c'est notre corps qui nous retient et qui nous pèse. Une fois que l'on est débarrassé de lui,tout devient facile. Rien ne nous arrête. On va où on veut, aussi vite que l'on veut. On retrouve les êtres que l'on aime et qui sont encore vivants, qui ne sont pas encore dépouillés de leur carcasse...
Il éprouvait une sensation curieuse. Les mises en garde et les coups de gueule font partie de l'amour, mais il l'ignorait. Il manquait d'expérience.
Un grand avenir, vous savez, l'automobile. Dans quinze ans, vingt ans, tout le monde aura la sienne.
C'était devenu un être jeune, inconsciemment courbé sur sa souffrance, maigre, les yeux vides, qui palpitait comme un oiseau blessé, plongé dans une dérive sans fin, d’où émergeaient des ordres criés dans la brume et des appels tendus vers sa mère, du fond de son naufrage.
L'autorité vient naturellement. Quand on la brusque, elle s'en va.
Ne pas oublier deux cochons vivants qu'on tuera l'un le 14 juillet, l'autre le 15 aout, et surtout le " boujaron", le mot-clef pour les terre-neuvas, le mauvais rhum qui fait oublier le froid, l'humidité, la fatigue, la douleur.
San Francisco, c'est pas vraiment une ville. C'est des images qui s'entrechoquent, le soleil rouge le soir, au-delà de la Golden Gate, les odeurs de bière et les vapeurs salées, les milliers de petites lumières jaunes qui s'allument les unes après les autres.
C'est l'enfer qui a inventé le paradis, c'est bien connu... Nous , on a déjà eu droit au désespoir, c'est normal qu'on ait notre part de bonheur.
Dans le fond, elle est fragile à force de générosité. Il n'y a que les avares qu'on ne peut pas ruiner.