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Critique de Philemont


Terremer est un archipel où les îles sont innombrables et dans lesquelles coexistent hommes, divisés entre Hardiques et Kargues, et dragons, concentrés essentiellement dans les îles les plus occidentales. La vie y est parfaitement codifiée, en particulier du point de vue de la caste des magiciens dont les plus éminents d'entre eux sont formés au coeur de l'archipel, sur l'île de Roke. le cycle nous en raconte une partie de l'Histoire, celle dont la Geste de Ged est au coeur.
Le premier volume, Terremer, est en fait la réunion de la trilogie initiale, publiée entre 1968 et 1972. le sorcier de Terremer est consacré à la jeunesse de Ged et à la manière dont celui-ci est passé du statut de chevrier orgueilleux à celui de mage, avec la sagesse qui lui est indissociable. Dans Les tombeaux d'Atuan, Ged est confronté aux prêtresses d'un sanctuaire Kargue et ne devra son salut qu'à un allié pour le moins inattendu, Tenar, la Grande Prêtresse elle-même. Dans l'ultime rivage, Ged est devenu Archimage, le titre le plus prestigieux sur l'île de Roke ; pourtant, partout ailleurs dans Terremer, la magie semble perdre son pouvoir ; Ged part alors en quête d'une explication, et d'une solution, en compagnie d'un jeune prince.
Tehanu, bien qu'écrit 18 ans après L'ultime rivage, reprend le cycle là où il s'était arrêté et nous fait vivre les retrouvailles de Tenar et de Ged, trente ans après leurs premières aventures communes. Contes de Terremer est un recueil de cinq nouvelles nous plongeant dans l'Histoire de Terremer, remontant progressivement de la fondation de l'école de Roke à un épisode servant de pont entre Tehanu et le vent d'ailleurs, ultime épisode du cycle. On y trouve également une description détaillée de Terremer en fin de volume. le vent d'ailleurs voit les dragons menacer de nouveau les hommes, après plusieurs siècles de calme relatif. Je suis conscient que ce rapide synopsis du cycle ne le sert pas forcément, l'histoire ne semblant briller que par sa simplicité, se fondant sur une thématique maintes fois utilisée, et rarement de la meilleure façon qui soit. Et pourtant j'invite le lecteur potentiel à ne pas s'arrêter à cette vulgaire prose pour se plonger dans celle d'Ursula K. Le Guin, bien plus évocatrice. En effet, la simplicité apparente de l'intrigue cache un fond beaucoup plus subtil. Terremer est en effet une véritable leçon sur la vie et la mort, se construisant peu à peu, et qui nous amène à prendre conscience que l'Equilibre du Monde, quel qu'il soit, repose sur la connaissance de soi-même (Le sorcier de Terremer), sur celle de l'autre (Les tombeaux d'Atuan), et parfois sur le renoncement, quand celui-ci s'avère indispensable (L'ultime rivage). Et finalement les simples rapports entre hommes et femmes ne sont-il pas à l'origine de bien des maux ? (Tehanu). Il semblerait en effet que l'incompréhension mutuelle des deux sexes soit en grande partie responsable des déséquilibres qu'ait connu Terremer dans son Histoire (Contes de Terremer). La leçon du cycle d'Ursula le Guin c'est tout cela à la fois, et bien plus encore (Le vent d'ailleurs).
Ce que n'est pas Terremer en revanche, c'est une Nième resucée de la Fantasy inspirée de Tolkien. Ici on ne trouve pas les créatures traditionnelles du genre. On ne retrouve pas non plus le héros invicible qui sort indemne des nombreuses batailles qui émanent son parcours. Terremer c'est plutôt une allégorie puissamment évocatrice, où la psychologie des personnages est extrêmement bien développée, ainsi que, et surtout, les relations entre ces individus. Cela n'empêche nullement l'univers de Terremer d'être parfaitement cohérent. En outre ce qui ne gâche rien, c'est que l'écriture d'Ursula le guin, ainsi que la traduction, sont d'excellentes qualité. le ton est plutôt mélancolique, triste diront certains. C'est tout simplement poétique , souvent émouvant, donnant régulièrement des frissons au lecteur.
Notons pour conclure que la force du cycle de Terremer va crescendo. Je ne peux donc que conseiller de lire les quatre volumes d'une traite. Mais que l'on se rassure, les romans sont courts et parfaitement rythmés. Et je suis certain que bon nombre des lecteurs refermeront ce cycle avec au moins une certitude : celle de le relire un jour ou l'autre. Je fais partie de ceux-là.
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