En 1715, il touche à la soixantaine, lorsqu'à Londres une crise se déclare, qui le transforme complètement dans ce sens-là. Pendant qu'il soupe de bon appétit, tout à coup, il se trouve en état de réceptivité vis-à-vis de l'invisible, ses sens corporels sont entrés dans une certaine passivité, et ses sens spirituels entrent en activité; il se voit entouré d'un brouillard et environné de hideuses bêtes, c'est-à-dire qu'il perçoit, comme on dirait aujourd'hui, l'état astral inférieur ; il traverse cet état, se retrouve dans la lumière et voit un être radieux qui lui dit : « Ne mange pas tant! » c'est-à-dire : donne moins d'aliments aux sens corporels afin que tes sens spirituels entrent enjeu et perçoivent les choses spirituelles.
C'est donc un esprit fort personnel, très original, ce que nous appelons aujourd'hui un cerveau solide, incapable de se laisser leurrer par des songes creux. Et cependant il va devenir, dans son genre, un mystique et surtout un grand voyant.
Swedenborg déteste les spéculations de l'imagination; il fuit particulièrement les mystiques et ne veut à aucun prix lire leurs écrits, alors assez répandus.