AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La fille du chien (5)

"elle entend très distinctement la chute
interminable
de chaque feuille
(...)
la nature reprend des forces
la mesure des choses
n'est plus l'homme - le garçon
mais la fille du chien
la terre qui porte
leur chemin

la pensée c'est le bras
c'est la main qui avance
la jambe qui plie
la pensée c'est le chien
le poumon qui se gonfle
l'aorte qui bat
(...)
elle se gardait bien et depuis
longtemps de donner des réponses
plutôt ouvrir un livre et chercher
la poésie

sans savoir que la nature allait dévorer
son esprit lambeau après lambeau
les animaux déchiquettent sans poser
d'autres questions que celles
de la survie
(...)
épitaphe
"on te l'avait bien dit"

trop tard pour mourir jeune
(...)
Un corps est lourd lorsqu'il tombe
d'eau salée et de sang
pierres sèches dans le ventre
(...)
l'alternative consiste à fuir
ou empiler des mots
(...)
la compagnie des formes
Illisibles
(...)
elle plisse des yeux plisse le paysage
le vent le ciel moutonne magnétique
elle virevolte les talons
percent des vides aucune route
n'est fiable finalement
(...)
aucune main ne se tend pour vite
la ramener sur le bon chemin
la terre la détrousse
tant pis pour l'éboulement
(...)
il y aurait mille façons ici
de se suicider disent les longues branches
dit la falaise
dit la bête embusquée
disent-ils et dit-elle
(...)
effroyable silence
la fille s'est dégagée de la langue
(...)
puis ce point de rupture
plus rien n'avait de sens

elle qui parlait souvent
avec de vastes gestes
d'air de lumière de chair
rétrécit le mot
jusqu'à la trace
seul os
maigre
du dialogue
(...)
comme toujours en dedans
on écoute les contours
jamais l'intérieur
(...)
à ses rêves
l'endroit où il n'est plus possible
de se ressembler
(...)
de mémoire qu'elle s'autorise
ici les deuils se délient
chutent dans les crevasses
(...)
que fait-elle au juste?elle chasse
les mots dans l'épais
(...)
tout serait ainsi possible
loin

que fait-elle au juste?
elle épaule l'horizon
les becs frappent les troncs
de dépouillement en dépouillement le bleu
(...)
qui modèle qui?
(...)
ce qui compte surtout
c'est de ramasser des brindilles
que le feu ne s'éteigne pas
(...)
déclaration de chasse
la guerre contre l'animal
est ouverte
fille et chien rasent les talus
il y aura des victimes
dans les deux camps
(...)
chacun reçoit sa part de mort
(...)
c'est méconnaître l'événement d'un bourgeon
d'une visite
le miracle d'un mot
que de lui demander si souvent des nouvelles
de l'ennui
(...)
vibrations tremblements
les ténèbres deviennent
dans le noir magnésium
des fentes de lumière"
Commenter  J’apprécie          60
s’habiller encore ?
tandis que le temps s’avale de travers
vêtements de nuit et vêtements de jour perdent
leurs mailles leur tenue leur usage
encore une caresse sur le dos
admirable de l’animal
Commenter  J’apprécie          60
À la chronique des chiens écrasés
décès de madame R.
herbe tendre
violet perfume really
the air smells like teen violet

le chien
décoiffé
la fille
chiens sur le front
les deux
errants
dans un jeu de quilles

elle se gardait bien et depuis
longtemps de donner des réponses
plutôt ouvrir un livre et chercher
la poésie

sans savoir que la nature allait dévorer
son esprit lambeau après lambeau
les animaux déchiquettent sans poser
d’autres questions que celles
de la survie
Commenter  J’apprécie          60
comme toujours buter
sur le visage opaque de la ville
comme toujours en dedans
on écoute les contours
jamais l’intérieur
les injonctions pullulent
désobéir
à ses rêves
l’endroit où il n’est plus possible
de se ressembler

dans l’ombre des tombeaux
tenant au poignet la laisse du colosse
à ce moment tout est possible

la faim la soif redécouvertes
le danger redécouvert
oreilles yeux pointés avec une acuité accrue

sous le trait épais des sourcils
des trous
de mémoire qu’elle s’autorise
ici les deuils se délient
chutent dans les crevasses
Commenter  J’apprécie          50
« Pourquoi pars-tu ? »
avaient-ils demandé et elle
un sourire est-il une réponse
elle ignorait les recoins du monde
venue vivre ici elle ignorait jusqu’au goût
de la terre et les immensités
des saisons

sur la couverture noire du livre
petits mouvement circulaires
elle essuie les traces
les taches de gras s’élargissent
puis s’effacent
le noir de la couverture brille en-
dessous des mots de poétesses

si l’on veut entendre femmes
écrire poétesses
poète est neutre cependant
qu’un poète n’est jamais neutre pense-t-elle

le livre repose dans la cuisine il
ne traîne pas il y habite demeure
sur la table près de l’assiette unique

elle décolle son bassin
appuyée sur le plan de travail devant
elle du vide du temps
elle gratte sa gorge sa voix s’ébrèche

que de jours ont passé depuis hier déjà
le monde a changé le monde bascule
elle entend très distinctement la chute
interminable
de chaque feuille

délicatement très délicatement elle broute
sur son bras la ligne verte
des fougères les crosses fondent
sous sa langue jusque sous ses aisselles
c’est tendre

elle avait dépassé le caprice
son départ véritable elle le ressentait
dans la condescendance des nantis
tout urbain se sent nanti

« Avait-elle été ainsi ? »
interrogeait sa bouche contre
l’oreille du chien
l’un et l’autre resserrés
dans le silence
Commenter  J’apprécie          30




    Lecteurs (5) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1231 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}