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EAN : 9782953608366
Les Doigts dans la Prose (17/06/2014)
4.22/5   9 notes
Résumé :
Le viol de mon corps de ma bouche de ma vie de demain.


Comme pour Rouge pute, Perrine Le Querrec emprunte la forme poétique pour dire et faire entendre l’indicible.
Une expérience brutale, proche, s’il est possible de l’être, des sensations et des émotions des femmes qui subissent ces viols. La violence physique. La violence du silence. La violence des lendemains sans autre horizon.

« 67 matins je me suis réveillée et mon... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« 67 matins je me suis réveillée et mon premier geste mes premiers mots ont été pour elle.
67 matins j'ai inscrit en haut de ma page « C'est tout noir et marche devant seule droite avance en face debout » puis les mots qui me tenaient près d'elle.
67 matins alors que le procès avait lieu, alors que 67 fois encore elle était mise à mort dans l'arène du tribunal, de tous mes mots je tentais de bâtir des pages où on l'écouterait.
J' ai écrit ce livre durant le procès appelé par les médias, procès des "tournantes de Fontenay".
Aujourd'hui malheureusement, atrocement, ce livre doit être de nouveau écrit, de nouveau entendu.
Je pense à Shaïna, "l'Affaire Shaïna", comme écrivent les médias : procès pour viol en réunion sur l' adolescente de 13 ans, brûlée vive deux ans plus tard. Et des décisions de justice qui la tuent une seconde fois. »

Les mots de Perrine le Querrec, au sujet de ce Prénom a été modifié, parlent d'eux-mêmes : tout comme elle le fera avec Rouge pute quelques années plus tard, elle fait le choix de prendre la parole, par la poésie, pour celles qui ne le peuvent pas, comme celle qui, ici, à ses seize ans, a vécu l'enfer des tournantes dans une cave, à celle dont le procès a été largement médiatisé et a donné lieu à des peines plus que dérisoires, remettant, encore une fois, la parole de la femme violentée en doute.

En une boucle de brefs textes commençant et se terminant toujours par les mêmes vers, l'autrice raconte, imagine, en suivant le procès des tournantes de Fontenay, l'horreur de la situation même du procès pour celle qui revit traumatiquement ses multiples viols et violences depuis plus de 15 ans, celle qui survit dans la peur, dans la honte, dans une culpabilité même, qui ne s'explique pas.

Et les mots, encore une fois, percutent, touchent au coeur, dans leur crudité dérangeante mais nécessaire, dans leur martèlement violent qui fait sentir le traumatisme irrémédiable, réveillé puissance 1000 chaque matin du procès pour celle qui, la seule, a choisi de conserver sa plainte et de faire appel face à un verdict inhumain.

L'histoire d'une femme, mais, finalement, celle de nombre d'autres d'entre elles, qui ont aussi fait le choix de parler, ou au contraire de se taire, au sujet de violences de toutes sortes subies à un moment ou à un autre. C'est une lecture intense, violente, mais salutaire, tant pour dénoncer l'issue du procès que pour mettre au jour les conséquences de telles violences au quotidien.
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Le procès des "tournantes de Fontenay" sous les mots de Perrine le Querrec, sous les silences et les kilos aussi. C'est si juste, comme toujours avec Perrine le Querrec. Un texte de colère, de combat, de justice réclamée. Difficile à commenter, il faut le lire, c'est tout.
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La chair et l'esprit déchirés par ce que des médias complaisants persistent à nommer « tournantes » plutôt que « viols ».

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/07/08/note-de-lecture-le-prenom-a-ete-modifie-perrine-le-querrec/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
On est en Guinée en RDC au Rwanda, on est à Tunis au Caire à Delhi, on est dans un pays en guerre les viols c’est l’arme lourde, on est à Paris dans une cave du 20e, je suis à Fontenay-en-France, c’est ma guerre.
On est dans ma chair. Ils sont dans ma chair. Ca fait 15 ans que c’est hier et qu’ils sont dans ma chair.
Le saccage collectif
saccage organisé.
Ils me crachaient dessus avant pendant après.
Après.
15 ans.
5500 jours.
Je ne suis pas restée enfermée dans l’appartement 5500 jours. Les 1000 premiers peut-être.
Peut-être plus. Et maintenant encore parfois.
Sinon dehors c’est les recroiser.
Personne ne m’a proposé d’ailleurs. Juste me dire Viens et que ce ne soit pas la cave. Alors les recroiser le hall les boîtes aux lettres la cave les escaliers les portes la cave les flaques de pisse les tags les odeurs les façades le local à poubelles la cave.
Je m’assois par terre étourdie.
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J’ai un jogging noir tous les jours le même, dedans mes 120 kilos mais 70 ne sont pas à moi. Je sais compter.
Je veux qu’ils arrêtent de dire les tournantes, le procès des tournantes, j’ai un nom, j’ai un prénom. Même eux ont un nom, un prénom.
Les tournantes, comme si c’était un jeu.
À votre tour de jouer. Avec de l’encre une cave une enfant vous écrivez quoi ? Vous cachez les noms vous inventez une vérité que vous lisez du bout des bras.
J’ai jamais joué.
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Videos de Perrine Le Querrec (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Perrine Le Querrec
Accompagnée par Nemo Vachez Rencontre animée par Mélanie Leblanc Qu'elle publie de la poésie, des romans ou des pamphlets, Perrine le Querrec écrit par chocs successifs, fait parler les silences, travaille l'espace de la page, entraînant ses lecteurs dans des univers d'une grande singularité.
Elle propose ce soir une lecture musicale portant sur des extraits de deux recueils publiés en ce début d'année. Dans Warglyphes, l'écrivaine tente de décoder le langage de la guerre. Elle analyse sa grammaire, scrute ses manifestations, inventorie ses formes, parcourt son atlas. Tout autre programme avec La fille du chien : « le chien pour guide, quitter la ville. Apprendre une vie lente, foisonnante. Chaque jour en inventer la langue. »
À lire – Perrine le Querrec, Warglyphes, éditions Bruno Doucey, 2023 – La fille du chien, éditions Les lisières, 2023.
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