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Citations sur Malentendus (7)

Ce n'est pas seulement cette étrange manie si courante à l'échelle des familles comme à l'échelle du monde, de vouloir faire le bien des autres, serait-ce à leur corps défendant, serait-ce malgré eux. C'est aussi l'amour que l'on dit parental, sachant si mal ce qu'il peut être, cet amour, ce que nous faisons au quotidien des jours; ce qu'ils en font, vraiment, ces pères, ces pères pleins d'amour, qui veulent aimer leurs enfants, les protéger, leur donner tout l'amour dont ils disposent, sans parvenir cependant à aimer ce que profondément sont ces enfants, ou ce qu'ils deviennent, qui voudraient tant qu'ils soient autres que ce qu'ils sont, est-ce si rare ? Et pourtant... Avons-nous tant de raisons de nous croire forts d'un savoir stable et sûr ? Ne vaudrait-il pas mieux croiser les doigts dans l'espoir que nos enfants y arrivent un peu mieux que nous, à vivre sous un ciel vide, libérés du carcan des superstitions religieuses, mais enfermés en nous-mêmes ? A devenir bilingue, peut-être, d'apprendre à parler l'amour...
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Si c'est la parole des hommes qui révèle la parole de Dieu, alors on voit bien tout le problème que peut représenter le sourd. S'il faut « faire parler » des sourds, s'il faut d'une certaine manière expulser du sourd ce qui fait qu'il est sourd pour le rendre à la normalité, ce n'est pas pour aider les sourds c'est pour la parole elle-même, la parole pure comme disaient les ayatollahs de Milan, pour sa capacité à circuler, inséminer, gagner les esprits sans rencontrer d'obstacles. Et l'obstacle, c'est le sourd. 
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Pourquoi est-il si difficile de ne pas se prendre les pieds toujours dans le même tapis du passé, pourquoi n'est-on jamais capable de se parler, simplement, laisser parler l'amour au barrage de ses dents, et partager enfin ce qui demande à l'être, la vie, si brève, si brève pourtant... Si difficile, même lorsqu'on l'éprouve, de réussir à dire l'amour, d'apprendre à le partager, à le parler, l'amour, cette langue étrangère dont on sait bien qu'elle engage, autant que les mots, les gestes, les caresses ou les regards, tout le corps au fond.
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L'avenir serait donc tout autre que ce qu'inconsciemment ils imaginent, ce qu'il n'avaient même pas eu besoin d'imaginer, à dire vrai, tant c'était l'évidence; l'enfant qu'ils projetaient dans mille situations ordinaires ne les connaitra jamais, en tout cas jamais sous la forme qu'ils leur prêtaient, il ne sera jamais celui qu'ils avaient cru qu'il serait, le pianiste, le conquérant, le joyeux drille, il n'aura donc jamais été celui qu'ils pensaient qu'il était, et eux non plus, autant dire, ne sont pas du tout ce qu'ils pensaient qu'ils étaient?
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Il a raison, je crois, Julien. Notre père ne supportait pas la surdité, il ne supportait pas que sa parole de père se heurte à un mur, qu'elle ne l'envahisse pas spontanément pour l’inséminer comme ses autres enfants, et il était incapable d'imaginer qu'il y a d'autres moyens de communiquer, d'échanger, que la parole. Les gestes, mais tout le corps aussi, le regard, le toucher... Il supportait d'autant moins ce mur que le mur est invisible.
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Et tu écris dans tes lettres que papa qui est sévère a quand même énormément de peine parce qu'il m'aime (…), mais il ne supporte pas que l'un de ses fils soit sourd. C'est juste la honte pour lui. Alors tout ce qu'il a fait avec moi ce n'est pas pour moi, c'est pour arracher le sourd de moi, comme un clou avec une tenaille ! Il voulait me réparer. Mais je ne suis pas une machine.
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Toujours, le tragique déboule à notre insu pour lacérer d'un seul geste éblouissant les voiles que nous tissons au quotidien des pensées mécaniques, au rouet des phrases, au fil des mots, celles que nous tramons à même nos vies, le voile de l'illusion mais aussi bien celui du savoir. C'est là sa jouissance : l'instant tragique est une révélation, toutes les certitudes quant à l'avenir et donc au passé qui y aura mené explosent dans une lumière insolite, fixant à jamais la scène sur la pellicule de la mémoire sensible (…).
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