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Critique de Polars_urbains


Il y a deux romans dans La bête en cage de Nicolas Leclerc, un polar rural montagnard (neigeux) et un thriller. Côté rural, c'est intéressant et instructif avec des évocations précises des difficultés du monde agricole et des éleveurs qui triment dur pour essayer de joindre les deux bouts et satisfaire aux exigences de la PAC. Il y a aussi les urbains ou péri-urbains condamnés à galérer entre Pôle-emploi, les boites d'intérim et les petits boulots, tout ça pour pas grand-chose, de « l'argent qui sort aussitôt qu'il rentre ».

Ce sont ces vies difficiles qui entrainent le roman vers le thriller. Car, à force de privations et de fins de mois serrées, certains ont accepté des combines pas très nettes pour s'en sortir. Samuel, un éleveur de vaches laitières, son oncle et son cousin, par exemple, complètent (largement) l'ordinaire en transportant de la drogue entre la Suisse et la France pour un réseau de mafieux kosovars. Jusqu'au jour où le convoyeur est retrouvé mort dans sa voiture au fond d'un ravin, avec, en prime, plus de cent kilos de cocaïne envolés. On se doute que les commanditaires n'apprécient pas. Et l'histoire s'emballe quand ceux qui ont mis la main sur le pactole se voient déjà gagner des millions.

A partir de là, tout part en vrille, les événements s'enchaînent et les cadavres s'accumulent. Thriller classique. le hic, c'est que l'on a du mal à entrer dans l'histoire. Je m'explique : même dans une oeuvre de pure fiction, il faut quand même un minimum de crédibilité et, dans le cas présent, le lecteur peine à croire que des personnages terriblement banals, aux vies étroites, par ailleurs embringués dans des relations familiales et amicales conflictuelles – Cloé, une junkie plutôt brave fille mais esquintée par la vie, un garagiste vivant mal son divorce, un chômeur coincé entre ses bières et la télé… – se sentent pousser des ailes au point de se croire capables d'en remontrer aux meilleurs. Bref, ils ne doutent de rien et n'envisagent à aucun moment les conséquences une fois pris dans un engrenage infernal. Comment ne pas sourire par exemple en les voyant utiliser comme des pros les « téléphones de guerre » ou quand Cloé vérifie négligemment le chargeur du Beretta – « … cinq balles, Amplement suffisant. » – qu'elle vient de récupérer.

Cela dit, La bête en cage reste un thriller plutôt enlevé, bien évidemment hyperviolent comme l'exigent les codes du genre, et dont aucun des protagonistes, si ce n'est Cloé grâce à un fort instinct de survie, ne sort grandi. A défaut de leur pardonner, on peut les comprendre car, au-delà de l'appât du gain, n'est-ce pas finalement la misère économique et sociale que connait la région qui pousse ces antihéros à prendre des risques insensés ? Au risque de se perdre en espérant trouver une vie meilleure.
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