Entrevue télé par Denise Bombardier, émission Lenvers de la médaille, Radio-Canada, 1991.
La foule exaltée se composait d’Inactifs qui s’étaient privés de l’essentiel pour assister à l’événement. Quant aux Actifs et aux riches, ils avaient plutôt choisi le confort et la sécurité de leur salon (…) Gonflés à bloc par les campagnes de promotion, les spectateurs remuaient dans les gradins comme un liquide sur le point de bouillir.
- Selon moi, nos montre fonctionnent encore. Si elles n'avancent plus, c'est que parce que le temps, ici, n'existe pas!
Il nous a balancé ça comme on jette une pierre dans une mare. Dans mon crâne, ça a fait plouf! et des millions de gouttes m'ont éclaboussé l'esprit.
J'ai levé lentement les yeux et, pour la première fois depuis la disparition de mes parents, j'ai vraiment regardé le ciel.
Je me suis alors aperçu à quel point il était noir! monstrueusement noir! Sans une étoiles, sans lune, sans rien dedans. Il ressemblait à un gouffre suspendu au-dessus du monde.
«Maxime, c’est moi quand j’avais douze ans. À son âge, moi aussi j’étais sensible, honnête, intelligent et «Maxime, c’est moi quand j’avais douze ans. À son âge, moi aussi j’étais sensible, honnête, intelligent et
courageux. Mes parents étaient ordinaires et mes amis un peu fous. Surtout, je rêvais de vivre des aventures courageux.Mes parents étaient ordinaires et mes amis un peu fous.Surtout, je rêvais de vivre des aventures
semblables à celles de mes héros préférés. Vous savez, ce genre d’histoires un peu fantastiques, parfois semblables à celles de mes héros préférés. Vous savez, ce genre d’histoires un peu fantastiques, parfois
terrifi antes, avec des dragons, des vampires, des voyages dans le temps et des maisons hantées. terrifiantes, avec des dragons, des vampires, des voyages dans le temps et des maisons hantées.
Ah oui, Maxime, c’est tout à fait moi! Avec une différence, cependant. Une assez grosse différence. Lui,
les histoires, il ne se contente pas de les rêver. Il les vit!
Maintenant que je suis grand, c’est à moi de raconter ses aventures. Je frémis souvent, rien qu’à les
écrire. À bien y penser, Maxime est peut-être plus courageux que moi.» Denis Côté
Cette idée a fait grandir ma peur. Stupidement, j’ai imaginé un groupe de gens venus exprès pour moi : les membres de la secte à laquelle M’ling appartient ! Leurs visages étaient cachés derrière un masque identique au sien. Ils étaient tous gros, ils portaient une robe et ils ne se parlaient pas.
Dans mon rêve éveillé, je les voyais escalader le mur extérieur en s’agrippant à la pierre, puis entrer un à un par la fenêtre de ma chambre. Tandis qu’ils m’entouraient, j’étais incapable de faire le moindre geste ! Les gros hommes à la face sans expression tendaient leurs mains vers moi ! Et ils s’approchaient petit à petit, ils s’approchaient jusqu’à me toucher !
Ébranlée par ces images, je me suis levée et je suis allée à la fenêtre. Ma nausée du souper était en train de réapparaître.
Le ciel était sans nuages, et la lune éclatante me permettait de distinguer presque autant de détails qu’en plein jour. Un mouvement a attiré mon attention sur un bouquet d’arbres situé à une trentaine de mètres de la maison. Cette partie des jardins était toutefois dans la pénombre.
Au milieu d’une petite clairière, j’ai vu un marcheur. Puis un deuxième est arrivé, et un troisième. Quand ils se sont arrêtés, j’en ai compté cinq. Les arbres jetaient trop d’ombre pour que je les voie distinctement.
Un homme assez grand se trouvait à leur tête, et j’ai cru reconnaître la silhouette d’Antoine ! Les quatre autres étaient trapus. Ils se tenaient le dos courbé en balançant les bras d’une manière bizarre.
On aurait dit des singes ! Oui, c’est ça, des gorilles peut-être !
Dans tes propos, mon cher Pouce, j'ai reconnu la voix de la raison. Mais quelle satanée mouche m'avait donc piqué ce jour-là? On aurait dit qu'il ne restait plus une once de sagesse dans ma caboche.
Indiquant le chemin de terre, j'ai annoncé que je continuais. Aussi folle que moi, Jo a déclaré qu'elle n'abandonnerait pas Monsieur Toc le jour de sa libération.
Toi, tu nous observais, l'air découragé :
- Si vous avez envie de vous faire tuer...! Moi, je m'en vais avertir la police. Désolé!
Au moment où tu t'éloignais, j'ai failli retrouver mon bon sens. J'ai jeté un coup d'œil à Jo, qui m'a regardé elle aussi. Aucun de nous deux n'a flanché.
La forêt s'est donc refermée sur nous. Le cœur serré, attentifs au moindre bruit, on a suivi le chemin de terre. Après un kilomètre environ, on a entendu une exclamation et on s'est planqués en vitesse dans le sous-bois.
Mais le cri ne nous était pas adressé. Abandonnant nos vélos, on s'est faufilés jusqu'à la lisière des arbres.
Un aéroport privé s'étendait devant nos yeux. Sur le bord de la piste, la fourgonnette noire était stationnée parmi d'autres véhicules.
Deux bandits sont sortis d'un hangar en poussant devant eux Monsieur Toc. On les a perdus de vue lorsqu'ils ont contourné un camion.
Toujours déterminés à jouer les héros, on a quitté la forêt et on s'est dissimulés derrière une caisse. Elle était immense et ouverte d'un côté.
On venait à peine de se cacher, quand on a entendu des pas qui se dirigeaient vers nous. La panique nous a saisis et on s'est jetés dans le foin que contenait la caisse.
Mes parents disparus, la nuit tombée trop vite, cet horrible préposé à la face de caoutchouc...! Des choses pas normales, ça en faisait beaucoup en quelques minutes!
12 juillet
1h50 du matin
Il vient de se produire quelque chose.
Cela a commencé par un simple bruit. Léger. Tellement que je n’aurais pas dû l’entendre, puisque je dormais. C’était un froissement. La fenêtre de ma chambre étant ouverte, j’ai compris que ça venait de l’extérieur.
Puis le son s’est précisé. Il était semblable à celui que l’on fait en marchant dans l’herbe. Quelqu’un se promenait au milieu des jardins.
Je me suis assise au bord du lit, mal réveillée, en proie à une vague inquiétude. Je ne courais aucun danger pourtant. La personne qui marchait n’avait aucun moyen d’atteindre ma fenêtre. Et puis, pourquoi serait-on monté jusqu’ici?
Seule dans cette chambre, je me sens menacée. Mon mal de cœur va en empirant. J’aurais voulu verrouiller la porte, mais elle n’a pas de serrure. Je l’ai bloquée en poussant la petite commode devant. C’est idiot, enfantin. Cependant, je me sens davantage en sécurité de cette façon.
Même si ma lampe de chevet combat à peine l’obscurité, je n’ose pas allumer le plafonnier. Antoine s’apercevrait peut-être que je ne dors pas, et alors que penserait-il? Que ferait-il?
Oh ! Je me déteste ! On dirait que mon intelligence fonctionne à l’envers, qu’elle ne produit que des idées capricieuses.
C’est comme au sujet des rides sur son visage. L’explication est facile : je ne les avais pas remarquées avant, bien entendu ! J’avais cru Antoine plus jeune qu’il ne l’est en réalité !
Alors, la chatte a poussé un MMMEAO ! à me surgeler le sang. Ses yeux étincelaient, semblables à deux lucioles vertes.