Citations sur Les grandes oubliées : Pourquoi l'histoire a effacé les f.. (195)
Pourquoi a-t-on l'impression qu'introduire les femmes en histoire serait une décision politique alors que c'est les avoir exclues qui était réellement politique ? Un travail d'homme qui reconduit la domination masculine passe rarement pour militant et ne s'affirme quasi jamais comme tel. Le discours dominant et officiel parait neutre. Il ne l'est pas. Mais il parvient, par sa position majoritaire, à faire reconnaître ses choix pour de l'objectivité.
Pourtant, on peut se demander comment le fait d'exclure la moitié de la population française des livres d'histoire peut être une preuve d'objectivité. N'est-ce pas l'inverse ?
Du point de vue de l'ensemble de l'histoire humaine, la mère au foyer est une invention extrêmement récente, très liée à une culture - occidentale du XXème siècle.
Presque un accident de l'histoire.
Ce qui explique l'épuisement des mères, notre modèle actuel leur en demande trop et ne repose plus suffisamment sur cette alloparentalité.
Marianne est une femme parce que les femmes n'avaient pas accès au pouvoir. Si elles avaient eu droit à la citoyenneté, il est probable que le symbole de la République aurait été un animal ou une fleur.
L’histoire de France n’oublierait pas les femmes puisque nous avons dans notre mémoire collective un quarté gagnant : Simone Veil (48 % de citations spontanées), Jeanne d’Arc (41%), Marie Curie (24 %) et Marie-Antoinette (18%).
Quatre femmes.
Deux mille ans d’histoire.
Tout va bien.
Jeanne de France, notre reine pas devenue notre reine, devient tout de même reine de Navarre en 1328. Et puis, il y a eu toutes les régentes qui ont gouverné : Frénégonde, Nanthilde, Blanche de Castille, Isabeau de Bavière, Anne de France, Louise de Savoie, Catherine de Médicis. Mais avec l'invention de la loi salique, une fille du roi cède la place à n'importe quel homme, cousin, oncle, etc. Il est entériné que le rang est moins important que le genre, que la condition d'homme est supérieure. C'est un changement intellectuel essentiel. Le masculin l'emporte sur le rang et sur le sang.
Mais au XIXe siècle, on ne voit pas la femme comme puissante ou forte, on l’envisage comme une perpétuelle malade qu’il faut soigner à tout prix – et le prix est parfois très élevé… À la fin du siècle, on va jusqu’à pratiquer des ablations d’ovaires sains pour « calmer » les femmes.
On a tendance à représenter les femmes de la noblesse toutes maigres, avec un grand front, dans leurs longues robes, dans une tour, devant une tapisserie, avec une dame de compagnie en arrière-plan et un petit chien à leurs pieds.
Mais en réalité, elles étaient extrêmement actives. Selon l'historienne Sophie Cassagnes-Bouquet, ce qui nous a longtemps induit en erreur, c'est la littérature qui les mettait en scène. On déduisait le statut de ces femmes de l'analyse textuelle de la place de Guenièvre. Or, Guenièvre, elle ne fichait pas grand chose, à part bécoter Lancelot.
Grâce aux livres, tout le monde allait devenir plus intelligent et raisonnable. En réalité, comme pour internet, l’outil est avant tout…un outil. Ce qui importe, c’est l’usage qu’on en fait. Quand l’imprimerie sert à diffuser la haine des femmes, le progrès technique n’est pas automatiquement un progrès intellectuel et/ou humaniste.
Même pendant les périodes les plus marquées par la haine des femmes, il y a eu des femmes pour lutter. Pour parler, écrire, créer. Les femmes ne se sont jamais tues.
Il est assez drôle d'entendre dire de nos jours que les féministes iraient trop loin ou seraient trop violentes, contrairement à leurs aînées. les gens se laissent peut-être tromper par les photos de ces dames en tenue respectable, le chignon tiré à quatre épingles. La vérité, c'est que nos arrière-grands-mères attaquaient les bureaux de vote à coups de pierre. Madeleine Pelletier écrit dans son journal : "Il est certain que casser un carreau n'est pas un argument ; mais si l'opinion, sourde aux arguments, n'est sensible qu'aux carreaux cassés, que faire ? Les casser évidemment.