Elle comprend. La révélation me frappe avec la force d’une soudaine tempête. Elle comprend la délicate danse entre la lumière et les ténèbres qui me consument et teintent la passion que j’éprouve pour elle. À cet instant, le fragile contrôle que j’exerçais sur mes désirs vole en éclats.
À une époque, être qualifiée de possession ne m’aurait pas plu, mais maintenant, je comprends ce qu’il veut dire. Je sais que lui aussi m’appartient, tout autant que je suis sienne.
Elle ne répond rien. Nous savons toutes les deux que je me mens à moi-même, mais ce qu’il y a de génial avec les meilleures copines, c’est qu’elles savent quand pousser et quand arrêter.
Je lisse ma robe et ouvre la porte derrière moi. Avec un petit sourire à Alexander, je sors. Je suis incapable de lui dire adieu, encore. La dernière fois, j’ai eu l’impression d’être déchiquetée. Ce coup-ci, je pourrais bien en mourir.
Mais il me suit et s’arrête sur le pas de la porte.
– Qu’est-ce qu’il te faudrait, Clara ?
– Un autre monde, dis-je dans un murmure.
Puis j’ajoute :
– Au revoir, X.
Il faut que j’arrête de me voiler la face. Je ne survivrai pas à ça de toute façon.
C’est à moi de lui montrer qu’il ne peut pas contrôler l’amour. Mon corps se soumet volontiers à son désir, mais je ne suis pas prête à lui permettre de totalement me dominer. Je repousse sa main de mon sexe, le repoussant en même temps. Il penche la tête sur le côté et me regarde l’air circonspect. C’est lui le prédateur et je suis sa proie.
Mais sa proie n’a pas du tout l’intention de se laisser faire sans agir.
Je me suis donnée à lui en toute connaissance de cause, mais je ne m’attendais à rien d’autre qu’à une toquade. J’ai été téméraire et il y a bel et bien un prix à payer : mon cœur.
Je lui ai donné mon corps et il a pris mon âme.
L’amour ne triomphe pas de toutes les difficultés, mais de moi, si.
Alexander a le monde à ses pieds et j’étais à genoux devant lui, jusqu’à ce que nos secrets déchirent notre couple.
Je devrais garder mes distances. Je devrais partir en courant. Mais je suis accro… à sa présence, au plaisir qu’il me procure, mais aussi à la douleur.
Il m’avait prévenue, je connaissais son côté sombre… son passé. Mais moi aussi, j’ai ma part d’ombre. Ensemble, nous vaincrons nos démons… si avant, nous ne nous détruisons pas mutuellement.
- C'est vrai, dis-je en haussant les épaules. Elle aurait dû savoir que ça allait venir.
- Voir quoi venir.
- Moi, dis-je sur un ton féroce. Elle aurait dû savoir que je protège ce qui est à moi.
- Je ne pouvais pas rester loin de toi, murmure-t-il contre ma nuque. J'ai besoin de toi, mon chou.
Je lui donne un ordre :
- Reviens-moi.
- J’essaierai. Je te le promets, j'essaierai.
Et il s'en va.