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Citations sur Anthologie bilingue de la poésie allemande (57)

Paul Celan - PSAUME

Personne ne nous pétrira de nouveau dans la terre et l'argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Loué sois-tu, Personne.
C'est pour toi que nous voulons
fleurir
A ta
rencontre.
Un rien,
voilà ce que nous fûmes, sommes et
resterons, fleurissant :
la rose de Rien, la
rose de Personne
Avec
la clarté d'âme du pistil
l'âpreté céleste de l'étamine,
la couronne rouge
du mot pourpre que nous chantions,
au-dessus, ô, au-dessus
de l'épine.
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Bienvenue et adieu…


Extrait 2

Je t’ai vue, et la joie si tendre
De tes doux yeux m’a inondé ;
Tout mon cœur était près du tien,
Et tous mes souffles étaient pour toi.
Une rose aurore de printemps
Nimbait le visage charmant,
Et la tendresse - ô Dieu – pour moi !
Je l'espérais, mais sans la mériter !

Las, dès le soleil du matin,
Les adieux m'étreignaient le cœur :
Quelle extase dans tes baisers !
Et dans ton regard, quelle douleur !
Je suis parti, tu es restée, les yeux baissés
Et tu m’as suivi, les yeux baignés de larmes,
Quel bonheur, pourtant, d'être aimé !
Et d’aimer, ô dieux, quel bonheur !

6 janvier 1771

Johann Wolfgang von Goethe
(1749 – 1832)
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Rêve surcroît du dormeur…


Rêve surcroît du dormeur
empaquetée de visions
flotte la lettre

Spirale ellipse cercle
nourrissons du temps
membres morts
secoués
dans les tortures les explosions les guerres
croissant à nouveau –
Je t’aime comme tous les nuages qui passent
comme tous les vents du monde –

Figures de ténèbres
balbutiantes hérissées de frissons
persona déchiffrant la poussière
noms obscurs et scellés
tirés du fond du puits
Oural
Tibet
pays atteint du mal du soir
pèlerins cheminant sur autant de linceuls
murmurant dans l’illimité –


//Nelly Sachs (1891 – 1970)
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Cimetière juif de Prague
Pour Paul Celan


Extrait 3

Yeux bouches
de l’écriture,
cortège d’ombres d’un
souvenir, gravé,
sans yeux ici sans bouche.
Frères de la poussière
nos doigts
lisent les noms.


// Eric Arendt (1903 -1984)

/Traduit de l’allemand par Marc Petit
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  Artiste, aime
  
  
  
  
  Artiste, offre-nous ton grand cœur. Entre avec tes ailes
dans le pauvre peuple éteint. Entre dans l’air consumé des
chambres de jeunes mères, dans les hôpitaux traversés par
les cris, bondés de gens qui meurent, qui espèrent, entre
dans le souffle coupé des cachots, dans les casernes trépi-
gnées par les colères, dans les palais de justice et les asiles
des vieillards.

  Souris toujours et pardonne, comme l’ange, celui qu’on
n’a pas reconnu. Et plus ils seront vifs et bas, écrasés et
éteints, que ton chant soit plus beau, plus haut, plus clair.

  Artiste, aime !


// Yvan Goll (1891-1950)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Le cerisier
  
  
  
  
Le cerisier est en fleur, je suis assis là en silence,
Les fleurs s’abaissent presque à me remplir les lèvres,
La lune aussi descend déjà vers le sein de la terre,
Elle qui brillait si gaie, et si rouge, et si grande ;
Les étoiles indécises scintillent dans le bleu
Et ne souffrent plus de la regarder encore.


// Achim von Arnim (1781 – 1831)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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Questions



Au bord de la mer, la farouche, la mer nocturne,
Un homme est là, un homme jeune,
Le cœur plein de mélancolie, la tête tourmentée de doute,
Et ses lèvres mornes interrogent les flots :

« Ô, dites-moi le secret de la vie,
L’archaïque et cruelle énigme,
Qui plongea tant d’esprits dans le guignon,
De têtes à coiffe d’hiéroglyphes,
À turban et barrette noire,
Têtes emperruquées et mille autres
Pauvres têtes d’humains transpirants –
Dites-moi, que signifie l’homme ?
D’où est-il venu ? Où va-t-il ?
Qui séjourne là-haut dans les étoiles d’or ? »

L’onde murmure son sempiternel murmure,
Le vent souffle, et les nuages s’enfuient,
Les étoiles scintillent, indifférentes et froides,
Un fou attend qu’on lui réponde.


// Heinrich Heine (1797 – 1856)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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La chanson de Mignon

Connais-tu le pays des citronniers en fleur,
Et des oranges d'or dans le feuillage sombre,
Et des brises soufflant doucement du ciel bleu,
Du myrte silencieux et des hauts lauriers droits ?
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, je voudrais,
Là-bas, ô mon amour m'en aller avec toi.

- Connais-tu la maison ? Son toit posé sur des colonnes,
La chambre aux doux reflets, la salle lumineuse,
Et les droites statues de marbre, qui me regardent
Et demandent : « Que t'a-t-on fait, ô pauvre enfant ? »
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, je voudrais,
Là-bas, mon protecteur, m'en aller avec toi.

- Connais-tu la montagne, le sentier dans les nuées ?
Le mulet dans la brume y cherche son chemin ;
Dans les cavernes vit l'engeance des dragons ;
La pierre y chute et sur elle les eaux ;
Ne le connaîtrais-tu point ?
- Oh, là-bas, c'est là-bas,
Que mène notre route ! Ô père partons-y !.



Kennst du das Land, wo die Zitronen blühn,
Im dunklen Laub die Goldorangen glühn,
Ein sanfter Wind vom blauen Himmel weht,
Die Myrte still und hoch der Lorbeer steht?
Kennst du es wohl?
Dahin, dahin
Möcht ich mit dir, o mein Geliebter, ziehn!

Kennst du das Haus? Auf Säulen ruht sein Dach.
Es glänzt der Saal, es schimmert das Gemach,
Und Marmorbilder stehn und sehn mich an:
Was hat man dir, du armes Kind, getan?-
Kennst du es wohl?
Dahin, dahin
Möcht ich mit dir, o mein Beschützer, ziehn!

Kennst du den Berg und seinen Wolkensteg?
Das Maultier sucht im Nebel seinen Weg.
In Hoehlen wohnt der Drachen alte Brut.
Es stuerzt der Fels und über ihn die Flut.
Kennst du ihn wohl?
Dahin, dahin
Geht unser Weg.
O Vater, lass uns ziehn!
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La chanson ivre

Homme ! Fais bien attention !
Que dit le profond minuit ?
« Je dormais, je dormais,
Je me suis éveillé d'un rêve profond :
Le monde est profond,
Et plus profondément pensé que le jour.
Profonde est sa douleur ;
Le plaisir, plus profond encore que la peine du cœur :
La douleur dit « Passe ! »
Mais le plaisir veut l'éternité,
Veut la profonde, profonde éternité ! »

Friedrich Wilhelm Nietzsche

O Mensch! Gib Acht!
Was spricht die tiefe Mitternacht?
Ich schlief, ich schlief
Aus tiefem Traum bin ich erwacht:
Die Welt ist tief,
Und tiefer als der Tag gedacht.
Tief ist ihr Weh,
Lust, tiefer noch als Herzeleid:
Weh spricht: Vergeh!
Doch alle Lust will Ewigkeit...,
Will tiefe, tiefe Ewigkeit!
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Fin du monde
  
  
  
  
Le chapeau du bourgeois choit de son chef pointu,
Des espèces de cris résonnent dans les airs.
Des couvreurs font la chute et se cassent en deux,
Et les marées - lit-on – vont submerger les côtes.

L’orage est là, les mers à cloche-pieds féroces
Entrent dans le pays broyer de fortes digues.
Les gens pour la plupart ont attrapé un rhume.
Et les chemins de fer dégringolent des ponts.


// Jacob van Hoddis (1887 – 1942)

/Traduit de l’allemand par Jean-Pierre Lefebvre
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