Citations sur Simple d'esprit : Le fada de Bousieyas (29)
L'automne est doux, comme le miel. Tout doré de mélèzes qui perdent leurs aiguilles en tapis roux. Plus bas, dans les bois de feuillus, il me fait tourner la tête d'odeurs de champignons et de mousse sous son habit de prince taché de couleurs vives.
Nous, les simples d'esprit, les gens vivent à côté de nos visages déformés, de nos sourires figés comme des grimaces, mais jamais ils ne se demandent si on est heureux ou dans le chagrin, parce que chez nous ça se voit mal, alors ils nous mettent l'étiquette " d'imbécile heureux toujou coutent..."
Chez nous, il y a de la tendresse, bien plus qu'avec des mots, quand : l'échine courbatue et " lou magou " ( lou magou, pioche à deux dents ) sur l'épaule au soir de la récolte d'un sac de pomme de terre, un couple se prend la main pour regarder le ciel où le disque d'or plonge dans une mer pourpre. Et quand à la veillée, bien protégé du gel qui fait gémir dehors le vieux toit de bardeau, autour de l'Ancien, chacun tend son oreille pour ne rien oublier de la voix chevrotante qui craque avec le feu. Alors, dansent les ombres , au rythme des légendes, pendant qu'un nourrisson tète le sein de sa mère.
Le mariage, c'est une histoire d'amour, pas de différence, il faut deux êtres qui s'aiment... S'ils s'aiment, ils n'ont pas besoin d'être pareils. Un garçon et une fille ce n'est pas parce qu'ils sont différents de ceux qui les entourent qu'ils ne peuvent pas s'aimer, se marier et être heureux. Le mariage c'est comme une soupe de légumes à laquelle tu ajoutes de l'huile d'olive. L'huile et la soupe sont différentes, la preuve, c'est que, l'huile flotte sur la soupe et comme cela ce n'est pas particulièrement bon. Par contre si tu brasses les deux ça devient goûteux, mais si tu veux que ça le reste, il faut continuer à brasser jusqu'à la dernière cuillerée. Le mariage c'est pareil, ce n'est pas la différence qui emporte, c'est d'entretenir jusqu'au bout.
Le doute, c'est terrible, c'est comme la pourriture dans le fruit, si on le laisse, il gâte tout, dans mon grand bonheur tout neuf il y avait une épine.
Tu sais comment ça fait d'être amoureux ? ça met du miel à l'intérieur, mais quand il n'y a plus de miel, il reste les abeilles qui te mangent le coeur.
- Les gens, ne sont pas tous gentils, ils n'aiment pas que l'on soit DIFFÈRENT ni que l'on ne pense pas comme eux. Toi, tu es DIFFÈRENT, plus doux et tes idées dans ta tête ne suivent pas le même chemin, alors ils ne peuvent pas te comprendre. Aussi quand quelqu'un te traite de Fada, de simple d'esprit, t'insulte ou te dit quelque chose que tu ne comprends pas, souris, es ben mieil. (c'est bien mieux)
- Mais je n'ai pas envie de sourire quand ils sont méchants !
- C'est pour cela qu'il faut sourire, m'a t-elle répondu, s'ils voient qu'ils te mettent en colère, que leurs paroles te blessent, ils continueront et ce sera pire. Alors que, si tu leur souris, s'ils te croient toujours content, ils se lasseront rapidement et te laisseront tranquille. Souviens-toi de cela et souris.
... je suis devenu aux yeux des autres "un Bouan fada toujours counten", le simple d'esprit pour qu'ils me laissent la paix.
Ces gens sont comme les mélèzes, ont l'écorce rugueuse et les pieds bien en terre, même s'ils sont courbés par le vent et la neige. Ils sont faits de bois dur, dont le coeur rouge saigne.
J'ai beau être simple d'esprit, j'ai un coeur comme les autres.
C'était pas juste que ma Marie meure comme ça, de la mort des pauvres qui sont partis de leurs terres pour que l'on instruise leurs enfants, de la mort des femmes que des hommes plus puissants abusent et ne savent pas aimer, de la mort résignée de se sentir coupable alors que je lui avais tout pardonné. (p.142)