Même démocratique, le pouvoir est la démesure. Même porté par l'alliance de la Science et du Bonheur, il notifie à l'homme que la société le dépasse, tout comme le langage dépasse l'individu qui parle. Le pouvoir ne meurt pas. Partout sur la planète, il affronte l'absolu de l'Abîme. Il manie la foudre. S'il n'est pas endigué et contenu, il devient une Terreur, qui saigne à blanc ceux qu'il gouverne.
Il y a, pour l'homme, son commencement et sa fin, la terre natale et funèbre, le cycle de la vie. Mais il arrive que l'homme vive une apparence de vie, qu'il vive comme s'il n'était qu'à moitié né - l'autre moitié appartient à la mort. Ni vraiment né, ni vraiment mort, c'est dans cet enfer que le meurtrier se débat. C'est cela, le fond du crime.
L'humanité porte ses pas, sachant l'Abime. Elle civilise l'espace pour l'habiter.
Elle célèbre le vide, peuplé de ses paroles; et là ou elle parle, elle réside.
Il n’y a pas d’autre justification au procès intentés contre les assassins que celle-là : séparer de son crime celui qui tue, faire que sa part maudite devienne sa part de sacrifice. Cela s’appelle juger.
Là où les humains ne supportent plus la parole réapparaît le massacre.
il ne suffit pas de produire la chair humaine pour qu'elle vive, il faut aussi à l'homme une raison de vivre.
Venir au monde, ce n’est pas seulement naître à ses parents, c’est naître à l’humanité […] l’homme doit naître une seconde fois - naître à ce qui le dépasse, lui et ses parents.
Enfants meurtriers, adolescents statufiés en déchets sociaux, jeunesse bafouée dans son droit de recevoir la limite, votre solitude nue témoigne des sacrifices humains ultramodernes.
Le langage nous sépare des choses. Il sépare l'homme de son semblable et de lui-même. Le langage est le Miroir pour l'homme.
Le meurtre habite l'esprit de l'homme. L'homme pense à tuer, il en rêve, il commémore les tueries.