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Citations sur Le Petit Bol de porcelaine bleue (6)

Pendant neuf ans, j'ai habité appartement 36, bloc 3, strada Justitsiei, à Braïla, en Roumanie. Je n'ai jamais oublié cette adresse. Mon immeuble était comme les autres, jeté sur un grand terrain vague où les papiers sales voletaient sur une herbe rase, boueuse dès octobre, grise de poussière aux beaux jours. Certains immeubles étaient restés en chantier : les fenêtres sans vitres, les portes donnant sur le vide et sans doute les histoires de brigands cachés dans les caves me faisaient peur. Il y avait souvent des carreaux cassés. En hiver, la petite ampoule éclairait à peine les paliers. Lorsque je rentrais et qu'il faisait déjà sombre, je grimpais en courant les cinq étages.
Quand j'arrivais, la clef tournait déjà dans la ser­rure de la porte de l'appartement avant que je n'aie eu le temps de toucher la clenche. Bunica était là, elle guettait mon retour. Je montrais mon étonnement, rien que pour voir ce petit sourire apparaître sur sa bouche, accompagné d'un léger haussement d'épaules qui voulait dire : «Mais non, il n'y a rien d'étonnant, je suis ta Bunica...»
Elle était seule en fin d'après-midi et me faisait asseoir en s'empressant de me servir un goûter. Rien à voir avec les goûters d'ici... C'était du pain, du thé brûlant, de la dulceatsa, cette confiture de cerises tellement sucrée et douce qu'il fallait boire entre chaque cuillerée. Bunica me regardait, assise sur un coin de chaise. Elle était toute menue - j'étais sûr d'être vite plus grand qu'elle -, mais elle se tenait très droite, ses cheveux gris argenté bien maintenus par des peignes qu'elle réajustait sans cesse.
Mes parents rentraient plus tard. Ils travaillaient tous les deux dans une sorte d'usine autour d'un puits de pétrole, un «combinat». Leur travail me paraissait compliqué, lointain. Ils parlaient toujours du laboratoire. Par moments, ils semblaient contents, enthousiastes, d'autres fois, ils rentraient abattus pour des raisons qui restaient pour moi totalement mystérieuses. Ma mère, toujo
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- Le monde est monde, et que sommes-nous, dragutsi, dans ce monde, pour affirmer, savoir ou exiger ? Le monde est monde, dragutsi, nous ne sommes que de petites créatures posées là, par chance ou bien peut-être par hasard ? Malheurs, bonheurs peuvent nous être donnés, repris, qu'y pouvons-nous vraiment ? Que savons-nous de tout cela ? (p.79)
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Combien de fois m'avait-il repris, parfois durement, alors que j'employais, sans m'en rendre compte, des formules toutes faites, entendues à la télévision ou à l'école :
- Qu'est-ce que tu dis ? Tu n'es donc capable que de recracher ce qu'on te déverse sur la tête ? N'emploie pas des mots qui ne t'appartiennent pas. Les mots, tes mots à toi, peuvent peser plus lourd sur la terre qu'une montagne entière. (p.68-69)
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Les gens ont peur, ils inventent n'importe quoi pour nourrir leur peur et essayer de la calmer en même temps. Elle est comme une hyène, elle rôde, cherche sa pitance, son rire glace du plus loin qu'on croit l'entendre, mais on préfère encore l'entendre ce rire, pour savoir où elle se trouve et qui va être dévoré. (p.62)
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Les pas résonnèrent derrière la porte, et continuèrent sans s'arrêter. Que s'était-il passé ? Peut-être rien qui ait de quoi nous inquiéter, mais la frayeur de Bunica et la mienne me semblaient d'autant plus insupportables qu'elles n'avaient pas de cause raisonnable. (p.59)
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Le grand fleuve a traversé l'Europe et semble s'endormir enfin avant d'arriver à la mère Noire. Le delta est le repos du fleuve, sa récompense. (p.16)
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