AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Aurora (32)

Le dimanche, les literies se dévident toutes seules et plus personne ne fait l’amour. Car dans cet immeuble qui, comme un phallus obscène, gratte la vulve du ciel, on fait furieusement l’amour. La plus belle des femmes y habite, mais nul ne l’a jamais connue. On dit qu’elle se tient enfermée, vêtue de fourrures et de plumes, dans un appartement du premier étage, blanc comme un coffre-fort. Ses fenêtres sont des ciseaux qui coupent l’ombre et la respiration. Elle s’appelle AURORA.
Commenter  J’apprécie          60
Lorsqu'il eut marché quelques heures et que ses talons eurent orné de tout un cortège d'empreintes plus ou moins solennelles la poussière molle de la route, son habituelle insouciance lui revint et il ne songea plus guère qu'à regarder les arbres alignés en bordure du chemin, comme une double rangée de bougies allumées plantée le long d'une table somptueusement servie, chez ceux qui tiennent à fêter comme il sied l'anniversaire d'un très petit enfant, tout à fait ignorant encore des stratagèmes du temps.
Commenter  J’apprécie          50
« Il m’est toujours plus pénible qu’à quiconque de m’exprimer autrement que par le pronom JE ; non qu’il faille voir là quelque signe particulier de mon orgueil, mais parce que le mot JE résume pour moi la structure du monde. Ce n’est qu’en fonction de moi-même et parce que je daigne accorder quelque attention à leur existence que les choses sont. Si quelque objet survient par hasard qui me fasse sentir combien sont restreintes réellement les limites de ma puissance, je me roi-dis dans une folle colère et j’invente le Destin comme s’il avait été décrété de toute éternité qu’un jour cet objet apparaîtrait sur MON chemin, trouvant dans mon intervention son unique raison d’être. Ainsi je me promène au milieu des phénomènes comme au centre d’une île que je traîne avec moi ; les perspectives, regards solidifiés, pendent de mes yeux comme de longs filaments que le voyageur recueille involontairement par tout son corps et déplace avec lui, bagage de lianes ténues, lorsqu’il traverse la forêt tropicale. Je marche et ce n’est pas moi qui change d’espace mais l’espace lui-même qui se modifie, modelé au gré de mes yeux qui l’injectent de couleurs pareilles à des flèches de curare, afin que sans faute il périsse sitôt mes yeux passés, univers que je tue avec un merveilleux plaisir, repoussant du bout du pied ses ossements incolores dans les chantiers les plus obscurs de mon souvenir. Ce n’est qu’en fonction de moi-même que je suis et si je dis qu’il pleut ou que la mer est mauvaise, ce ne sont que périphrases pour exprimer qu’une partie de moi s’est résolue en fines gouttelettes ou qu’une autre partie se gonfle de pernicieux remous. La mort du monde est égale à la mort de moi-même, nul sectateur d’un culte de malheur ne me fera nier cette équation, seule vérité qui ose prétendre à mon acquiescement, bien que contradictoirement je pressente parfois tout ce que le mot IL peut contenir pour moi de châtiment vague et de menaces monstrueuses »
Commenter  J’apprécie          30
Il faudrait revenir à de grandes bolées d’air qu’on avale d’un seul trait – coup de poing ou coup de couteau – sans le moindre lien créé par les absurdes cheveux en quatre de ces agonisantes subtilités. Mais cette bolée d’air tu viens de la trouver sans même t’en rendre compte, après quelques mètres parcourus à plat ventre le long du couloir, sous forme de la porte qui donne sur la rue et que d’un seul coup de tête, sans un mot, gencives et dents serrées, tu viens de faire brusquement éclater.
Commenter  J’apprécie          30
Traîneur de sabre, de phrases mal affûtées qui ne coupent qu’un vide biseauté au lieu des têtes que je voudrais voir rouler et recueillir dans mon panier ;
prophète, puisque burlesquement je vaticine et me lamente ; maquereau du monde, puisque j’affirme le haïr et que c’est lui qui m’entretient comme son amant, jusqu’au jour où il me jettera dans le fangeux ruisseau qui roule sans arrêt de vieux trognons de pommes avant d’être bu langoureusement par le sable sec qui compose les territoires jaunâtres de la mort.
Commenter  J’apprécie          30
Le pessimisme est un gratte-ciel à quatre-vingts étages qui se dresse dans la banlieue de l’âme, au bout d’une longue avenue bordée de terrains vagues et de quelques boutiques très mal achalandées.
Commenter  J’apprécie          30
Alors la chevelure d'Aurora se transforma en tourbillon de flammes, les comètes les plus éloignées accoururent en un clin d'oeil pour augmenter de leurs cheveux incandescents l'ardeur de ce brasier, tandis que la pyramide, se déformant, devenait subitement terreuse et n'était plus l'instant d'après qu'un monstrueux volcan rejetant, dans un flot de lave qui mieux que le soleil calcinerait tout le désert, les viscères déchiquetés et les débris de chaînes des morts qui y étaient prisonniers.
Commenter  J’apprécie          20
C’est donc moi qui suis ce dérisoire anachorète, me disais-je, mes mains n’ont beau être que des rapaces, leurs serres n’en sont pas moins insuffisamment aiguës pour jouer un autre rôle que celui d’une grille afin que, comme un vulgaire ivrogne, je m’y retienne.
Commenter  J’apprécie          20
Les portes tournent sur leurs gonds, les draperies remuent et je m’en aperçois à peine, enlisé que je suis dans le marécage implacable du plancher. Les lattes de bois tournent en boue ; mes pieds s’y enracinent, mes jambes meurent et bientôt c’en sera fait de tout mon corps que ne marque aucun sceau de grandeur ou d’immortalité.
Commenter  J’apprécie          20
Un château de pierres grises et de briques rougeoyantes apparaissait à l’horizon. Toute la chasse s’y engouffrait et la gigantesque porte à deux battants se fermait d’un seul coup avec un bruit de gong, glas funèbre des animaux tués.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (57) Voir plus



    Quiz Voir plus

    L'érotisme en littérature

    Lequel de ces romans de Diderot, publié anonymement, est un roman libertin ?

    Le Neveu de Rameau
    Les Bijoux indiscrets
    Le Rêve de D'Alembert
    La Religieuse

    6 questions
    354 lecteurs ont répondu
    Thèmes : littérature libertine , érotisme , érotiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}