Citations sur De la littérature considérée comme une tauromachie / L'Ag.. (2)
Car une femme, pour moi, c'est toujours plus ou moins la Méduse ou le Radeau de la Méduse. J'entends par là que, si son regard ne me glace pas le sang, il faut alors que tout se passe comme si l'on y suppléait en s'entre-déchirant.
"Ce qui se passe dans le domaine de l'écriture n'est-il pas dénué de valeur si cela reste "esthétique", anodin, dépourvu de sanction, s'il n'y a rien, dans le fait d'écrire une œuvre, qui soit un équivalent […] de ce qu'est pour le torero la corne acérée du taureau, qui seule – en raison de la menace matérielle qu'elle recèle – confère une réalité humaine à son art, l'empêche d'être autre chose que grâces vaines de ballerine ?
Mettre à nu certaines obsessions d'ordre sentimental ou sexuel, confesser publiquement certaines des déficiences ou des lâchetés qui lui font le plus honte, tel fut pour l'auteur le moyen – grossier sans doute, mais qu'il livre à d'autres en espérant le voir amender – d'introduire ne fût-ce que l'ombre d'une corne de taureau dans une œuvre littéraire."
Michel Leiris, De la littérature considérée comme une tauromachie, p.8-9