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Citations sur Haut Mal - Autres lancers (28)

Trop tard

Trop tard
c’est la mort des tarots
la mort des pierres précieuses et des échelles sauvages
mort des horlogeries de la lumière
écroulement des devantures enflées
mort des plissements anciens sur les fronts d’homme
dont les saillies rident la terre
mort des morts agités par l’aigreur des soubresauts
mort des visages tissés en filets de fumée
mort des lettres cachetées dans le ventre des postes
mort des machines qui besognent les vaisseaux
mort des bordels aux volets cloués (à chaque clou une
goutte de sang menstruel)
mort des menstrues marines
plages puantes
sablières que retourne le doigt d’un fantôme
mort des algues volantes qui tracent des signes algébriques
sur le fronton des vagues quand les écailles s’allongent en colonnes
mort des chaînes rivées à la cheville des carreaux
bris de glace entre ciel et terre
bris de contrat bris de clôture
mort des sourds-muets aveugles
incendie des béquilles
mort des rochers
des lèvres
des amoureux
mort de l’amour des astres
mort du regard
mort de la mort
trop tard

ibid. p. 119
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Hymne

Par toute la terre
lande errante
où le soleil me mènera la corde au cou
j’irai
chien des désirs forts
car la pitié n’a plus créance parmi nous

Voici l’étoile
et c’est la cible où la flèche s’enchâsse
clouant le sort qui tourne et règne
couronne ardente
loterie des moissons

Voici la lune
et c’est la grange de lumière

Voici la mer
mâchoire et bêche pour la terre
écume de crocs
barbes d’acier luisant aux babines des loups

Voici nos mains
Liées aux marées comme le vent l’est à la flamme

Voici nos bouches
Et l’horloge de minuit les dissout

quand l’eau-mère des ossatures
dépose les barques temporelles aux baies tranquilles de l’espace
et se fait clair comme un gel

ô brouillard tendre de mon sang

ibid p. 103
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André Masson

Des philosophes aux mains de joueurs
des nécromants aux lèvres de buveurs
des assassins aux regards plus légers que des plumes d’oiseau
c’est cette foule voyageuse aux pieds éternellement pris
dans des lacets de sable
qui compose l’étrange nation dont le drapeau de sang
fut teint de cette nuance maléfique un jour que les poissons
par amour du désastre
décidèrent de se vouer au feu et d’abandonner l’eau

Fruits de misère
gonflerez-vous vos prunelles éclatantes jusqu’à briser
les sexes et les colonnes
les carcasses défigurées
les astres ravagés par le désir des chairs d’alcool
les profils liés à l’histoire des caresses
les crânes de pierre
les croupes figées? (…)

Lumière et sang
Sang et ombre
Sang et proie
Lumière de proie Sang de l’ombre
une enclume de sang qui n’est ni proie ni ombre se livre
aux marteaux des forges de folie
lointaines forges en travail dans les terres les plus profondes
la profondeur solide de l’ombre où le sang de la terre
est enseveli(…)

ibid. p. 70
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Nature sèche

L’ombre glissée sous la poix des vêtements
casaque fluide plus lourde que le boulet d’un châtiment
l’ombre végétale en touffes d’argile où les rameaux s’engluent
c’est une citerne où pourrit la révolte obscure d’un
troupeau de forçats
un sentier traversier entre la double haie de la peau et des ongles
une ruine de manufactures en bataille
écheveaux de l’amour fuseaux dorés

La tapisserie des mets n’ose pas raviver ses couleurs
par crainte d’un cataclysme très sévère
punisseur des langues trop joyeuses
quand les auréoles descendront au niveau des couvercles d’égouts

L’écureuil est un prêtre et sa queue dit la messe
hostie des feuilles d’arbre dès que vous pourrissez
les larves sont sérieuses chrysalides de détresse
et c’est le sauve-qui-peut des tempêtes blessées

ibid, p.28.
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Rien n’est jamais fini

La mer n’a pas fini de discourir
à coups de vagues
à coups d’écume qui fait de grands effets de robe
et la nature s’étend toujours
fatras de cailloux et de feuilles

Des décombres de journées pourries
hissés sur les armoires à glace
empuantissent les chambres que traverse la foudre
l’éclair bâtard et titubant du tout-à-l’égout

Mais
ô ma foudre
ô mon éclair réel
quand tu t’abats sur les montagnes et les
touches aux naseaux
taureaux obscurs dont les flancs grondent
comme les futailles qu’on roule au fond des caves
parodies de cercueils et simulacres de tombeaux
viendras-tu tuer ce vieux bétail humain
toi qui sais jouer franc comme l’or
de ta lame scintillante
de ta cape de nuages
de tes jarrets brisés
comme un beau matador ?

p.19.
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Base des corps séparés

Base des corps séparés, cathédrale de morsures,
Caprice d’un corps vorace et capricorne des chevelures,
Les hémisphères se séparent,
A travers les replis de l’espace
Où les galions chargés de rires et d’étincelles
Sombrent la corde au cou.

Migration souterraine engendrée par le Pôle,
Lorsque s’enterre le passage de nos lèvres
La cime de l’arbre ennuie les ombres
(yeux sensibles de cendre)
et le calice des cris lents.

Trombe docile III
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Le soleil qui se lève chaque matin à l’est

Le soleil qui se lève chaque matin à l’est
Et plonge tous les soirs à l’ouest
Sous le drap bien tiré à l’horizon
Poursuit son chemin circulaire
Cadre doré enchâssant le miroir où tremblent les reflets
D’hommes et de femmes jetés sur une ombre de terre
Par l’ombre d’une main qui singe la puissance.
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Poésie

Cette chose sans nom
d’entre rire et sanglot
qui bouge en nous,
qu’il faut tirer de nous
et qui,
diamant de nos années
après le sommeil de bois mort,
constellera le blanc du papier.

Autres lancers, p. 218
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Blason

Mon cœur est l’arc et le ciel est la corde
d’où s’envola comme un rire la flèche
la flèche oiseau qui s’est rivée au cœur
au cœur de l’arbre enchevêtré d’oiseaux

Autres lancers, p. 183
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Avare

M’alléger
Me dépouiller

Réduire mon bagage à l’essentiel

Abandonnant ma longue traîne de plumes
De plumages
De plumetis et de plumets

Devenir oiseau avare
Ivre du seul vol de ses ailes
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