AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur L'âge d'homme (35)

Je ne conçois guère l’amour autrement que dans le tourment et dans les larmes.
Commenter  J’apprécie          370
Une des grandes énigmes de mes premières années, en dehors de l'énigme de la naissance, fut le mécanisme de la descente des jouets de Noël à travers la cheminée. J'échafaudais des raisonnements byzantins à propos des jouets trop grands pour pouvoir logiquement passer dans la cheminée, le Père Noël les ayant lâchés d'en haut. [...]
Lorsque j'appris que les enfants se formaient dans le ventre et que le mystère de Noël me fut révélé, il me sembla que j'accédais à une sorte de majorité [...]. Dès que je sus ce qu'était la grossesse, le problème de l'accouchement se posa pour moi d'une manière analogue à celle dont s'était posé le problème de la venue des jouets dans la cheminée : comment peuvent passer les jouets ? comment peuvent sortir les enfants ?
Commenter  J’apprécie          290
Mettre à nu certaines obsessions d'ordre sentimental ou sexuel, confesser publiquement certaines des déficiences ou des lâchetés qui lui font le plus honte, tel fut pour l'auteur le moyen – grossier sans doute, mais qu'il livre à d'autres en espérant le voir amender – d'introduire ne fût-ce que l'ombre d'une corne de taureau dans une œuvre littéraire.
Commenter  J’apprécie          260
est littérateur quiconque aime penser une plume à la main.
Commenter  J’apprécie          161
[...] j'ai toujours réagi par le même louche mélange de peur et de pitié devant tout ce qui relève du "fait divers", expression triviale de la fatalité. Je suis épouvanté, notamment, par les accidents de la rue, surtout les accidents - ou rixes - qui surviennent l'été (lorsqu'il fait beau et chaud, que les gens sont en sueur, les femmes en robes légères, bras nus ou décolletées) ou encore les jours de fête, lors des vacances, ou le dimanche (quand la foule revient de se promener), bref tout ce qu'on appelle "Noël sanglante", "14 juillet qui finit mal", "baignade tragique" ; les joies qui tournent à l'aigre (comme les trop grands rires d'enfance qui mènent forcément aux larmes, ou les périodes d'optimisme trop marqué dont l'inéluctable conclusion est un plongeon vertigineux dans le cafard), tout ce qui fait figure de "coup de tonnerre dans un ciel serein", d'apparition spectrale à la fin d'un banquet, de malheur surgissant alors que tout semblait si calme, telle la guerre éclatant en pleine prospérité ou la police chargeant une foule paisible, au moment le plus inattendu.
Commenter  J’apprécie          160
Je pensais que par l’usage lyrique des mots l’homme a le pouvoir de tout transmuer. J’accordais une importance prépondérante à l’imaginaire, substitut du réel et monde qu’il nous est loisible de créer. Le poète m’apparaissait comme un prédestiné, une manière de démiurge à qui il incombait d’effectuer cette vaste opération de transformation mentale d’un univers, vrai dans la seule mesure où l’on veut bien lui attribuer cette vérité.
Commenter  J’apprécie          160
Il m'apparaissait scandaleux que malgré la voix lugubre de cette cloche qui avait l'air de gémir et d'appeler au secours [...] un individu pût se complaire à des travaux de minéralogie, se traînant le long de la grève, marteau en main. Et, dans une certaine mesure, je m'identifiai à lui, attaché que je suis [...] à des travaux scientifiques que je juge mesquins, tandis qu'au cœur du monde comme au large de cette crique il y a quelque chose de si brûlant qui délire, qui crie tout seul, demandant simplement qu'on l'entende et qu'on ait assez de courage pour s'y dévouer tout entier.
Commenter  J’apprécie          140
Faire un livre qui soit un acte.
Commenter  J’apprécie          80
D'abord, la lassitude, la satiété pure et simple, le besoin de changement. L'amour – seule possibilité de coïncidence entre le sujet et l'objet, seul moyen d'accéder au sacré que représente l'objet convoité dans la mesure où il nous est un monde extérieur et étrange – implique sa propre négation du fait que tenir le sacré c'est en même temps le profaner et finalement le détruire en le dépouillant peu à peu de son caractère d'étrangeté. Un amour durable, c'est un sacré qui met longtemps à s'épuiser. Dans l'érotisme brut, tout est plus direct et plus clair : pour que le désir reste éveillé, il n'a qu'à changer d'objet. Le malheur commence à partir du moment où l'homme ne veut plus changer d'objet, où il veut le sacré chez soi, à portée de sa main, en permanence ; où il ne lui suffit plus d'adorer un sacré mais où il veut – devenu dieu lui–même – être pour l'autre, à son tour, un sacré, que l'autre adore en permanence. Car, entre ces deux êtres sacrés l'un pour l'autre et s'adorant réciproquement, il n'y a plus la possibilité de nul mouvement, sinon dans un sens de profanation, de déchéance. La seule chance pratique de salut est l'amour voué à une créature assez personnelle pour que, malgré l'incessant rapprochement, l'on n'atteigne jamais la limite de la connaissance que l'on peut en fait avoir d'elle, ou douée d'une suffisante coquetterie instinctive pour que, si profondément qu'elle vous aime, il semble qu'à chaque instant elle soit prête à s'échapper.
Commenter  J’apprécie          70
Un souvenir bien moins précis, mais plus proprement maritime, que j'ai gardé est celui de mon premier retour d'Angleterre, alors que j'avais douze ans. Un orage éclata peu après que le bateau eut quitté Douvres, orage sec assez impressionnant, avec de longs roulements de tonnerre et une succession presque ininterrompue d'éclairs, sur tous les points de l'horizon ; il faisait extrêmement sombre et l'effet était d'autant plus saisissant qu'il n'y avait pas un souffle de vent et que malgré la lumière de tempête la mer restait d'un calme plat, ce qu'on appelle "une mer d'huile". Souvent j'ai raconté par la suite - et je suis bien incapable de dire aujourd'hui si c'était tout à fait faux - qu'au plus fort de l'orage un feu Saint-Elme s'était posé à la pointe d'un des mâts.
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (1017) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

    Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

    amoureux
    positiviste
    philosophique

    20 questions
    852 lecteurs ont répondu
    Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

    {* *}