Disque paradoxal, "Fantaisie militaire" est bâti dans la joie par des hommes et des femmes aux vies douloureuses pour qui il est devenu un asile providentiel pour destinées cabossées.
Bashung, pour ce nouvel album souhaite que les textes soient achevés avant d'entamer tout travail mélodique : avec "Fantaisie militaire ", les paroles deviendront l'ossature du disque,son ciment, son préalable. Il ne s'agira plus de faire entrer les mots dans des canevas mélodiques,ou de les faire coller à sa diction. Ce seront d'eux et de leur musique intrinsèque que naîtront les chansons.
On pourrait croire comme cela à les écouter que les mélodies de Bashung sont simples; Richard Mortier qui les ecoutes avec la plus grande attention jusqu'à en connaître les moindres recoins,sait bien lui qu'elles sont au contraire sophistiquées, minutieusement ourlées. Quand il s'agit d'en defaire les mécanismes ou du moins d'en décrire les atours, Richard a parfois recours à cette comparaison : Bashung le fait penser à in musicien de jazz. A partir d'un thème, il improvise en d'infinies variations, il part glaner des notes sur des chemins de traverse et en revient avec une lecture plus instinctive à et troublé du thème de départ.
La pochette de l'album "Fantaisie militaire" tissé en effet de nombreux liens avec le sonnet écrit en 1870 par le jeune Arthur Rimbaud autour de trois thématiques : la couleur verte (le "trou de verdure", "les herbes", le "lit vert" ),l'eau ("la rivière"), et le gisant ( le soldat est "étendu" et le poète nous rappelle à trois reprises que le soldat "dort" ,qu'il "fait un somme" "tranquille"). Le jeune homme repose tel Alain Bashung sur la pochette de son album, "la main sur sa poitrine".
Bashung est fragile,il semble d'une certaine manière perdre le contrôle de sa vie personnelle mais il sait exactement ce qu'il veut pour ce disque. "Fantaisie militaire" sera en quelque sorte le rempart qui le protégera du chaos du monde,un contrôle retrouvé sur le cours de la vie.
Quand le chanteur interprète les chansons de "Fantaisie Militaire" en cet automne londonien, les mots surfent sur l'extrémité d'un souffle dont l'entame fut expirée au pavillon des lauriers, il y a si longtemps.
Dès l'écoute des maquettes réalisées à Antenna,Ian Caples a décidé de conserver certaines des boucles initiales pour y incorper des instruments naturels. Les musiciens se fraient ainsi des chemins serpentins au milieu des forêts de machines