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EAN : 9782919296194
Densité (28/08/2020)
3.5/5   3 notes
Résumé :
« Les compositions de Nico semblent des ritournelles, de ces airs éternels qui nous hantent, reconnus avant d’être connus. Leurs infinies répétitions et variations hantent notre esprit, leurs nuances brouillent les lignes entre rêves et souvenirs. "J’ai le sentiment que ma musique sonne préhistorique", avance Nico : en effet, n’entend-on pas, en celle-ci, la pulsation matricielle des vagues, la lente danse de la lune, le chant auroral des oiseaux, le soupir des glac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Christa Päffgen, dite Nico, est née à Cologne en 1938. Elle a quatre ans en 1942 quand les bombes alliées tombent sur Berlin où elle trouve refuge chez ses grands-parents maternels. Elle en a 15 quand s'offre à elle une éphémère carrière de mannequin, puis d'actrice avec un petit rôle dans "La Dolce Vita". En 1967, à NYC, elle devient, son destin suivant l'air du temps comme une évidence, une égérie warholienne. Sous la poussée du maitre elle incorpore en guest-star le premier opus du Velvet Underground. Ainsi débarque t'elle en rock n' rollie; elle y trouvera sa voie, suivra un chemin à nul autre pareil, tout en noirceurs et clairs-obscurs, teinté d'un fantastique classique d'elle seule visible, rendant à la surface des choses des mondes entre les mondes ... Suivront 6 albums studio, quelques dates clés ("June 1, 1974"* et, la même année, un concert en la cathédrale de Reims). Décès en 1988 (chute à vélo). Son destin, marqué par la drogue, lui a ouvert les portes d'une perception d'outre-temps/espace/tombe qu'elle a su retranscrire en paroles et en musique.

"... The end" est l'ultime titre du premier album des Doors (1967). C'est aussi, en hommage à Jim Morrison, le quatrième album (1974) de la chanteuse**. Itou pour le présent essai (2020) qui, signé Pierre Lemarchand, cerne la vie et l'oeuvre de la belle allemande. Bienvenue en pays "d'atypismes"; ce néologisme marque les singularités étonnantes de la musicienne et, au-delà de son art, de la femme elle-même (tant à la ville, sur scène q'au creux des sillons de cire noire). On aime, ou s'indiffère à ce qu'elle a composé et chanté; on s'interroge (pour enfin comprendre ou renoncer ..!). Perso, elle et sa musique si particulière, il m'a fallu du temps, deux paliers de compréhensions successives .... le second, la présente biographie, m'a aidé à déchiffrer une personnalité à nulle autre pareille, m'a offert les clefs d'une oeuvre difficile d'abord mais logique dans sa finalité..

Et pourtant: en juin de cette année, cette bio en promesse babelienne, j'ai hésité à sa lecture et à la chronique satellitaire imposée. Cela aurait été dommage de me soustraire au deal. le bouquin est une réussite, vraiment. Lire une bio sur Nico quand, en son temps musical, j'étais passé à côté de son oeuvre ? J'avais juste chopper qu'elle était belle, belle, belle ("Rock et Folk" en offrait de temps à autre des échos photographiques merveilleux) et écouter vite fait, sans vraiment apprécier, "Velvet underground & Nico" et "The end". Début des seventies, ma tasse de thé était ailleurs, dans le hard rock type, celui naturellement trempé de blues. le rock de Nico, aux antipodes, couvait dans je ne savais trop quoi, mitonnait dans un ailleurs sombre et mystérieux au goût d'artéfact énigmatique; le tout en dehors de tous codes sinon les siens. Cela semblait une musique à décoder qui demandait de prendre son temps. Fallait laisser mûrir. J'y suis revenu plus tard, via le krautrock (Ash Ra Temple, Can, Amon Düül ...). D'ailleurs Nico n'était t'elle pas allemande, elle aussi, et contemporaine du mouvement choucroute ? Je n'ai pas accroché tout de suite, hermétique aux raisons, à cette noirceur absolue, circulante, obsédante et omniprésente. Tout au plus ai-je, au moins, cherché à comprendre. Et puis, le déclic s'est fait; ce livre, comme un guide, pour disséquer le pourquoi et le comment, pousser à aller plus avant dans une discographie.

En 67 sort l'éponyme LP du "Velvet Underground & Nico". Elle y chante trois titres, s'absente des autres. Semble t'il, peu vendu aux states, le disque ne touchera que fort peu l'hexagone, comme en échos lointains, retardés. le mythe, le culte: c'est pour plus tard ... Je prendrai le train en marche. Comme d'autres. Basta, j'étais alors trop jeune pour l'album (12 ans à peine), têtard encore accroché à la TV d'état en noir et blanc, débitant de la variétoche au mètre linéaire de pellicule. Je viens de réécouter le disque, c'est un chef d'oeuvre.

Après un long prélude consacré à sa vie et à ses autres albums, Pierre Lemarchand dissèque, presque note à note et dans un langage intelligible, le quatrième album de Nico, "The end". le propos est celui d'un passionné et d'un érudit. L'intention, ambitieuse et imposante, a nécessité un travail méticuleux; son rendu, lyrique de forme, est passionnant.

Pierre Lemarchand dissèque peu à peu la personnalité de Nico; il décrit un psychisme glissé dans des interstices de vie (ou de mort) entrevus d'elle seule, comme issus d'un autre monde, fantomatique, empreint d'un fantastique classique en clair obscur, entre lumière et ombres. Ses paysages sonores semblent osciller entre deux pôles/oppositions dichotomiques. Pile ou face la blondeur artificielle lumineuse de ses premiers pas médiatiques et la noirceur naturelle aile de corbeau qui suivra bientôt sur scène. Ange blond du mannequinat/Ange noir sur vinyle ou derrière son harmonium indien. Ying/Yang. Jour/nuit. Soleil/Lune. Et, tout naturellement, face A/face B, les deux côtés obscurs d'une galette de vinyle noir.
Beauté glaciale et distante, fascinante, visage de cire, sourires en berne. Un voile d'ombre dans son regard, presque une absence. Nico se perd dans la drogue.
La musique de Nico est une énigme, un artéfact satellitaire mystérieux entre minimalisme et bruitisme. L'avant-plan vocal est relativement mélodique tandis qu'au-delà des nappes d'harmonium éthérées ou ténébreuses se glissent au mixage la modernité traditionnelle d'interventions aux synthés (Eno), au violon (John Cale) ou à la guitare électrique (Phil Manzarena).

En compagnie de l'auteur, le chemin des notes mis en mots, en parallèle des intentions de la musicienne, s'est révélé un bien beau voyage m'imprégnant d'un tout qui jadis m'avait échappé.

Nico m'est revenue, me poussant à la découverte de ses autres albums. Enfin ..!

Lien : https://laconvergenceparalle..
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Dès que les premières mesures de "Janitor of lunacy" retentissent dans la cathédrale , le silence se fait , les 5200 spectateurs se taisent . Puis la voix sépulcrale de Nico se fait entendre , on est pris par sa présence hors du temps et des sentiers battus , les besogneux de la musique planante de Tangerine Dream ne pèsent pas lourd à côté , ils n'ont guère que des machines à faire fonctionner .
Il faisait un froid glacial dans cet édifice (moins 7) , elle a demandé qu'on lui apporte un whisky pour surmonter cette froidure . C'est un phénomène que je n'ai jamais revu par la suite : la fumée des cigarettes et des joints plane à cinq mètres au-dessus de la foule , comme la brume sur un étang .
Il y a des jours où tout va de travers , on est un vendredi 13 , le service d'ordre qui était prévu doit arriver en bus de Paris , il arrivera à la fin du concert , autant dire que la liberté est totale dans la cathédrale , on retrouvera une seringue et des préservatifs le lendemain . A croire qu'une sorcière a jeté un sort sur cet édifice et sur l'organisation du concert ...
Nico n'est pas n'importe qui , elle a été l'égérie d'Andy Warhol , elle a eu une carrière de mannequin , elle est actrice , elle a eu un enfant avec Alain Delon , qu'il n'a d'ailleurs jamais reconnu .
Sur le premier album du Velvet Underground and Nico ( Lou Reed et John Cale en sont les principaux musiciens ) , elle chante trois chansons , c'est Warhol qui a imposé sa présence .
Elle a été également très amie avec Jim Morrison , ils ont consommé des champignons hallucinogènes ensemble . Elle a été l'amante de Brian Jones des Stones , aussi d'Iggy Pop , Tim Buckley et Jackson Browne . Sans oublier Lou Reed et John Cale , bien entendu .
Pour en revenir à Jim Morrison , ce n'est pas un hasard si elle chante "the end" sur scène , elle a été très proche du chanteur . La nuit de sa mort , à Paris , elle l'a croisé dans un taxi , lui a fait signe , mais il ne l'a pas reconnue , elle le chante sur une de ses chansons . Elle a aussi appelé l'un de ses six albums "The End" .
"The End ...propose une immersion dans le royaume des Morts , un voyage dans la grande nuit de l'envers du monde : de la quête de l'immortalité aux racines du mal , du retour aux prémices de la vie à son arrêt brutal , du trip mystique et sans entraves à la démence des hommes , de la mémoire longue et élégiaque aux destructions de la guerre et du terrorisme . Sur The End , Nico est chamane , nécromancienne , passeuse d'une dimension du monde à une autre : elle est de sa voix d'outre-tombe et dans les ténèbres que sa musique tente de percer , notre guide . Au coeur de la nuit , elle a les yeux grands ouverts ."
Nico a lu intensément les poètes romantiques anglais : Percy Shelley , John Keats , Lord Byron , William Wordsworth , Samuel Coleridge et William Blake , ainsi que l'allemand Novalis , De Lautréamont et de l'américain Edgar Allan Poe . Les mots précèdent la musique , ce sont eux qui , par leur rythme , leur sonorité , leur atmosphère , ouvrent la voie aux mélodies , que Nico compose à l'harmonium indien .
Grâce à ce livre consacré à ce personnage atypique , j'ai renoué avec ses chansons et sa musique , que j'avais enterrées trop tôt . C'est un ouvrage érudit , une mine de renseignements et d'anecdotes tellement riches qu'on a parfois l'impression que l'auteur était à ses côtés .
Les albums de Nico sont épluchés , disséqués , analysés , les paysages sonores et les paroles sont replacés dans le contexte de l'époque ; il fallait oser : Nico rend hommage à Andreas Baader dans une chanson (il était le leader de la Fraction Armée Rouge ) .
Ce livre est un travail de passionné , je l'ai lu d'une traite , tellement cette histoire et cette musique étaient bien racontées .
"This is the end , beautiful friend
This is the end , my only friend , the end ..."
Merci à Babelio et aux éditions Discogonie pour cet ouvrage


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Un très bon texte, du moins à mon sens. Il est écrit par quelqu'un qui a de belles références, qui maîtrise son sujet. Quelques pages noires en référence peut-être à l'univers sombre sur lequel s'est construit Nico, petite fille allemande dans l'après seconde guerre mondiale. J'ai particulièrement apprécié l'érudition de l'auteur et son souhait de faire prendre conscience au lecteur, de la complexité de l'artiste, Nico, qui d'une certaine façon, est toujours restée Cristina, qui jouait dans le jardin familial. Beau graphisme épuré du livre. Merci aux éditions Densité et à Babelio pour cette lecture.
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Karen Dalton "Blues Jumped The Rabbit" - Summerville, Colorado 1970.
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