Avec l’arrivée du passager, le Fou et le Cavalier entrent pour de bon dans la légende.
Aucun sentiment, s’il est ressenti de façon continue, ne résiste à l’ennui.
Le hasch m’emporte dans un carrousel de pensées vagabondes. Ce pauvre feu sur une plage étrangère proclame ma volonté de me lier à mon peuple. Mais qu’est-ce qu’un peuple ? Une collection d’humains réunis par le hasard de la naissance ou l’illusion d’une culture commune ? Je dérive vers des généralisations outrancières : le Canada est la réalité, le Québec est le rêve. L’individu est la réalité, le peuple est le rêve. L’espace d’un instant, toutes mes lectures, toutes mes recherches des dernières années convergent vers cette impression fulgurante.
L’amour n’a rien à voir avec la morale. À la criée des cœurs, la passion physique est une denrée rare. Si elle se double d’une parenté de l’esprit, il ne faut pas être trop regardant sur le prix.
Quand on est fille unique, on y pense deux fois avant de se faire avorter. Dès que j’ai soupçonné que j’étais enceinte, j’ai su que je voulais l’enfant. C’est une réalité tellement forte qu’elle en est rassurante.
Certains êtres entraînent de la dépendance. Plus le temps passait, moins je me sentais le courage de te parler.
En multipliant rencontres et séparations, le voyage exacerbe chez moi un sentiment de précarité. Ma vie est un clin d’œil dans l’éternité. Ma personnalité, à peine écoulée de la cornue de l’adolescence, demeure volatile. Qui suis-je au milieu de ce magma d’humains dont les destins s’entrecroisent ?
La vie est courte. Il faut être heureux quand on peut.
J’ai beau jouer à l’aventurier, je demeure un fils de bourgeois. Le voyage est pour moi une échappatoire. La vraie vie est chez moi, là où le travail permet de prendre sa place dans la société. Abandonner la médecine pour la route, à quelques mois de l’obtention de son diplôme, est un geste sérieux, mais somme toute bénin.
L’amour peut être aussi flagrant que la varicelle.