Des prisons, il y en a de toutes les sortes. Vivre entre des murs ou vivre dans le remords, à un moment donné, c’est du pareil au même. J’ai toujours vécu dans le mensonge. Sous une fausse identité, comme vous l’avez compris. J’aurais pu me battre, mentir, multiplier les procédures, espérer que vous ne trouviez pas suffisamment de preuves pour me coincer. Qui sait ? J’aurais peut-être gagné mon procès et retrouvé ma liberté.
Des musiciens pouvaient se jalouser, cela s’était déjà vu. Mais de là à tuer un frère artiste, le plus grand violoneux qu’aient engendré les Îles ? Il y avait là un crime contre nature, une impossibilité qu’un célèbre palabreur de Havre-aux-Maisons avait qualifiée de « monstyuosité physique, philosophique et métaphysique que seul un seygent d’en-dehoys oseyait gayyocher à la face de l’univeys
La vie est un reel. Quand le rythme devient trop rapide, quand un événement fortuit vient briser l’équilibre délicat entre la maîtrise et l’abandon, il se produit des fausses notes.
La trame de la vie de couple étant semée de subtils antagonismes, ils avaient adopté, à ce sujet, des comportements opposés : quand chacun était au bercail, elle éteignait, tandis que lui laissait le luminaire allumé.
— Il a pu se suicider ?
— Romain ? Jamais ! Il faisait pleurer son violon, mais il avait un galet à la place du cœur.
Le mort du chemin des Arsène
À regarder pour un avant-goût du tout dernier polar de Jean Lemieux, Le mort du chemin des Arsène, publié aux éditions de la courte échelle.