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Critique de FlorianV


Camille Lemonnier vit ce livre traîné devant les tribunaux en 1900 pour outrages aux bonnes moeurs. Situé à la charnière entre naturalisme et symbolisme, ce texte enflammé est un récit à la première personne d'un homme dont on ignore le nom, qui raconte d'où vient le mal qui le hante. Dès son enfance, confronté assez jeune à un désir irrépressible, il subit les brimades de son éducation religieuse et la peur du pêché. « Je n'étais alors qu'un jeune homme dépravé par l'excès de ses chastetés même ». de plus, il semble paralysé par le sexe féminin, sorte de bouche rouge d'un enfer qui le terrifie et l'attire tout à la fois. Dans son enfance, il fut subjugué par une jeune fille nommée Alise, tentatrice et esprit de la nature qui la première le prit dans ses filets et l'embrassa. Retrouvée morte, allongée dans l'eau, elle n'est pas sans rappeler le superbe tableau de John Everett Millais, Ophelia. Quelques autres femmes croiseront son chemin sensuel et initiatique qui marqueront à jamais ses fantasmes, ses terreurs, ses délires. Plus les années passent, plus l'obsession le ronge et corrompt ses sens et son esprit. Vient ensuite la rencontre la plus marquante. Face à lui dans un train (qui l'amène rejoindre son père sur son lit de mort / le sexe et la mort sont presque systématiquement associés et imbriqués et indissociables dans ce roman), une femme l'impressionne et échauffe ses sens mais semble ne pas se préoccuper de lui. Il la recroisera plus tard et à maintes reprises, jusqu'à la vraie rencontre. Elle s'appelle Aude. Dès le début elle revêt un aspect trouble et inquiétant, avec son « museau de chien », portant son veuvage et ses airs dominateurs partout où il se trouve. Leur relation perdure des années, sans jamais que l'Amour ne se manifeste, au grand désarroi de notre anti-héros qui vit avec elle « le grand frisson de la mort », une descente aux enfers du stupre et de la dépravation.
Écrit dans une langue incroyablement riche et travaillée, ce texte voue ses lecteurs à une malsaine ivresse et rappelle la beauté des tableaux de Khnopff ou Moreau, des vases de Lalique, portant ce que le décadentisme a de plus troublant et de plus fort.
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