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Citations sur Les recasés de la République (15)

Où que l’on se tourne dans notre République, se recaser est devenu un exercice permanent, une véritable obsession chez les politiques, les hauts fonctionnaires et les dirigeants d’entreprises publiques ou privées. Nous avons pu observer pire : le recasage n’obéit pas simplement à un système de nomination fait de lois et de règlements, mais à une culture. C’est-à-dire à un savoir qui se transmet au fil des générations qui se succèdent dans les allées du pouvoir.
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Le pouvoir et les avantages précieux qu’il apporte permettent en effet au Président d’envisager sa future sortie avec un sourire radieux, même si la fin de règne est toujours vécue comme une perte douloureuse… On ne lâche pas sans regret un pouvoir qui permet non seulement de s’enivrer de son exercice et d’en tirer mille bénéfices (y compris sur le plan narcissique) mais aussi d’en faire profiter les proches, les amis et un vaste réseau de personnalités qui, après avoir rendu des services à « la République », généralement en faisant preuve d’une obéissance zélée, piaffent pour avoir leur récompense sous la forme d’une place enviable ou d’un « lot de consolation ».
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Le recasage sans vertu pérennise le système qui génère de la corruption et s’en nourrit. Il tend à asphyxier les forces démocratiques en imposant le favoritisme, les liens d’intérêt et le copinage. Il accumule le mauvais cholestérol et le risque de thrombose, là où les nominations devraient apporter une vitalité faite d’aspiration éthique et d’intelligence.
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Ce pouvoir de distribuer les bonnes places et de les reprendre permet au chef d’État de mieux s’assurer de la servilité d’innombrables hauts fonctionnaires, d’acteurs politiques et économiques, de leaders d’opinion… Ainsi règnent les monarques de la République.
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Les commentateurs politiques s’en donnent à cœur joie pour rivaliser sur son utilité (le CESE : Conseil Economique, Social et Environnemental). Ils ont beau jeu de mettre en cause son coût pour la collectivité. De fait, chacun des 233 conseillers est payé 3787 euros bruts par mois. A l’heure où l’on demande à la nation de réduire les dépenses publiques, et sachant que la production de certains membres est très aléatoires, on peut comprendre que ça énerve.
Le « petit personnel », 145 fonctionnaires en équivalent temps plein, n’est pas trop mal loti non plus. Le salaire moyen des agents d’accueil, par exemple, est de 3125 euros nets mensuels. Quant aux administrateurs, leur fiche de paie va de 8300 euros à 12500 euros pas mois. Ne soyons pas mesquins sur les 62 jours de congé par an et l’inflation des primes qui contrarient la Cour des Comptes.
page 216
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La banque Rotschild, littéralement installée au cœur de l’État grâce aux pantouflages incessants de ses cadres et conseillers, offrait des possibilités de recasage. Mais ce n’était pas le bon moment. Jacques Chirac s’en méfiait depuis que David de Rotschild lui avait préféré Édouard Balladur. Yves Cabana en savait trop pour être exposé à la fréquentation des « traitres » qui s’y étaient réfugiés, les recasés balladuriens tel Nicolas Bazire, l’ex-directeur du cabinet d’ « Édouard », intégrés chez Rotschild comme associé-gérant. L’énarque Emmanuel Macron ignorait encore qu’en abandonnant ses études de philosophie pour entrer à l’ENA il serait happé par cette porte tournante qui s’emballait. Nicolas Sarkozy lui-même, autre soutien de Balladur contre Chirac, travaillait pour la banque en tant qu’avocat d’affairez. Décidément non, le président préférait placer Cabana chez Véolia , où il possédait des « écuries » plus sûres.
page 125
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Il est devenu presque banal d’entendre d’anciens chefs d’état déclarer qu’ils ont attendu de se retirer de la politique pour s’enrichir. Non pas qu’ils aient du se priver beaucoup durant leur mandat présidentiel, mais il est vrai qu’en quittant le pouvoir et ses obligations, leur trésorerie a fait un bond considérable. La raison en est simple : leur image et leur carnet d’adresses sont devenus ouvertement monnayables dans un monde où même les grands élus acceptent de marchander leur parole. Ils sont même très demandés. Des cabinets de conseil se sont implantés sur ce marché pour louer les présidents à prix d’or, pour les faire intervenir devant des publics choisis ou pour des prestations confidentielles : Washington Speakers Bureau (WSB), Glamspeak, ou encore Plateforme en France… Les stars de la politique ont alors enchaîné les conférences payées rubis sur l’ongle et, plus discrètement, les consultations spécialisées.
page 63
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De Charles de Gaulle à Nicolas Sarkozy, ceux qui ont présidé la France ont diversement abandonné leur fauteuil. De Gaulle s’est retiré des affaires publiques sans rebondir ailleurs, amer mais fier, loin des médias, dans la discrétion que lui commandaient ses principes. De même qu’il avait toujours tenu à payer de ses propres deniers les factures de gaz et d’électricité des appartements privés de l’Élysée, il se montrait économe, au point de ne changer de manteau que lorsqu’il était franchement élimé. Mieux : estimant que ses droits d’auteurs suffisaient à ses ressources, il refusait à la fois sa retraite de militaire et celle de président de la République. Une telle attitude parait rétrospectivement, d’une grande moralité comparée à d’autres qui, depuis, ont montré une addiction prononcée pour le cumul des revenus, les projecteurs et les prestations payantes.
page 50
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Même si le nom de certains bénéficiaires est proposé au président de la République pas son entourage politique et administratif, à commencer par les noms que lui suggèrent ses conseillers et ses propres relation, il a bien entendu le dernier mot. Il s’agit même de l’un des amusements incessants du chef de l’État : nommer, recaser, remercier… Ce genre de service qu’il rend aux uns et aux autres ne lui coute rien mais peut rapporter gros. A commencer par des soutiens à la politique du gouvernement et aux hommes de son réseau. Ce pouvoir de distribuer les bonnes places et de les reprendre permet au chef d’État de mieux s’assurer de la servilité d’innombrables hauts fonctionnaires, d’acteurs politiques et économiques, des leaders d’opinion… Ainsi règnent les monarques de la République.
page 48
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L’intérêt de nommer des amis au Conseil constitutionnel, il ne faut jamais l’oublier, est que cette minuscule assemblée qui ne compte que treize membres, tenus au secret des délibérations, a pour tâche de valider les comtes de campagne des candidats à l’élection présidentielle, au regard des vérifications que lui transmettent la Cour des comptes et le Conseil d’État. Or, on ignore trop souvent que le Conseil constitutionnel n’a pas pour habitude d’invalider les comptes des vainqueurs. Roland Dumas a d’ailleurs avoué qu’il lui était arrivé de confirmer la validité de comptes qui, si le Conseil n’avait pas craint de provoquer une émeute populaire menaçant « l’intérêt de l’État et la sauvegarde de la paix publique », aurait conduit à destituer Jacques Chirac élu à la Présidence de la République en 1995, tout en l’empêchant de se représenter, et à « tuer » son challenger de droite, Édouard Balladur. « Ne risquait-on pas la guerre civile ? » conclut-il pour justifier la frilosité des conseillers, tout en reconnaissant que si la composition du Conseil constitutionnel n’avait pas été majoritairement de droite la décision aurait vraisemblablement été différente. Traduction : les Français auraient dû voter à nouveau et Lionel Jospin, qui avait fait 47.36 % à l’élection, aurait remporté une victoire écrasante face à une droite asphyxiée financièrement et politiquement. Mais la France était « bien gardée » puisque seuls quatre membres sur treize étaient de gauche et que les conseillers sont nommés pour un tiers pas les présidents de la République, qu’eux-mêmes y étaient automatiquement intégrés à vie après leur mandat, et que les autres sont nommés par le Conseil d’État, les recasés devenant à leur tous des recaseurs.
page 43
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