Le grand salon-salle à manger était typique des bungalows de location. Tout avait la couleur de l'océan, du ciel et du sable. Chaque surface disponible était couverte de dollars des sables, d'étoiles de mer, de mouettes sculptées dans du bois flotté et de panneaux de bois laqués qui disaient des choses du genre : "Nos souvenirs de l'océan dureront plus longtemps que les traces de nos pas dans le sable."
On a dépassé les rouleaux à la nage jusqu'à ce que les vagues s'adoucissent, laissant la place à de paresseuses ondulations. L'eau était calme et somnolente ce matin, comme si la fête de la veille l'avait épuisée elle aussi .
Mais la pointe sud de l'île est blottie contre la côte de Géorgie comme un bébé roulé en boule contre sa mère. Là-bas, il y a un sentier sablonneux qui mène dans un enchevêtrement géant que mes amis et moi avons toujours appelé "la jungle". Il est envahi de lierre qui part dans tous les sens, de buissons grands comme des dinosaures, et de magnolias, de palmiers et de chênes à feuilles persistantes énormes et noueux. Le soleil envoie des rayons à travers les trouées dans la verdure comme des coups de projecteurs, et le bruit des insectes, des grenouilles et des lézards génère un vrombissement permanent . Au milieu de la jungle, il y a une clairière, et au milieu de cette clairière, des troncs d'arbres à moitié pourris disposés en sorte de salon.
- Tu savais que si tu laisses ta serviette de plage sur dans le sable à sept heures du matin, elle s emportée par la mer dès que tu auras tourné le dos ?
J'ai haussé les épaules.
- Ben ouais. A cette période de l'année, c'est presque l'heure de la marée haute.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser que le compte à rebours avait commencé pour tout, à présent, des fruits à mon paréo, en passant par Will.
Je dis juste que quand on s'engage dans une relation, on prend tout le lot, c'est tout. Même si ce n'est pas forcément pour toujours, tu vois ?
Ensuite, en deux rapides enjambées, il a franchi l'espace qui nous séparait et m'a prise dans ses bras. Il m'a serrée contre lui. Je l'ai regardé dans les yeux, à la fois surprise et... enfin.
Nous avons couru vers les vagues, traversé l'eau écumante du bord en levant haut les pieds et plongé ensemble sous la première grosse vague.
Nous, les gens de l'intérieur, on traverse l'autoroute pour aller bosser dans les boutiques de location de vélos, pour les magasins d'articles les bars de la promenade, de plage et les stands de glace pilée, on ne voit pas l'océan. On a une vue sur les poubelles des vacanciers. D'accord, ça paraît un peu exagéré. Ce n'est pas comme si les touristes et les locaux étaient les Sharks et les Jets 1, et qu'ils organisaient des bagarres sur la plage.
Les locations de vacances des touristes, sur la plage sud, se dressent sur des pilotis, dominant des lotissements de premier choix. Serrées les unes contre les autres, les maisons forment comme une barricade. Elles font face aux vagues et projettent de longues ombres derrière elles.