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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Il y a très longtemps, au collège, nous avons eu comme lecture cursive un ouvrage avec le même titre "Camera obscura", un recueil de nouvelles de 1839 et un classique de la littérature néerlandaise de la main de Hildebrand, le pseudonyme de Nicolaas Beets, traduit en Français comme "La Chambre obscure".

La "Camera obscura" de Gwenaëlle Lenoir est une toute autre histoire, mille fois plus captivante, quand bien même s'il s'agit d'un récit angoissant et oppressant.
Un récit, par ailleurs, véridique.

Le narrateur (sans nom), marié avec sa bien-aimée Ania, une laborantine, et père de deux charmants enfants, Najma et Jamil, a une drôle de profession : il doit prendre des photos des morts qui arrivent à la morgue de l'hôpital militaire de son pays.

Comme son nom, ce pays n'est pas spécifié non plus, mais par recoupement tout porte à croire qu'il est question du paradis dictatorial de Bashar al-Assad, autrement dit la Syrie en pleine guerre civile, aidée par un autre despote criminel, l'occupant actuel du Kremlin.

Nous n'assistons pas aux combats proprement dits, mais nous suivons notre photographe des services secrets (syriens), qui reçoit à la morgue des livraisons de corps suppliciés plus ou moins atrocement, en nombre toujours croissant.

Ces corps martyrisés sont ceux des opposants au régime d'Assad, fréquemment des adolescents, comme le pauvre jeune Azzam Azzaz, à peine 16 ans, par exemple.

Notre photographe, un homme consciencieux et humain, souffre de plus en plus de sa tâche horrible, il passe des nuits blanches et finit par se sentir totalement déphasé.
Il n'en peut plus, mais se trouve coincé par son amour pour Ania et ses gosses.
Et en plus, il vit dans une peur constante.

À vous de découvrir s'il réussira à s'en sortir.

Gwenaëlle Lenoir nous offre dans cet ouvrage un aperçu dramatique des conditions de vie épouvantables dans la Syrie de père et fils Assad, avec tous ses morts et un nombre record d'exilés. La Syrie compte, selon l'ONU, le plus grand nombre de réfugiés au monde, soit environ 6,6 millions ou un quart de sa population globale.
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Pour son premier roman, Camera obscura la grande reporter Gwenaëlle Lenoir précise dans un préambule à ses lecteurs la chose suivante :

Ce livre est un roman dans le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. Son nom de code est César. Les atrocités décrites sont avérées, les faits sont documentés, mais sa voix est la mienne.

Le personnage principal de Camera obscura est photographe dans un hôpital militaire dans un pays dont le nom ne sera jamais dit (mais on devine qu'il s'agit de la Syrie ). La police secrète surveille tout le temps, le personnage principal se méfie autant de son gardien d'immeuble que de ses collègues mais il accepte cette réalité. Sa vie bascule le jour où il voit arriver les premiers corps suppliciés à la morgue.

Sans se poser la question de la résistance face à l'horreur, il décide de garder en mémoire les noms de ces morts pour garder une preuve. Tous ces jeunes gens torturés, tués, roués de coups qu'il voit arriver, ils sont désignés par le Président, par son entourage, par les fonctionnaires à son service, comme des « terroristes ».

Toute opposition devient terrorisme dans le vocable de cette dictature où les enfants chantent dans les écoles des chants à la gloire du président.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Comment dire. Mes tripettes n'ayant baigné que dans les eaux douces de la démocratie, sorte d'alvéole ouatée au confort indécemment sécurisant, mes entrailles se sont rétractées à la lecture de Camera Obscura. Ça m'a remué tout partout, un témoignage venant charrier mon émotivité faite de privilèges et d'idéaux petit bourgeois. La lecture prend des allures d'intimidation au couteau, d'un vif ultimatum m'enjoignant à me répéter que ma sérénité est une faveur dont je n'ai même pas conscience.

Au départ les signaux de répression sont faibles. Il y a cette insurrection spontanée portée par une lame de fond d'indignation, le mépris outrageant d'un despote hors sol qui incarcère les libertés. le peuple en colère investit la rue, s'exalte, la foi naïve, s'électrise aux sons de chants et de danses univoques. La sédition s'organise ainsi, spontanément, ce dictateur, on le déteste, qu'il dégage.

Égratigné dans son autorité, le pouvoir structure sa réplique. Il fomente une répression à la radicalité barbare exercée par une police politique versant dans le macabre.

Contester devient fatal. À vrai dire le moindre petit dérapage devient fatal. le livre documente cette plongée en enfer. Des vies peuplées d'angoisses, de paranoïas infinies s'entremêlant dans des routines devenues irrespirables. Et le narrateur risque 100 fois, 1000 fois sa vie, mouillé jusqu'au cou.
Dévisager, c'est se condamner. Contrôler ses émotions, ses mots, ne pas ciller, exclure le rire, ne pas contester, jamais. Se méfier. Dissimuler. Dissimuler. Encore et toujours. La survie ou le trépas.

On ne peut se sentir dessaisi d'un tel récit. L'écriture est habile, l'autrice parvient à s'écarter du pathos avec brio, la plume se teinte d'une hauteur digne avec ce quelque chose qui rend la lecture endurable. La dépression profonde creusée par ces vies de suppliciés m'a dûment retournée, ne manquant de me souligner la commodité de ma vie. Ne jamais cesser de s'instruire, s'informer, de rendre visible l'indicible. À lire.

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Ce livre est édifiant et d'une force incroyable.

Le narrateur de cette histoire, vraie, est photographe militaire dans un pays que l'on devine la Syrie. Son faux nom est maintenant César. Car il a fui et se cache. Car il vient d'un pays qui a basculé dans la terreur, où chacun est surveillé ou soupçonné de penser contre le Président, alors Arrêté, torturé.
Il était chargé de prendre les clichés des corps qui arrivent à l'hôpital. Corps de plus en plus nombreux et abîmés.
Il a pris le risque de dérober ces clichés et les exfiltrer pour témoigner de la barbarie de ce régime.
Au prix d'une peur insupportable. Celle de tout perdre. Les siens. La vie.

Quel témoignage de la folie des hommes....cette folie de pouvoir qui s'abreuve de souffrance et de cruauté . Pourquoi....
Témoignage essentiel également du courage de la résistance civile syrienne.

L'écriture est factuelle, puissante et remarquable.

Un grand grand livre.
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Aujourd'hui nouvelle chronique sur un livre poignant avec &#xNaN Caméra Obscura par Gwenaëlle Lenoir chez Julliard

Quand face à l'insoutenable de son pays, un photographe légiste décide de se dresser contre cette barbarie !

Depuis peu les corps torturés arrive par camion, photographe militaire au service funéraire d'un hôpital, César est chargé de prendre des clichés réglementaires. Mais plus rien n'est comme avant, lui qui ne sort jamais des cases, qui ne remet jamais en cause le système de son pays. Se sent tourmenter par tant de questions, mais ne pas faire ou penser comme avant n'est pas prudent. Ou le doute s'immisce. Pourtant, César bravera les règles munies de ces petites cartes mémoire recelant les atrocités faites par son pays avec lequel il osera enfin tourner le dos à ce régime massacrant son peuple.

Une lecture pour laquelle il m'est difficile de trouver les mots juste. Un roman percutant, poignant de vérité, parfois si difficile à lire.

Un roman D'autant plus touchant, inspiré de la véritable histoire du photographe Syrien César illustrant
Par ses photographies les massacres perpétue en Syrie.
Gwenaëlle Lenoir donne le courage et la force, une écriture intime, des questionnements, de conscience, un roman vibrant de vérité.

On voit l'acheminement de cet homme formater, son éducation qui n'a jamais remis en question l'ordre établi de son pays. Qui pas à pas va devenir résistant au péril de sa vie pour continuer à collecter le plus d'information et démontrer les atrocités, et revendiqué cette vérité.

Une lecture saisissante, qui réveille les consciences face aux immondices de l'homme. Une lecture de douleur, d'espoir, de vérité.








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Un photographe militaire découvre un matin à l'hôpital dans lequel il travaille quatre corps torturés. Puis, chaque matin, les corps martyrisés sont de plus en plus nombreux.
Le photographe stocke alors une copie des photos sur son ordinateur personnel et les transmet à un groupe de résistants.
Un beau roman sur les rouages d'un héroïsme discret.
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Son résumé me tentait beaucoup, j'ai eu la chance de le recevoir dans le cadre de la masse critique de janvier. Merci babelio !


Rien que le premier paragraphe donne le ton :

« Ce livre est un roman dont le personnage principal est réel. Ce photographe existe et vit caché quelque part en Europe. […]

Les atrocités décrites sont avérées, les faits sont documentés, mais sa voix est la mienne. »


On suit dans ce roman César, un photographe militaire au Proche-Orient, qui nous raconte la descente aux enfers de son pays.

Toute sa vie César a appris à se faire discret, à ne surtout pas attirer l'attention. Mais les corps qu'il doit prendre en photo sont de plus en plus nombreux, leur défilé lui donne le vertige, il commence à comprendre que son pays est en train de céder à la barbarie.

Alors il commence à se poser des questions, à se rebeller à sa manière, à se dresser contre le régime en place. Il veut montrer au monde les atrocités dont sont victimes les siens, pour qu'enfin tout s'arrête. Mais il faut rester discret, toujours, car autrement « ce ne serait pas prudent »…



Tout dans ce roman instaure une ambiance de stress, d'angoisse: la couverture aux couleurs flash, cette phrase, « ce n'est pas prudent », qui revient tout au long du récit comme un leitmotiv, la narration à la première personne qui nous transmet si bien la peur de César…c'est glaçant.

Mais aussi tellement réussi. On se plonge complètement dans ce pays rempli de terreur, on est frappé par tout cette violence.

Il est dur ce roman, mais il est vrai. Il transpire à la fois la rage et la tristesse, le courage et la peur.

L'autrice ne cherche pas à cacher la vérité, bien au contraire, elle dénonce, elle expose.


Vous laisserez-vous tenter par ce roman sombre mais puissant ?
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