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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
“En plein désert, j'ai trouvé bien de l'eau, mais il s'agissait surtout de trouver du sens".(Albert Camus).

Le roman "Camera obscura" de Gwenaëlle Lenoir (Éditions Julliard, 2024) aborde un sujet important de l'actualité en Syrie : la guerre civile, plus particulièrement, et ses répercussions sur la population civile.

L'auteur s'inspire de l'histoire vraie de César, pseudonyme d'un ancien photographe légiste de la police militaire syrienne, qui a risqué sa vie pour documenter les crimes du régime de Bachar el-Assad (1).

Gwenaëlle Lenoir a une écriture précise et efficace qui permet de plonger le lecteur dans l'univers du roman. Elle utilise un style sobre et direct qui donne force au récit.

Les personnages du roman sont, par hypothèse crédibles ; l'on s'identifie facilement à leurs douleurs et à leur combat pour la liberté. Doit-on y saisir un message d'espoir, même dans les moments les plus sombres ?

En revanche, le rythme du roman est un peu lent, ce qui peut ennuyer parfois.

Contrairement aux propos indiqués sur la quatrième de couverture, les comportements et réactions du personnage narrateur, inspiré de "César", ne s'inscrivent pas toujours, du début à la fin du récit, dans une énergie féroce. Son opposition sincère, prend trop souvent la forme d' "actions passives" (oxymore volontaire). Mais dès lors que l'histoire est inspirée de la réalité, il est difficile de reprocher à Gwenaëlle Lenoir d'avoir négligé l'arc narratif du récit.

Quant à la fin du roman , celle-ci est un peu abrupte et laisse le lecteur sur sa faim.

Malgré tout "Camera obscura" est un roman important et poignant qui mérite d'être lu. Il nous donne à voir la réalité de la guerre en Syrie et nous incite à réfléchir sur les valeurs de liberté (2).

Bonne lecture.

Michel

(1) En 2020 et 2021 au "procès de Coblence (centre-ouest de l'Allemagne) le célèbre dossier "César" a été présenté comme élément de preuve devant un tribunal, pour la première fois. Un expert médico-légal a témoigné dans le procès Al-Khatib, qui a analysé les cadavres photographiés sur plus de 50 000 clichés. Sa conclusion : la torture et les meurtres étaient systématiques dans tous les centres de détention des services de renseignement.

Ce premier procès contre des membres du régime syrien accusés de crimes contre l'humanité s'est achevé le 13 janvier 2022 par une décision de culpabilité et d'une condamnations à la détention criminelle du principal accusé.

Au-delà du cas de celui-ci, c'est le système Assad pratiquant la torture systématique contre ses opposants qui figure sur le banc des accusés.

(Source France Diplomatie).

(2) "Les âmes perdues" est, également un excellent film documentaire franco-allemand réalisé par Garence le Caisne et Stéphane Malterre, sorti en 2023.

Il relate le long combat judiciaire que mènent des proches de victimes syriennes, disparues forcées ou mortes sous la tortures, pour que le régime Bachar el-Assad réponde de ses crimes devant la justice.





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Au départ, ce ne sont que 4 corps de plus : des corps d'hommes morts par accident dont un qui est tombé du 6ème étage, un autre mort après blessures à l'arme blanche et objet contendant. Enfin, ça, c'est ce qu'on a dit à ce photographe qui travaille dans cet hôpital militaire. Il prend en photo les morts pour l'État, pour garder une « trace ». Rapidement, il se pose des questions, mais dans le pays où il vit, il ne faut pas se poser de question. C'est dangereux.

Ce matin-là, en prenant ces photos, il sent bien que ces corps ont quelque chose de particulier : son assistant semble tendu, son supérieur le suit de très près et l'accompagne même à la morgue pour le surveiller.

Ce corps, celui qui est mort du 6ème étage va être celui qui va hanter ce photographe et dont il va se souvenir longtemps.

Rapidement, les corps vont se succéder, se multiplier, à tel point que la précaution de ranger ces corps dans des « tiroirs » jusqu'au 4 premiers corps ne va plus être observée : rapidement, les corps vont être alignés par terre, tête-bêche. Et l'horreur s'accumule.

En tant que lectrice, en lisant la 4ème de couverture, j'ai eu une curiosité mal placée. L'autrice nous « préserve » en ne nous détaillant pas ce que voit le photographe. Malgré tout, les seuls éléments qui nous sont donnés sont absolument atroces. le lecteur est un peu laissé à sa propre imagination en essayant de combler ce que l'on ne voit pas. Personnellement, je n'ai pas eu envie d'en savoir plus parce que c'était déjà assez horrible comme ça. D'ailleurs, au fur et à mesure de la lecture, on a des descriptions rapides mais de plus en plus glauques. le livre est court mais il faut s'accrocher pour continuer. J'ai entrecoupé ma lecture en plusieurs fois d'ailleurs.

L'autrice ne nous dit pas dans quel pays nous sommes mais on se fait une petite idée quand même. La pression constante que vit notre photographe est angoissante. On est comme dans un huis-clos, où le photographe s'interdit de réagir face à l'horreur, de donner ne serait-ce qu'un début d'opinion, se pose des questions sur son entourage jusqu'à son concierge qui commence à le regarder bizarrement. le narrateur devient comme paranoïaque : que penser des regards suspicieux, des non-dits, les manifestations envers le pouvoir.

C'est le genre de roman que l'on n'oublie pas. L'angoisse du narrateur est contagieuse en tournant les pages. Comme je l'indiquais plus haut, la lecture est longue, voire très longue, en découvrant cet univers angoissant et atroce. A découvrir mais en étant averti.

Je remercie les éditions Julliard et Netgalley pour cette lecture.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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