Je crois à la justice, mais je défendrai ma mère avant la justice.
Je ne puis vivre personnellement sans mon art, mais je n'ai jamais placé cet art au-dessus de tout, s'il m'est nécessaire au contraire, c'est qu'il ne se sépare de personne et me permet de vivre, tel que je suis, au niveau de tous, l'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire.
Le rôle de l'écrivain, du même coup, ne se sépare pas de devoirs difficiles, par définition, il ne peut se mettre aujourd'hui au service de ceux qui font l'histoire : il est au service de ceux qui la subissent, ou, sinon, le voici seul et privé de son art.
(extrait de son discours à Stockholm)
La vérité est mystérieuse, fuyante, toujours à conquérir.
La liberté est dangereuse, dure à vivre autant qu'exaltante.
Nous devons marcher vers ces deux buts, péniblement, mais résolument, certains d'avance de nos défaillances sur un si long chemin.
Je n'ai jamais pu renoncer à la lumière, au bonheur d'être, à la vie libre où j'ai grandi. Mais bien que cette nostalgie explique beaucoup de mes erreurs et de mes fautes, elle m'a aidé sans doute à mieux comprendre mon métier, elle m'aide encore à me tenir, aveuglément, auprès de tous ces hommes silencieux qui ne supportent dans le monde la vie qui leur est faite que par le souvenir ou le retour de brefs et libres bonheurs.
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Alors je suis descendu à Lourmarin et j'ai déposé des fleurs sur sa tombe...
... et nous avons échangé des mots de silence sur la justice et sur nos mères.
Tu y découvres Gide, Nietzsche et, surtout, un livre d'André de Richaud : "La Douleur" qui t'ouvre les portes de l'écriture à venir.
Mes silences têtus, ces souffrances vagues et souveraines, le monde singulier qui m'entoure, la noblesse des miens, leur misère, mes secrets enfin, tout cela peut donc se dire !
Il sait lire, écrire, compter... C'est suffisant pour devenir un bon ouvrier.
J'ai commencé la guerre en pacifiste et je l'ai finie en résistant.
Il est méprisable de dire que le peuple kabyle s'adapte à la misère. Il est méprisable de dire que ce peuple n'a pas les mêmes besoins que nous... Il est curieux de voir comment les qualités d'un peuple peuvent servir à justifier l'abaissement où on le tient et comment la frugalité proverbiale du paysan kabyle est appelée à justifier la faim qui le ronge.
Et nous avons échangé des mots de silence sur la justice et sur nos mères.