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Critique de Mermere


Je remercie les éditions Oskar et Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d'une masse critique. C'est toujours un vrai bonheur de recevoir un livre, gratuitement, dans sa boîte aux lettres en échange d'une critique. Dire qu'il y a des gens dont c'est le métier...

Le roman Hoax décrit l'émergence et la propagation d'une rumeur en milieu scolaire. On va suivre toute la vie de cette rumeur et les conséquences de celle-ci sur la/les personnes impliquées, en l'occurrence ici une professeur de français et sa famille. Tout part d'une élève qui a été vexée par la punition infligée par sa prof et qui va insinuer une relation entre cette prof et une nouvelle élève arrivée en cours d'année. Les réseaux sociaux se chargeront du reste.

Le livre est une critique de ce phénomène vieux comme le monde mais devenu viral avec l'avènement des réseaux sociaux. L'auteur n'est pas du tout dans la moralisation ou dans la critique affichée. Il se contente de nous conter cette histoire, sans jugement et sans pathos. C'est assez froid, presque clinique. Tout se met en place comme un engrenage et l'auteur se charge seulement de nous rapporter le mécanisme terrifiant. En cela j'ai apprécié le livre car il ne tombe nullement dans la culpabilisation ou dans le sentimentalisme exacerbé.

L'écriture de Christophe Léon est très agréable, à la fois simple et enlevée. On y retrouve des expressions, un style plutôt "jeune" pour nous immerger dans le milieu lycéen mais aussi des tournures et du vocabulaire plus soutenus.

L'histoire est prenante, on sent les choses dégénérer, on voit cette mère de famille aimée et respectée perdre pied petit à petit, au fil des chapitres et l'ensemble est très bien mené. La fin est bien amenée aussi puisqu'on revit la scène du début du roman mais selon le point de vue de la prof de français. La boucle est bouclée et l'on comprend comment la rumeur va s'étouffer comme un feu qui manquerait de combustible.

La présentation des faits par des personnes extérieures à l'action est aussi un plus dans cette histoire. Par exemple, à la gare, l'auteur nous décrit brièvement la vie d'un personnage externe pour nous présenter l'action à travers ses yeux (la guichetière et le clochard). J'ai été un peu dérouté au début parce que je me demandais pourquoi on venait "casser" l'action avec l'arrivée impromptue d'un personnage dont on a rien à faire mais finalement j'ai trouvé ce procédé d'écriture intéressant.

J'ai beaucoup aimé la couverture. Elle représente très bien le concept de la rumeur, le couteau planté dans le dos, les gens qu'on croyait proches et qui nous tournent le dos. Je pense que c'est une belle réussite.

J'ai moins aimé dans cette histoire le personnage de Sandrine, la fille de la prof de français. Elle est absolument imbuvable, une vraie peste et la relation avec sa mère me semble parfois exagérée dans la méchanceté. J'espère que mes filles ne me parleront jamais comme ça quand elles seront ados ! Ce personnage est vraiment insupportable et on plaint d'autant plus cette pauvre Caroline, la maman, d'avoir à supporter en plus de la rumeur, cette fille qui n'a aucun respect pour elle.
J'ai aussi moins aimé le questionnement de la prof de français, Caroline. J'aurais préféré que la rumeur soit infondée, je pense que cela aurait eu plus d'impact et plus de force pour montrer combien une rumeur peut vraiment détruire une vie innocente. D'après moi, le fait que Caroline se demande si elle tombe amoureuse de Kekili est gênant car cela revient à dire que la rumeur est fondée, et donc, quelque part, ce n'est plus une rumeur. Et du coup j'ai trouvé dommage ce point car il nous éloigne de l'idée de base. A la fin du roman je me suis presque surpris à penser que Caroline l'avait presque mérité (attention je ne cautionne pas du tout la rumeur et tout ça mais ça m'a dérangé que cette prof ne soit pas plus claire avec l'élève en question). du coup j'ai manqué d'empathie sur la fin et j'ai même trouvé les réactions de la prof incohérentes et trop confuses. Ca a mis une grande distance entre ce personnage et moi alors que les faits auraient dû nous la rendre sympathique et attachante. Peut-être l'effet recherché était-il de nous montrer qu'une rumeur peut amener la confusion dans la tête des gens incriminés et les pousser à croire que ce qui est dit est vrai ? Mais pour moi les dernières pages, notamment à la gare, montrent que ce personnage n'est pas clair dans sa tête et du coup j'ai été moins touché par tout ce qui lui arrive.

En résumé ce livre est assez intéressant et j'ai passé un bon moment de lecture en découvrant cette histoire. Je pense qu'il est intéressant pour les ados afin de leur montrer les dégâts que peuvent causer les rumeurs sans les moraliser non plus. En cela le livre est très réussi. En revanche le fait que la rumeur ne soit pas si fausse me gêne beaucoup et nuit finalement au but recherché par l'auteur. C'est dommage car sinon il aurait mérité une bien meilleure note selon moi.
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