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Citations sur Une enquête du commissaire Brunetti : Brunetti et le ma.. (42)

Trop oppressé par la chaleur pour seulement ouvrir un des dossiers qui traînaient sur son bureau, Brunetti poursuivit sa rêverie : comment convaincre les Roumains d'arrêter de faire les poches des touristes, les Gitans d'envoyer leurs gosses cambrioler les maisons ? Et ce n'était qu'à Venise. Sur le continent, les requêtes auraient été autrement sérieuses : comment demander aux Moldaves d'arrêter de vendre des mômes de treize ans et aux Albanais de renoncer à vendre de la drogue ? Il considéra même un instant la possibilité de convaincre les Italiens - des hommes comme Vianello et lui - de renoncer à rechercher des prostituées mineures et de la drogue bon marché. p.23
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Tout le monde avait commencé à préparer ses affaires pour les vacances. Paola avait édifié, sur leur commode, une pile de livres dont la composition changeait chaque jour en fonction des ouvrages qu’elle comptait inscrire à son cours de littérature anglaise de la rentrée suivante. Guido en étudiait les titres tous les soirs et devint donc le témoin amusé de la lutte qui se déroulait : La foire aux vanités laissa la place à De grandes espérances, substitution que Guido attribua au poids des livres ; Mr Ashenden, Agent secret, tint bon trois jours mais finit par être remplacé par Au cœur des ténèbres, bien que la différence de poids parût minimale aux yeux de Guido. Barchester Towers prit le pas sur Middlemarch, suggérant que la règle du poids était de nouveau en vigueur, Orgueil et Préjugés, en pole position depuis le premier soir, fit la course en tête jusqu’au bout.
Trois soirs avant le jour prévu pour leur départ, sa curiosité l’emporta.« Comment se fait-il que tous les gros livres ont disparu, mais que le plus gros de tous, ce pavé de Vikram Seth, A suitable Boy, soit resté ?
- Oh, celui-ci ce n’est pas pour mon cours, répondit Paola comme si la question la surprenait. Cela fait des années que j’ai envie de le relire. C’est ma petite récompense.
- Et de quoi merites-tu d’être récompensée ?
- Tu demandes ça à quelqu’un qui enseigne à Cà Foscary ? Au département de littérature anglaise ? répliqua-t-elle, prenant un ton faussement outragé.
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Le temps d’arriver à son bureau, le lendemain, Brunetti s’était fait à l’idée qu’il n’aurait pas son propre ordinateur de sitôt ; il eut beaucoup plus de mal à se résigner à la température qui régnait dans son antre. Ils avaient discuté en famille, la veille, de leurs prochaines vacances, et il s’était excusé d’avoir été obligé d’attendre aussi longtemps pour décider d’une destination, ne sachant pas quand il serait libre du fait de ses obligations professionnelles. Il avait rapidement écarté toute idée de se rendre au bord de la mer : pas en août, pas avec des millions de gens sur les plages, sur les routes et dans les restaurants. « Pas question d’aller dans les Pouilles, où il fait 40° à l’ombre et où l’huile d’olive est coupée avec je-ne-sais-quoi », avait-il fermement déclaré à un moment donné.
En y repensant, il se disait qu’il s’était peut-être montré un peu trop intransigeant. Il s’était senti encouragé dans la défense de ses désirs personnels par le fait que Paola se montrait assez indifférente quant à la destination choisie : elle n’avait que deux préoccupations, la sélection des livres qu’elle emporterait et trouver sur place un coin tranquille à l’ombre pour lire.
Certaines femmes tannaient leurs maris pour qu’ils les emmènent danser, voyager autour du monde ou se coucher au petit matin après avoir fait les imbéciles. Brunetti, lui, s’était arrangé pour épouser une femme qui préférait de beaucoup aller se coucher à vingt-deux heures en compagnie d’Henry James. Ou, quand elle était poussée par un trop-plein de passion qu’elle aurait eu honte de révéler à son mari, avec Henry James et son frère.
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Il ne se rappelait pas quand, pour la première fois, il s’était demandé si son père aimait sa mère, ou les aimait, lui et son frère. Il avait toujours supposé que c’était le cas, comme tous les enfants. Mais l’expression de ses émotions n’était rien moins qu’étrange : des journées de silence complet ; d’occasionnelles explosions de colère ; quelques rares moments d’affection et de bonheur quand son père leur disait à quel point il les aimait.
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Le mouvement de tête qu’eut Brunetti trahit autant l’approbation que le regret. Exact, ils n’y faisaient pas attention, ni à leur femme, ni à leurs enfants, ils n’en avaient que pour leurs collègues et leurs amis. Il avait souvent pensé à cette différence de… de sensibilité, non ? Peut-être était-ce simplement culturel. Il connaissait beaucoup d’hommes, encore aujourd’hui, pour qui manifester ses sentiments était un signe de faiblesse.
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Si Brunetti avait eu jadis l’occasion de lire de longs passages du Malleus Maleficarum, il ignorait tout des raisons pour lesquelles les vieilles femmes avaient été la cible favorite des inquisiteurs. Peut-être parce qu’il y a beaucoup d’hommes stupides et méchants et que les vieilles femmes sont faibles et sans défense.
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Zia Anita l’avait rejoint à Turin, où ils vécurent six ans. Puis ils étaient venus s’installer à leur compte à Mestre après la naissance de leur fils aîné. La famille s’était agrandie, la petite entreprise aussi : toutes deux avaient prospéré. Franco approchait des quatre-vingts ans quand il prit sa retraite et, à la surprise de ses enfants, qui avaient grandi sur la terre ferme, il était revenu habiter Venise. Quand on avait demandé à Anita pourquoi ses enfants ne les y avaient pas suivis, elle avait répondu : « C’est de l’essence qui coule dans leurs veines, pas de l’eau salée. »
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Brunetti s’apprêtait à céder à son envie de quitter son bureau lorsque l’inspecteur Vianello y fit son apparition. Le commissaire avait lu un premier rapport sur le trafic d’armes en Vénétie dans lequel il n’était pas une fois question de Venise ; un deuxième sur le transfert de deux jeunes recrues à la Squadra Mobile avant de s’apercevoir que son nom ne figurait pas parmi les personnes à qui il était destiné ; puis il en avait parcouru un troisième sur les nouvelles réglementations édictées par le ministère concernant les retraites anticipées. Survolé aurait été plus exact, vu le niveau d’attention qu’il avait consacré au document. Celui-ci était posé sur son bureau, tandis qu’il regardait par la fenêtre, espérant que quelqu’un vienne lui verser un seau d’eau froide sur la tête, ou qu’il se mette à pleuvoir, ou qu’il allait être miraculeusement arraché à la chaleur prisonnière des locaux et à l’insupportable mois d’août à Venise.
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Il hocha la tête. C’était exactement ça.
« Et c’est la raison pour laquelle je n’ai pas voulu aborder la question des impôts devant eux. S’ils doivent finir par avoir cette opinion du gouvernement, ils devront y arriver par eux-mêmes : ce n’est pas de nous qu’ils doivent l’apprendre.
- Même si ce gouvernement est répugnant, comme tu dis ?
- On trouve encore pire que celui-ci, répondit-elle pour atermoyer, après un instant de réflexion.
- Je ne peux pas dire que ce soit la défense de notre gouvernement la plus éloquente que j’aie jamais entendue.
- je n’essaie pas de le défendre, rétorqua-t-elle avec colère. Il est répugnant, mais pas d’une manière violente au moins. Si ça fait une différence. »
A son tour Guido réfléchit quelques instants avant de répondre. « Je suppose que oui. » Sur quoi il se leva, contourna la table pour se pencher sur elle et l’embrasser, et dit qu’il reviendrait à l’heure habituelle pour dîner.
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Brunetti avait toujours été très chatouilleux devant toute allusion à sa supposée radinerie et se défendit aussitôt. « Ce n’est pas pour payer moins. Tu le sais très bien.
- C’est exactement ce que je veux dire, Guido. Parce qu’au moins, cela aurait du sens ; tu ferais des économies. Mais c’est par principe que tu le fais, pas par avarice, pour qu’au moins ce gouvernement répugnant que nous avons ne puisse pas récupérer cette somme ridicule et en faire profiter ses amis ou la mettre dans ses poches. »
Il hocha la tête. C’était exactement ça.
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